LA FRANCE PITTORESQUE
Prendre la mouche
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Publié le vendredi 24 janvier 2020, par Redaction
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Se vexer ou s’emporter sans raison apparente
 

Quelle est l’origine de cette métaphore ? Ce n’est pas la présence de la mouche qui est difficile à expliquer, mais plutôt celle du verbe prendre. Vous n’avez pas besoin qu’on vous commente ce passage de Boileau :

Gardez-vous, dira l’un, de cet esprit critique !
On ne sait bien souvent quelle mouche le pique.

C’est donc bien le verbe prendre qui jette de l’incertitude et de l’obscurité : on ne voit pas quel rapport existe entre une personne qui attrape des mouches et celle qui s’offense de peu de chose ; mais reportez-vous, s’il vous plaît, à ces locutions : Il a pris un rhume ; il a pris froid ; il a pris la fièvre, où prendre signifie être pris de, contracter.

Les Latins disaient contrahere morhum, prendre une maladie. Cet emploi du verbe prendre remonte aux temps les plus anciens de la langue française. Dans le Roland, le païen Marganice se lance sur Olivier, l’attaque par derrière, et lui porte au milieu du dos un coup d’épieu qui traverse la poitrine de part en part : Et dit après : « Un col avez pris fort ! » (Roland, III, 511.)

« Vous avez pris un coup un peu fort », c’est-à-dire vous avez reçu. De même, prendre la mouche, c’est en être piqué. Et celui qui fait attention à cette piqûre de mouche, qui s’en irrite, en vérité se fâche pour peu de chose, se montre trop susceptible.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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