LA FRANCE PITTORESQUE
4 octobre 1904 : mort du sculpteur
Frédéric Auguste Bartholdi,
auteur de la Statue de la Liberté
(D’après « Revue universelle : recueil documentaire
universel et illustré », paru en 1904)
Publié le mercredi 4 octobre 2023, par Redaction
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Après avoir tout d’abord étudié l’architecture, pour complaire à sa famille, qui craignait pour lui l’incertain d’une carrière purement artistique, Bartholdi, né à Colmar le 2 août 1834, entra dans l’atelier d’Ary Scheffer pour y apprendre la peinture. Il reconnut bientôt que là n’était pas sa véritable voie et alla demander au sculpteur Soitoux de l’accepter parmi ses élèves. Tout de suite il montra qu’il devait devenir un des meilleurs disciples de celui-ci.

Frédéric Auguste Bartholdi

Frédéric Auguste Bartholdi

Le jeune artiste exposait au Salon en 1853 — il avait à peine dix-neuf ans — un Bon Samaritain qui fut fort remarqué. Les œuvres qu’il signa, les années suivantes, témoignaient déjà, par leurs proportions importantes, de la conception toute particulière que devait avoir de la sculpture Bartholdi, qui, comme on l’a dit, « voyait grand ».

En 1861, la cour de l’ancien couvent des Unterlinden, à Colmar, transformée en musée au commencement du XIXe siècle, s’orna d’une fontaine que surmonte la statue du peintre et graveur Martin Schoengauer, dont l’architecture et la sculpture sont l’œuvre de Bartholdi.

Ce fut vers la même époque que Bartholdi prit part au concours ouvert par la ville de Marseille pour son palais de Longchamp. Espérandieu fut chargé de la commande ; mais l’édifice qu’il a réalisé, et dont la conception, avec sa colonnade semi-circulaire, est si heureuse, n’est pas de lui. Bartholdi en avait eu seul la pensée. Un procès, intenté par le statuaire à la ville de Marseille et qui dura fort longtemps, se termina en 1893 ou 1894 par un arrêt du conseil d’État consacrant les justes revendications de Bartholdi et décidant que le nom de cet artiste figurerait sur le monument à côté de celui d’Espérandieu.

Avant la guerre franco-allemande, pendant laquelle Bartholdi fit partie de l’état-major de Garibaldi, il avait successivement exposé, entre autres œuvres, un buste de Laboulaye, un groupe : Les Loisirs de la paix, un Jeune Vigneron alsacien, une statue équestre de Vercingétorix. L’artiste exécuta, après la guerre, en 1872, un groupe en bronze et en marbre, la Malédiction de l’Alsace. L’impression profonde qu’avaient produite sur l’Alsacien qu’était Bartholdi les revers de la France lui inspira une œuvre à laquelle son nom demeurera éternellement attaché, ce Lion de Belfort, taillé en plein granit, à l’endroit même où la vaillante place de guerre s’illustra par sa résistance désespérée contre l’envahisseur.

Statue de la Liberté (1886), à New York

Statue de la Liberté (1886), à New York

Le monument qui, avec le Lion de Belfort, reste l’œuvre maîtresse de Bartholdi, est La Liberté éclairant le monde dite Statue de la Liberté, érigée à l’entrée du port de New York. Il en avait conçu l’idée au cours d’un voyage en Amérique accompli peu après la guerre de 1870, et, quand la réduction de cette statue, qui devait atteindre des dimensions colossales — 33 mètres de hauteur — eut été exposée, en 1878, tout le monde approuva la décision du gouvernement français qui devait l’offrir aux États-Unis.

Le sculpteur légua au musée de Colmar, sa ville natale, une réduction de cette Liberté, qu’il considérait comme son chef-d’œuvre. La dernière œuvre de Bartholdi fut le monument érigé, par souscription, au Père-Lachaise, à la mémoire du sergent Hoff. Il avait tenu à signer cette image, une figure de petite Alsacienne inscrivant un mot d’espérance sur le socle où se trouve, le chassepot à la main, la figure du héros. Le soldat de l’armée des Vosges avait voulu payer sa dette au soldat de l’armée de Paris.

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