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12 juin 1672 : passage du Rhin par Louis XIV

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12 juin 1672 : passage du Rhin
par Louis XIV
Publié / Mis à jour le mardi 11 juin 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Louis XIV étant devenu maître, parle traité d’Aix-la-Chapelle, de la partie des Pays-Bas espagnols appelée depuis la Flandre française, résolut dès lors d’en conquérir le reste, et de commencer par la Hollande ; mais il lui fallait un motif pour attaquer cette république ; elle le lui fournit par la conduite peu mesurée de ses ambassadeurs dans toutes les cours de l’Europe, par l’insolence de ses gazetiers, et par les médailles qu’elle avait fait frapper.

On avait donné en France, à Louis XIV, la devise du soleil, avec cette légende : Nec pluribus impar. On prétendit que van Beuning, échevin d’Amsterdam, s’était fait représenter avec un soleil, et ces mots pour légende : In conspectu meo stetit sol (A mon aspect le soleil s’est arrêté).

De tous les conquérants qui ont envahi une partie du monde, il n’y en a pas un qui ait commencé ses conquêtes avec autant de troupes réglées que Louis XIV en employa pour subjuguer le petit Etat des Provinces-Unies : il s’avança sur les frontières de-la Flandre espagnole et de la Hollande, vers Maëstricht et Charleroi, avec plus de cent douze mille hommes. L’évêque de Munster et l’électeur de Cologne, ses alliés, en avoient environ vingt mille. Les généraux de l’armée du roi étaient Condé et Turenne : Luxembourg commandait sous eux ; Vauban devait conduire les sièges ; Louvois était partout avec sa vigilance ordinaire.

Contre Turenne, Condé, Luxembourg, Vauban, cent trente mille combattants, une artillerie prodigieuse et de l’argent, avec lequel on attaquait encore la fidélité des commandants des places ennemies, la Hollande n’avait à opposer que vingt-cinq mille mauvais soldats, et un jeune prince d’une constitution faible, qui n’avait vu ni siège ni combat. C’était le prince Guillaume d’Orange (depuis roi d’Angleterre), qui venait d’être élu capitaine général des forces de terre, par les vœux de la nation.

Il ne put arrêter le torrent qui se débordait sur sa pairie. Ses forces étaient trop inégales ; son pouvoir même était limité par les Etats. Les villes que les Français attaquèrent furent aussitôt prises qu’investies : toutes les places qui bordent le Rhin et l’Issel se rendirent. La plupart des gouverneurs envoyaient leurs clefs dès qu’ils voyaient seulement passer de loin un ou deux escadrons français : la consternation était générale. Toute la Hollande s’attendait à passer sous le joug, dès que le roi serait au-delà du Rhin. Le prince d’Orange fit faire, à la hâte, des lignes au-delà de ce fleuve ; et après les avoir faites, il connut l’impuissance de les garder. Il ne s’agissait plus que de savoir en quel endroit les Français voudraient faire un pont de bateaux, et de s’opposer, si on pouvait, à ce passage.

En effet, l’intention du roi était de passer le fleuve sur un pont de ces petits bateaux qu’avait inventés Martinet, inspecteur de la cavalerie. C’était des pontons de cuivre, qu’on portait aisément sur des charrettes. Des gens du pays informèrent le prince de Condé que la sécheresse de la saison avait formé un gué sur un bras du Rhin, auprès d’une vieille tourelle, dans laquelle il y avait dix-sept soldats. Le roi fit sonder ce gué par le comte de Guiche ; il n’y avait qu’environ vingt pas à nager au milieu de ce bras du fleuve, selon ce que dit dans ses lettres Pélisson, témoin oculaire.

Il n’y avait de l’autre côté qu’un petit nombre de cavaliers et deux faibles régiments d’infanterie, sans canon : l’artillerie française les foudroyait en flanc, tandis que la maison du roi et les meilleures troupes de cavalerie passèrent sans risque, au nombre d’environ quinze mille hommes. Le prince de Condé les côtoyait dans un bateau de cuivre. A peine quelques cavaliers hollandais entrèrent dans la rivière pour faire semblant de combattre ; ils s’enfuirent l’instant d’après devant la multitude qui venait à eux ; leur infanterie mit aussitôt bas les armes, et demanda la vie.

Il n’y aurait eu personne de tué dans cette journée, sans l’imprudence du duc de Longueville. On dit qu’ayant la tête pleine des fumées du vin, il tira un coup de pistolet sur les ennemis qui demandaient la vie à genoux, en leur criant : « Point de quartier pour cette canaille. » II tua du coup un de leurs officiers. L’infanterie hollandaise désespérée reprit à l’instant ses armes et fit une décharge dont le duc de Longueville fut tué. Un capitaine de la cavalerie ennemie, nommé Ossembrouck, court au prince de Condé, qui montait alors à cheval en sortant de la rivière, et lui appuie son pistolet à la tête ; le prince, par un mouvement détourna le coup qui lui fracassa le poignet. Condé ne reçut jamais que cette blessure dans toutes ses campagnes.

Les Français irrités firent main-basse sur cette infanterie, qui se mit à fuir de tous côtés. Louis XIV passa sur un pont de bateaux avec l’infanterie, après avoir dirigé lui-même toute la marche. Tel fut ce passage du Rhin, célébré alors comme un de ces grands événements destinés à occuper la mémoire des hommes. Cet air de grandeur dont le roi relevait toutes ses actions, le bonheur rapide de ses conquêtes, la splendeur de son règne, l’idolâtrie de ses courtisans, et enfin la belle épître de Boileau, toutes ces circonstances réunies firent regarder le passage du Rhin comme un prodige. L’opinion commune était que toute l’armée avait passé ce fleuve à la nage, en présence d’une armée retranchée, et malgré l’artillerie d’une forteresse imprenable, appelée le Tholus.

Il était très vrai que rien n’était plus imposant pour les ennemis que ce passage, et que, s’ils avaient eu un corps de bonnes troupes à l’autre bord, l’entreprise était très périlleuse. Dès qu’on eut passé le Rhin, on prit Doësbourg, Zutphen, Arnheim, Nosembourg, Nimègue, etc. Il n’y avait pas d’heures dans la journée où le roi ne reçut la nouvelle de quelque conquête. Un officier nommé Mazel, mandait à Turenne : « Si vous voulez m’envoyer cinquante chevaux, je pourrai prendre avec cela deux ou trois places. »

La Hollande touchait à sa ruine ; mais un instant de retard fit manquer Amsterdam. Le roi affaiblit son armée en la divisant dans trop de places : les conditions de paix qu’il dicta aux vaincus leur semblèrent si dures, qu’ils résolurent de s’ensevelir sous les ruines de leur patrie. L’Espagne et l’Empire firent une puissante diversion en leur faveur, et la guerre qui semblait finie dura encore jusqu’en 1677, qu’elle fut terminée par la paix de Nimègue, dont Louis XIV dicta les conditions, et qui lui valut la Franche-Comté, faible dédommagement de la Hollande.

 
 
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