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Saperlipopette et sapristi
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Publié le vendredi 11 juin 2021, par Redaction
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Pour concilier autant que possible le respect du deuxième commandement — Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi — avec le besoin qu’on éprouve parfois de jeter dans son discours quelque terme énergique, on a fait d’abord sacristi, que le philologue Éman Martin (1821-1882) soupçonne fortement d’être pour sacré Christ ce que sacrebleu est pour sacré Dieu, c’est-à-dire un euphémisme.

Mais sacristi ne dissimulait pas assez son origine ; on y changea le c en p, ce qui donna sapristi, un mot pouvant être prononcé par toutes les bouches : « Donc, plus de nouvelles de la fusion !... Où en est la fusion ? Voyons, sapristi, ne nous tenez pas le bec dans l’eau comme ça... » (L’Avenir national du 1er septembre 1873)

Un scrupule plus grand encore nous valut saprelotte ou saperlotte, espèce de diminutif de sapristi : « Vous ici, mais saperlotte, cher ami, que venez-vous donc faire dans ce quartier ? » (L’Événement du 15 septembre 1873).

Les canotiers de la Seine

Enfin saperlotte a été transformé en saperlipopette, que l’on peut considérer en quelque sorte comme la dernière dilution du juron sacristi.

L’usage de saperlipopette remonte au moins à 1861, puisqu’on le trouve dans l’opérette Apothicaire et perruquier, d’Élie Frébault, musique de Jacques Offenbach, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre des Bouffes-Parisiens, le 17 octobre 1861.

Le mot saperlipopète, dans Les canotiers de la Seine

Le mot saperlipopète, dans Les canotiers de la Seine

On le trouve également, mais orthographié saperlipopète, dans une tirade de la scène XI du vaudeville Les canotiers de la Seine, par Henri Thiéry et Adolphe Dupeuty, représenté pour la première fois sur le théâtre des Folies-Dramatiques le 12 juin 1858.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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