LA FRANCE PITTORESQUE
C’est le pont aux Ânes
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Publié le vendredi 19 mai 2023, par Redaction
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Une chose facile à exécuter, qu’il n’est pas permis d’ignorer, ou dans laquelle tout le monde peut réussir
 

Cette locution a une origine burlesque qui date du début du XVIIe siècle. Il y a, sur la rive gauche de la Seine, entre le quai de Montebello et la place du Parvis-Notre-Dame, un pont d’une seule arche, à l’origine en pierre, qu’on nomma le Pont-au-Double ; dénomination qui lui fut donnée après sa fondation, en 1634, parce que les gens qui le traversaient payaient un double tournois. La gêne pour la navigation, occasionnée par la faible portée de ses travées, conduisit à le démolir en 1847 pour le reconstruire en maçonnerie d’une seule travée de 31 m d’ouverture. Il sera de nouveau démoli puis reconstruit en fonte en 1883.

On le désignait aussi anciennement sous le nom de Pont-aux-Ânes, et voici pourquoi : les bestiaux qui allaient paître sur les bords de la Seine et de la Bièvre, dans les prairies sur lesquelles on a construit l’Entrepôt et les bâtiments du Jardin des Plantes, passaient sur ce pont, et lui ont ainsi donné leur nom.

Le Pont-au-Double en 1640

Mais voici le côté burlesque de l’origine du dicton. Un meunier de Gentilly, fort amoureux de sa femme et par conséquent fort jaloux, alla consulter un grave docteur de la place Maubert, sur les moyens à employer pour soumettre son infidèle. A toutes ses questions, le docteur répondait : « Allez sur le pont aux Ânes ».

« Que signifie le pont aux Ânes dans tout ceci ? » se dit le meunier ; et il ne manqua pas d’aller se poster aux abords du Pont-au-Double. Comme l’accotement du pont, du côté du quai de Montebello était assez escarpé, les malheureux ânes, qui escaladaient difficilement, recevaient bon nombre de coups de trique. Ce procédé n’échappa pas à la perspicacité du meunier, et la lumière se fit aussitôt dans son esprit ; après avoir compris la parabole, il se hâta de rentrer à la maison pour mettre à profit les avis du malicieux docteur.

Chemin faisant, notre meunier se munit d’un bon gourdin et se présenta à son épouse avec un air tout satisfait. Puis il lui fit des remontrances qui ne furent guère goûtées ; tant et si bien que le gourdin fut mis en jeu et que l’épouse demanda grâce, en promettant de se bien conduire à l’avenir. Le moyen était bon ; rien n’était plus facile que de le trouver : c’était le « pont aux Ânes. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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