LA FRANCE PITTORESQUE
9 janvier 1798 : révolution helvétique
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Publié le mardi 17 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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Il fallait des millions pour l’expédition d’Egypte ; et comme le Directoire ne savait où les prendre, Bonaparte lui indiqua les trésors de Berne, de Zurich, de Lucerfle, de Soleure, de Fribourg, trésors que deux cents ans de sagesse et d’économie avaient amassés ; l’invasion de la Suisse fut décidée. Il ne manquait plus qu’un prétexte ; on fomenta la révolte du pays de Vaud contre le gouvernement de Berne. Sans doute le pays de Vaud avait le droit de réclamer une existence indépendante ; mais il commit une imprudence coupable en invoquant le secours des étrangers pour l’obtenir.

Le Directoire ne se fit pas appeler deux fois ; cette guerre de protection apparente favorisait d’ailleurs toutes ses vues. Tant qu’avait duré la lutte contre l’Autriche, il s’était contenté de la neutralité des treize Cantons ; mais depuis le traité de Campo-Formio, depuis les révolutions de Venise et de Gènes, il jugeait le temps venu où la Suisse devait à son tour subir l’intervention de la France, et consacrer ses formes politiques en les adoptant elle-même.

Il y avait en Suisse un parti composé d’hommes graves et respectables qui penchaient pour l’unité de la république : c’est ce qui seconda le plan du Directoire ; car, ainsi que le remarque madame de Staël dans son dernier ouvrage, jamais le Directoire n’influa sur les affaires des nations étrangères, sans s’appuyer sur une portion quelconque des hommes du pays.

Les députés vaudois, rassemblés à Lausane, secouèrent donc le joug des sénats aristocratiques de Berne et de Fribourg, plantèrent l’arbre de la liberté, et donnèrent à leur association le nom de République lémanique.

Berne et Fribourg envoyèrent une armée contre Lausane, et le général Brune, à la tête de l’armée d’Italie et des milices lémaniques, s’avança moins pour défendre les Vaudois que pour s’emparer de Berne et de Fribourg. Dès la première bataille, les troupes suisses furent vaincues. Madame de Staël, qui se trouvait alors sur le théâtre de la guerre, rend un compte touchant du courage religieux et naïf de ces hommes que les petits cantons avaient envoyés à Berne pour leur contingent militaire. « Nous ne redoutons » pas, disaient-ils, les armées de la France ; nous sommes quatre cents, a et si cela ne suffit pas, nous sommes prêts à faire marcher encore » quatre cents de nos compagnons au secours de la patrie. Qui ne serait » touché, ajoute l’éloquent écrivain, de cette grande confiance en » de si faibles moyens ? Mais le temps des trois cents Spartiates » était passé ; le nombre pouvait tout, et le dévoûment individuel luttait en vain contre les ressources d’un grand Etat et les combinaisons de la tactique. » (voy. 5 Mars, 19 Aout 1798.)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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