LA FRANCE PITTORESQUE
Ébénisterie. Le meilleur ouvrier
de France est Manceau
(Source : Ouest France)
Publié le vendredi 19 juin 2015, par Redaction
Imprimer cet article
Fabrice Papin est Meilleur ouvrier de France en restauration de mobilier. Un sacre et une belle revanche sur les filières traditionnelles. Rencontre avec cet amoureux du bois, de l’histoire et de la chimie.
 

« Je ne suis pas arrivé dans ce métier par appétence. Mon père ne m’a pas donné le choix. » Dans l’atelier de Fabrice Papin, à Pontlieue (Sarthe), flotte le parfum d’un rustique mélange de bois, de colle et de solvants. Il y règne aussi un foisonnant désordre organisé. Ciseaux à bois, râpes, commode Louis XV mise à nu, chaises à restaurer... Au mur, des centaines de très beaux outils marqués par le temps, l’usage.

Dans son tablier de cuir, l’ébéniste manceau est dans son élément. Il se fend d’un léger sourire. La filière bois, imposée par son père, permettra finalement à ce gamin qui n’était pas scolaire, de se sculpter un solide bagage. CAP de menuisier, CAP d’ébéniste, brevet des métiers d’art (niveau bac technique) et jeune patron à son compte à 23 ans ! « Les études n’étaient plus un frein. En fait, j’ai pris de l’école ce qu’elle pouvait m’apporter. »

Dans son atelier, Fabrice Papin restaure une commode Louis XV

Dans son atelier, Fabrice Papin restaure une commode Louis XV

Il y a quelques jours, Fabrice Papin s’est rendu dans la prestigieuse université parisienne de la Sorbonne, pour recevoir sa médaille de Meilleur ouvrier de France en restauration de mobilier. « Mon Everest à moi, avoue le grimpeur. Pas une finalité en soi, ce concours, mais une reconnaissance de mes pairs qui assoit la formation que je dispense à l’école Boulle à Paris, chaque semaine. » Une référence de l’art appliqué en France. Un rêve de gosse. Dans quelques semaines, l’artisan sarthois franchira même les portes de l’Élysée, où on lui remettra son diplôme.

Deux buffets pour l’armée
Les grandes aventures sont toujours faites de rencontres. Le parcours professionnel de Fabrice Papin n’y échappe pas. Quand il sort de la base aérienne de Dugny, au Bourget, il termine son service militaire avec les cheveux plus longs que quand il est rentré. « Mon supérieur a accepté de me donner six mois pour restaurer deux buffets en chêne avec les armoiries de la marine et de l’aéronavale. À ma sortie, il m’a commandé, pour lui, un buffet et vaisselier. » Son activité professionnelle était amorcée.

Fabrice Papin va ensuite devoir montrer de quel bois il est fait. Entre les commandes des clients qu’il doit satisfaire, ses recherches en histoire, ses cours de physique-chimie pour parfaire ses techniques de restauration, d’autres grandes maisons font appel à lui. Le Mobilier national qui gère et restaure le mobilier des institutions françaises. Ou encore les Ateliers de restauration du château de Versailles.

Après son raté en 2004, Fabrice Papin décide, il y a un an, de s’inscrire au concours de Meilleur ouvrier de France. Il ira cette fois jusqu’au bout. Proposant la rénovation d’un secrétaire en ronce d’acajou du XIXe. Les étapes de sélection, le patron les passe avec succès. Description de travaux avant, après ; détails techniques illustrés de photos, puis restauration du meuble. L’oral décrivant le diagnostic et la rénovation théorique d’une console du XIXe du Petit Trianon de Versailles finira de persuader le jury du talent de cet amoureux du bois.

Véronique Germond
Ouest France

Accédez à l’article source

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE