LA FRANCE PITTORESQUE
Discite justitiam moniti et non temnere divos
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Publié le mardi 19 avril 2016, par Redaction
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Apprenez à connaître la justice et à ne pas mépriser les dieux (VIRGILE, Énéide, liv. VI, v. 620)
 

Phlégias, roi de Béotie, ayant pillé le temple de Delphes, fut précipité par Apollon dans les Enfers, et condamné à répéter sans cesse à haute voix cet avertissement : Discite justitiam..., etc.

Un moine du Moyen Age répandit la fable suivante : Le démon, interrogé par un saint personnage, et sommé de déclarer quel était la plus beau vers de Virgile, répondit sans hésiter : Discite justitiam moniti et non temnere divos.

Quelques critiques ont trouvé cette belle maxime déplacée dans le Tartare, les malheureux condamnés à des supplices éternels n’ayant plus besoin d’avertissements salutaires puisqu’ils ne peuvent plus en profiter. Scarron dit plaisamment, dans son Virgile travesti : « Cette sentence est bonne et belle ; Mais en enfer à quoi sert-elle ? »

On peut répondre, non au poète burlesque, mais à des critiques plus graves que Virgile écrivait pour les vivants et non pour les morts. Dans toutes les religions, le tableau des peines et des récompenses de l’autre vie est une leçon présentée aux hommes.

« Voilà près de quarante ans que Babeuf est mort, et son parti est vivant, parce qu’au fond des extravagances mêmes de Babeuf, il y a des vérités qu’aucun gouvernement n’a daigné reconnaître et qui ne mourront jamais. On ne tue pas une vérité comme un homme : Discite justitiam moniti. » (Charles NODIER)

« Les tapages de M. Verdi ont fatigué et usé les échos. De cet aveuglement étrange, l’Italie ne peut tarder à être punie par la surdité. Que la France se tienne pour avertie : Discite justitiam et non temnere divos. Apprenez à avoir l’oreille juste et à ne pas dédaigner les vrais dieux de la musique. » (Alphonse KARR)

« Ne voyez-vous donc pas que vos exécution publiques se font en tapinois ? Ne voyez-vous donc pas que vous vous cachez ? Que vous avez peur et honte de votre oeuvre ? Que vous balbutiez ridiculement votre discite justitiam moniti ? Qu’au fond, vous êtes ébranlés, interdits, inquiets, peu certains d’avoir raison, gagnés par le doute général, coupant des têtes par routine, sans trop savoir ce que vous faites ? » (Victor HUGO, Sur la peine de mort)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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