LA FRANCE PITTORESQUE
CHAMPAGNE-ARDENNES
(Les contes populaires de)
(par Albert Meyrac)
Publié le mercredi 18 juin 2014, par Redaction
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Le conte populaire est un conte oral traditionnel et communautaire. Il a longtemps régi la création et la circulation des histoires. C’est en fait la littérature de nos ancêtres, il a présidé les veillées de nos campagnes champenoises et ardennaises depuis la nuit des temps jusqu’aux années 1950. Il a aujourd’hui presque disparu.

Fort heureusement, à la charnière des XIXe et XXe siècles, quelques érudits passionnés de notre folklore ont pris soin de transcrire ces contes à l’écrit, ce qui leur a permis de venir jusqu’à nous, malgré le profond bouleversement de nos sociétés rurales qui ont rompu la transmission séculaire de ces contes par le bouche-à-oreille.
Tout au long de ces pages, vous découvrirez ces récits qui faisaient le charme des veillées d’autrefois, et l’âme des campagnes : les contes animaliers, très appréciés et dans la lignée du Roman de Renard ou des Fables de La Fontaine ; les contes humoristiques, toujours astucieux ; les récits sur le diable, tantôt dupé, à la manière du loup Ysengrin, par des proies plus habiles que lui, tantôt triomphant et réellement terrifiant, héros d’histoires horrifiantes avec lesquelles, non sans malice, les conteurs concluaient parfois la soirée, et auxquelles on pensait en frissonnant en s’en retournant chez soi dans la nuit noire, à l’affût du moindre bruit, regardant nerveusement par-dessus son épaule, pour vérifier que l’on n’était pas pris en chasse par le diable en personne, par quelque revenant en colère, ou par d’autres créatures, sorciers, lutins et esprits malfaisants, que l’on rencontrera d’ailleurs dans les autres récits surnaturels de ce recueil ; plus légères sont les aventures merveilleuses et féeriques, de celles qu’on racontait volontiers aux enfants, mais où surtout les humbles se reconnaissaient, s’identifiant au petit, au déshérité, au faible, qui parvenait, par son courage, son intelligence, sa modestie et sa bonté, à réussir là où les puissants échouaient.

En 1890, Anatole France nous présentait ainsi Albert Meyrac : « C’est un journaliste ; il dirige à Charleville Le Petit Ardennais. C’est là, sur la Meuse, qu’après avoir lu les livres de M. Paul Sébillot touchant le folklore breton, il résolut de recueillir le premier les traditions, les coutumes et les légendes du département où la politique l’avait attaché. Il se mit à l’œuvre ardemment, avec cette agilité d’esprit que développe la pratique du journalisme quotidien. Il alla dans les villages, interrogeant les anciens et les anciennes. Ce n’était pas assez. Il fit appel à toutes les bonnes volontés, et sa feuille porta cet appel dans toutes les localités du département. Les instituteurs surtout furent empressés à répondre. Leur secours lui fut sans doute très utile. Mais, en général, l’instituteur n’est pas l’homme qu’il faut pour recueillir les traditions populaires. Il manque de simplicité, il est enclin à embellir, à corriger. Quelque soin qu’il ait pris pour se défendre contre le zèle de ses collaborateurs, M. Albert Meyrac a admis dans son recueil plus d’un récit dont le style rappelle moins le paysan que le magister. »

Précisons qu’Albert Meyrac n’est pas le seul collecteur de contes qui contribue à cet ouvrage. Pour offrir un panorama complet des collectes effectuées dans la région, d’autres collecteurs, disciples de Meyrac, ont été mis à contribution parmi lesquels Louis Morin, Charles Marelle, Roger Graffin, Emile Blémont, Frédéric Chevalier, Louis Dart, C. Heuillard ou Paul d’Ivoi.

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