LA FRANCE PITTORESQUE
Deus ex machina
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Publié le mardi 19 avril 2016, par Redaction
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Intervention d’un Dieu descendu de la scène au moyen d’une machine
 

Dénouement plus heureux que vraisemblable d’une situation tragique. Dans les tragédies antiques, il arrivait fréquemment que la catastrophe se dénouait tout à coup, à la complète satisfaction des spectateurs, au moyen d’un dieu qu’une machine faisait subitement descendre du ciel sur le théâtre. Dans nos pièces modernes, le notaire qui apporte un héritage, l’oncle d’Amérique, revenant juste à temps pour tirer d’embarras son neveu ou sa nièce, voilà ce qui remplace le Deus ex machina.

« Dans le système du rationalisme, la vie que Dieu nous a donnée se déplace peu à peu comme le mouvement d’une horloge. Il est vrai que c’est une horloge qui a en elle-même le pouvoir de gouverner ses mouvements, de les déranger, de les ordonner à son gré. Mais il n’est pas besoin pour cela d’une assistance continuelle d’en haut, ce serait faire intervenir le Deus ex machina. Les grandes actions, les grandes vertus, les vertus héroïques, comme les vertus modestes et journalières, s’expliquent par la seule énergie de la volonté, par la force de la liberté. » (BAUTAIN)

« Les choses en sont vraiment venues à un tel point, que mon faible esprit n’y peut suffire, quoique j’aie réglé les affaires de cette ville pendant bien des années, et vous arrivez à mon secours comme... comme...? — Tanquam deus ex machina, comme dit le poète païen, reprit maître Holdenough. » (Walter SCOTT)

« Les Hébreux, courbés sous le joug des Pharaons, bâtissaient les pyramides : Moïse les fit sortir d’Égypte et leur donna un code. Les Lacédémoniens vivaient dans la discorde : Lycurgue leur impose des lois. Les Arabes étaient divisés au désert : Mahomet leur enseigne l’unité de Dieu. Voilà des exemples historiques qui font croire que le drame actuel de la société finira par quelque miracle semblable : Deus ex machina. (Pierre LEROUX, Discours aux politiques)

« On veut faire d’Espartero une espèce de Deus ex machina qu’une petite minorité se réserverait de produire sur la scène, quand elle croirait cette intervention utile à ses desseins. Le reste du temps, le duc de la Victoire vivrait dans la retraite, en contemplation de lui-même et de sa gloire. » (Revue de Paris)

« Dans la salle, tout crie, pleure ou s’enflamme aux mots : aigle française, soleil d’Austerlitz, Iéna, les pyramides, la grande armée, la vieille garde, Napoléon. L’enthousiasme est au comble, quand l’homme lui-même, l’HOMME arrive à la fin de la pièce comme le Deus ex machina. » (Henri HEINE)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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