LA FRANCE PITTORESQUE
Homo sum, et humani nihil
a me alienum puto
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Publié le jeudi 26 mai 2016, par Redaction
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Je suis homme, et rien de ce qui touche un homme ne m’est étranger (TÉRENCE, l’Homme qui se punit lui-même, acte I, scène 1)
 

La page suivante.de P. Leroux est comme l’historique de ce beau vers :
« Il faut descendre jusque vers le temps où parut Jésus pour trouver chez les anciens quelques accents d’humanité analogues à son Évangile. Hormis un vers de Térence, quelques mots de Cicéron, quelques phrases de Sénèque, l’Antiquité tout entière n’a rien d’où l’on puisse conclure, je ne dis pas la solidarité réciproque du genre humain et l’unité de l’espèce humaine, mais la fraternité des hommes, dans l’acception la plus vulgaire. La première fois que le sentiment de l’humanité collective s’exprima à Rome, ce fut un affranchi, un enfant de Carthage, enlevé à sa famille et nourri par les Romains comme esclave, qui le formula, et cette formule était si nouvelle qu’elle frappa d’étonnement tout le monde. « La première fois, dit saint Augustin, qu’on entendit prononcer à Rome ce beau vers de Térence : Homo sum, et humani nihil a me alienum puto, il s’éleva dans l’amphithéâtre un applaudissement universel ; il ne se trouva pas un seul homme dans une assemblée si nombreuse, composée de Romains et des envoyés de toutes les nations déjà soumises ou alliées à leur empire, qui ne parût sensible à ce cri de la nature. » Ce cri était nouveau en effet, et il est remarquable, je le répète, que ce soit un affranchi qui ait fait entendre aux Romains ce cri précurseur de l’Évangile. »

Le vers suivant de Mérope peut être rapproché de celui de Térence : C’est un infortuné que le ciel me présente ; il suffit qu’il soit homme et qu’il soit malheureux.

« Homo sum, et humani nihil a me alienum puto : cette belle maxime a été comme un éclair précurseur du christianisme car les anciens n’avaient jamais prononcé de parole aussi large et qui s’appliquât comme celle-là à l’humanité entière. » (BAUTAIN)

« L’idée de l’unité morale du genre humain, conçue par les philosophes grecs, avait passé chez les écrivains et les jurisconsultes latins, leurs disciples. Sénèque, Lucain, Pline, avaient célébré cette idée inaugurée par l’axiome fameux de Térence : Homo sum, nihil humani a me alienum puto. Les jurisconsultes l’appliquaient. » (Henri MARTIN, Histoire de France)

« Les Romains, qui n’avaient qu’un seul et même mot, hostis, pour dire étranger et ennemi, ces Romains, qui riaient au Cirque, pleuraient pourtant, dit-on, comme pouvaient pleurer de pareils hommes, en entendant au théâtre l’acteur s’écrier : Homo sum, et humani nihil a me alienum puto. » (Revue de Paris)

« La conscience antique frémit le jour où un acteur récita sur la scène romaine ces simples mots : Homo sum, humani nihil a me alienum puto. Il est temps, il est juste que les nations disent de même : Je suis peuple, rien de ce qui arrive aux autres peuples ne m’est étranger. » (A. ESQUIROS)

« C’est au genre humain qu’il eût fallu faire attention dans l’histoire ; c’est là que chaque écrivain eût dû dire : Homo sum, mais la plupart des historiens ont décrit des batailles. » (VOLTAIRE)

« Il y a entre les hommes une sympathie naturelle qui est le fond de tous les sentiments d’humanité : Homo sum, et humani nihil a me alienum puto. » (BAUTAIN, Philosophie morale)

« Vous vous êtes douté, mon cher confrère, que j’étais affligé des horreurs dont la nouvelle a pénétré dans ma retraite ; vous ne vous êtes pas trompé, je ne saurais m’accoutumer à voir des singes métamorphosés en tigres : Homo sum, cela suffit pour justifier ma douleur. » (VOLTAIRE, Lettre à M. de Chabanon)

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