LA FRANCE PITTORESQUE
Retour de l’île d’Elbe : Napoléon
galvanise ses troupes le 1er mars 1815
de son « aigle volant de clocher en clocher »
(D’après « Fleurs historiques des dames et des gens du monde », paru en 1862)
Publié le jeudi 23 avril 2015, par Redaction
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Lorsque le 1er mars 1815, à trois heures de l’après-midi, Napoléon mouilla dans le golfe Juan et effectua son débarquement, aux cris répétés de Vive l’Empereur ! poussés par ses soldats, trois jours après avoir quitté l’île d’Elbe le 26 février, un de ses premiers soins fut d’envoyer à Grasse, pour livrer à l’impression deux proclamations, dont l’une était adressée au peuple et l’autre à l’armée
 

Napoléon avait ramené avec lui en France sa petite armée, composée de onze cents hommes qu’il avait embarqués sur sept bâtiments. Nul mieux que lui n’a su le secret de parler au cœur et à l’imagination des soldats, et il y a peu de ses proclamations où la puissante originalité de son génie et la vivacité de son esprit ne se soient révélées par un mot, par une phrase devenue proverbiale.

« Soldats ! disait Napoléon dans sa proclamation à l’armée, nous n’avons pas été vaincus : deux hommes [Marmont et Auguereau] sortis de nos rangs ont trahi nos lauriers, leur pays, leur prince, leur bienfaiteur.

« Ceux que nous avons vus pendant vingt-cinq ans parcourir toute l’Europe pour nous susciter des ennemis, qui ont passé leur vie à combattre contre nous dans les rangs des armées étrangères, en maudissant notre belle France, prétendraient-ils commander et enchaîner nos aigles, eux qui n’ont jamais pu en soutenir les regards ? Souffrirons-nous qu’ils héritent du fruit de nos travaux, qu’ils s’emparent de nos honneurs, de nos biens, qu’ils calomnient notre gloire ? Si leur règne durait, tout serait perdu, même le souvenir de nos plus mémorables journées.

Napoléon quittant l'île d'Elbe le 26 février 1815

Napoléon quittant l’île d’Elbe le 26 février 1815

« Votre général, appelé au trône par le choix du peuple, et élevé sur vos pavois, vous est rendu : venez le joindre. Arrachez ces couleurs que la nation a proscrites, et qui pendant vingt-cinq ans servirent de ralliement à tous les ennemis de la France. Arborez cette cocarde tricolore que vous portiez dans nos grandes journées. Nous devons oublier que nous avons été les maîtres des nations ; mais nous ne devons pas souffrir qu’aucune se mêle de nos affaires.

« Qui prétendrait être maître chez nous ? Qui en aurait le pouvoir ? Reprenez ces aigles que vous aviez à Ulm, à Austerlitz, à Iéna, à Eylau, à Wagram, à Friedland, à Tudela, à Eckmühl, à Essling, à Smolensk, à la Moskowa, à Lutzen, à Wurtchen, à Montmirail... Venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef. Son existence ne se compose que de la vôtre ; ses droits ne sont que ceux du peuple et les vôtres ; son intérêt, son honneur, sa gloire ne sont autres que votre intérêt, votre honneur, votre gloire.

« La victoire marchera au pas de charge ; l’aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame. Alors vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices ; alors vous pourrez vous vanter de ce que vous avez fait : vous serez les libérateurs de la patrie. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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