LA FRANCE PITTORESQUE
Légende provençale de l’eau,
du feu, du vent et de l’honneur
(D’après « L’Almanach de France et du Musée des familles », paru en 1886)
Publié le samedi 14 novembre 2015, par Redaction
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Dans la Provence du XIXe siècle il se trouvait des anciens pour narrer une naïve légende aux petits, ceux-ci les écoutant bouche béante, les yeux grands ouverts, éprouvant au fond de leur cœur d’enfant une crainte vague devant l’honneur perdu
 

L’Eau, le Feu, le Vent et l’Honneur, racontaient les vieux Provençaux, voyageaient de compagnie. C’étaient quatre bons amis, marchant gaiement, comptant peu, ne se chagrinant point et s’amusant beaucoup. Un jour, il fallut pourtant se séparer. Mais la séparation les attristait tous.

Chacun s’en allait donc de son côté, ne sachant s’il reverrait jamais ses autres compagnons, quand le Vent les arrêtant leur dit : « Or çà, mes amis, nous ne pouvons nous séparer ainsi. Donnons-nous rendez-vous, afin que nous refassions ensemble, aussi joyeusement que nous venons de le faire, le tour du monde. Nous retrouver n’est pas si difficile. Pour moi, ajouta-t-il, la chose est des plus simples. Sitôt que vous verrez seulement frissonner les dernières branches des longs peupliers, vous pourrez sans crainte vous dire : Le Vent n’est pas loin. »

« Si ce n’est que cela, interrompit l’Eau, rien n’est plus facile. Dès que vous apercevrez dans la plaine une petite touffe verte de joncs, arrachez-la, je serai dessous ! » « Un peu de fumée bleue s’envolant légère dans le ciel, fit à son tour le Feu, vous annoncera ma venue ! »

L’Honneur ne disait rien. Tout triste, il restait là, considérant ses compagnons. « Et toi, l’Honneur, tu ne nous dis rien ? demandèrent-ils. Apprends-nous donc comment nous pourrons te retrouver. » « Moi ! répondit-il, en secouant la tête. Hélas ! mes pauvres amis, nous nous séparons pour toujours. Qui m’a une fois quitté ne me retrouve jamais plus ! »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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