LA FRANCE PITTORESQUE
6 janvier 1786 : mort de Pierre Poivre
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Publié le dimanche 15 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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La vie entière de cet homme, non moins célèbre par ses travaux utiles que par ses rares vertus, fut dévouée aux sciences qui se rattachent au commerce. C’était dans l’intérêt de sa patrie, jamais dans le sien propre, qu’il concevait des plans, entreprenait des voyages, et bravait les plus grands dangers.

Pierre Poivre

Pierre Poivre

Né à Lyon en 1719, élevé par les missionnaires de Saint-Joseph, impartit à l’âge de vingt ans pour aller répandre les lumières de l’Evangile dans les vastes contrées de la Chine et de la Cochinchine. Il faisait voile vers la France, lorsque son vaisseau fut pris par les Anglais ; et alors s’ouvrit devant ses pas une carrière aventureuse, dont les vicissitudes favorables ou contraires tournèrent constamment au profit de son instruction, de sa piété et de son patriotisme, témoignage incontestable d’un esprit supérieur et d’une volonté forte.

Parmi les grandes idées dont Poivre peut réclamer l’honneur, il faut signaler le projet couvrir un commerce direct entre la France et la Cochinchine, et celui de transplanter dans les îles de France et de Bourbon les épiceries, dont la culture avait été jusqu’alors concentrée dans les Moluques. Chargé de l’exécution de ces projets d’une haute importance, il réussit complètement dans le premier ; le second rencontra plus d’obstacles : la persévérance du voyageur ne se rebuta pas.

Après une retraite de neuf années, appelé à l’intendance des colonies de l’Ile-de-France et de l’île de Bourbon, que la destruction de la compagnie des Indes laissait dans l’anarchie, Poivre y déploya le génie d’un administrateur capable d’embrasser toute l’étendue de ses fonctions avec un talent égal, avec une égale fermeté. Travaux publics, établissements d’agriculture, de charité, expéditions maritimes, finances, justice, tout fut organisé par ses soins, conduit et perfectionné par son zèle. Poivre introduisit les précieuses cultures de l’Inde, et notamment les muscadiers et les gérofliers sur le sol de la colonie. L’Ile-de-France ne nous appartient plus ; mais l’île de Bourbon, la Guyane recueillent les fruits de ces heureuses tentatives, et nous les font partager.

Poivre revint en France en 1773 : il n’était pas riche, et on l’oublia pendant deux années. Par l’organe de Turgot, Louis XVI connut les services du vertueux administrateur ; il les récompensa par une pension de 12 000 francs et par des marques de satisfaction, que Poivre estimait encore davantage. Alors il se retira dans une maison de campagne près de Lyon, sur les bords de la Saône, et il y attendit la mort avec le calme d’un sage et d’un chrétien.

Pierre Poivre laissa de nombreux manuscrits remplis de vues utiles, de sentiments élevés, de faits et d’observations de tout genre sur l’économie sociale. Quelques fragments en ont été imprimés de son vivant, mais sans son aveu, sous le titre de Voyages d’un philosophe.

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