LA FRANCE PITTORESQUE
Cierge pascal : origine,
bénédiction et signification
(D’après « Encyclopédie du XIXe siècle » (tome 7), paru en 1845)
Publié le samedi 26 mars 2016, par Redaction
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Apparu au début du Ve siècle, le cierge pascal est un cierge de grande taille, fait d’une cire très pure, décoré d’une croix rouge, béni et allumé au début de la célébration solennelle de la veillée pascale, la nuit de Pâques, durant laquelle les chrétiens célèbrent la résurrection de Jésus.
 

Plusieurs origines ont été assignées au cierge pascal. Selon le bénédictin Claude de Vert (1645-1708), du reste très versé dans les antiquités ecclésiastiques, le cierge pascal ne serait autre chose qu’un grand flambeau allumé, pendant la nuit du samedi saint au jour de Pâques, pour éclairer l’église pendant l’office de cette solennelle vigile (veillée).

On lit, en effet, dans la formule de bénédiction de ce cierge, qu’il est destiné à dissiper les ténèbres de la nuit (ad noctis hujus caliginem destruendam). Il faut bien aussi convenir que l’ensemble de cette formule de bénédiction représente le cierge pascal sous un aspect mystique, c’est-à-dire comme une image du fils de Dieu ressuscité. Si le cierge pascal n’est autre chose, littéralement, qu’un flambeau pour éclairer, on peut demander à Claude de Vert pourquoi il n’en a jamais existé pour la nuit de Noël : or l’office de cette vigile n’a pas cessé d’être célébré pendant la nuit, tandis qu’il n’en est pas de même pour la nuit pascale. Il faut donc recourir, avant tout, à la pensée mystique.

Le pape Zosime

Le pape Zosime

Le cierge pascal était très anciennement fait en forme de colonne d’une grandeur assez considérable : on le plaçait, comme aujourd’hui, au chœur le samedi saint, avant l’office ; on le bénissait avec solennité. Le pape Zosime (18 mars 417 - 26 décembre 418), au commencement du Ve siècle, est regardé comme l’instaurateur de ce cérémonial : néanmoins il existe une hymne du poète Prudence intitulée Ad incensum lucernæ, ce qui ferait croire que cette bénédiction est antérieure.

Le pape Benoît XIV (1740-1758), dans son Traité des fêtes, fait remonter plus haut qu’au pape Zosime la bénédiction du cierge pascal ; celle-ci est faite par le diacre, contre la discipline ordinaire de l’Église, qui attribue le pouvoir des bénédictions à l’évêque et au prêtre : il arrive, il est vrai, le plus ordinairement que c’est un prêtre qui bénit le cierge pascal, mais il est, en ce moment, censé n’être que diacre, puisqu’il est revêtu non de l’étole croisée sur la poitrine, ni de la chasuble, mais de l’étole transversale et de la dalmatique, ornements propres au diacre.

Pourquoi cette exception à la règle générale ? On en donne pour raison que, ce cierge figurant Jésus-Christ ressuscité qui se montra d’abord aux saintes femmes et aux disciples avant de se manifester aux apôtres, les diacres représentent, en ce moment, ces personnes privilégiées de la première apparition du fils de Dieu sorti du tombeau.

La formule de cette bénédiction porte le nom de præconium, annonce, proclamation, puisqu’on y préconise le mystère glorieux de l’apparition du divin Sauveur, vainqueur de la mort. Le Sacramentaire gallican, dit de Bobio, suppose que saint Augustin, étant simple diacre, chanta ce præconium, dont les paroles sont identiques avec celles dont il est maintenant composé. Depuis plusieurs siècles, on a néanmoins retranché de cette formule un long éloge de l’abeille dont la cire a servi à confectionner le cierge pascal.

La résurrection du Christ, par Dirk Bouts (vers 1415 - 1475)

La résurrection du Christ, par Dirk Bouts (vers 1415 - 1475)

Quand le cierge pascal a été béni, on le fixe, sur son candélabre, au milieu du chœur, et, selon quelques rites, du côté de l’Évangile. Il est allumé pendant tous les offices, à dater de ce jour jusqu’à la fête de l’Ascension. En cette dernière, on l’éteint après l’Évangile, où il est dit que Jésus-Christ s’éleva dans les cieux. Le cierge pascal symbolise donc le Sauveur du monde conversant avec ses disciples pendant les quarante jours qui s’écoulèrent entre sa résurrection et son ascension.

Anciennement on attachait à ce cierge des tablettes sur lesquelles on inscrivait, surtout dans les grandes églises, les noms des membres du clergé. Le premier dignitaire y avait son nom inscrit en tête, le deuxième venait ensuite ; de là les titres de primicier, chefcier, secondicier, primus in cera, in capite ceræ, secundus in cera. On y inscrivait encore l’année courante de l’incarnation du verbe, les fêtes de l’année, les dates des principaux événements, comme l’installation d’un évêque, l’année du règne du souverain, etc.

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