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4 mai 1389 : service de Du Guesclin à Saint-Denis, par ordre de Charles VI

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4 mai 1389 : service de Du Guesclin
à Saint-Denis, par ordre de Charles VI
Publié / Mis à jour le vendredi 3 mai 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Le maréchal de Sancerre, devenu chef de l’armée après la mort de Du Guesclin, avait fait embaumer le corps du connétable, afin qu’on pût le transporter en Bretagne, dans la sépulture de ses ancêtres. Le convoi était accompagné sur toute la route par une foule immense de peuple qui, avec grands gémissements, priaient pour ce héros, et le comblaient de bénédictions et d’éloges. Les chapitres et les évêques le recevaient dans leurs églises, et rendaient toutes sortes d’honneurs à sa mémoire : partout on ne l’appelait que le conservateur du royaume et le libérateur de sa patrie.

Le peuple du Mans surtout se signala. Il n’avait pas oublié qu’il de voit à Du Guesclin la conservation de leur ville contre les Anglais. Ces habitants arrêtèrent le convoi, et voulaient conserver chez eux les restes de leur bienfaiteur. Mais il arriva des ordres du roi avec un cortège pour accompagner en grande pompe le corps jusqu’à Saint-Denis, lieu de la sépulture des rois. Charles V y avait fait construire une chapelle pour lui et pour la reine Anne de Bourbon sa femme, qui y reposait depuis l’an 1377. Ce fut dans cette chapelle qu’il fit inhumer le corps de son cher connétable, pour que la mort même ne pût pas (comme le marque un historien) les séparer l’un de l’autre ; et il fonda une lampe qui devait briller nuit fit jour à perpétuité devant le tombeau qu’il lui fit faire.

Gisant de Bertrand du Guesclin dans la Basilique Saint-Denis

Gisant de Bertrand du Guesclin dans la Basilique Saint-Denis

Sur ce monument, qui avait trois pieds de haut, était la statue du connétable en marbre blanc ; derrière sa tête on lisait cette épitaphe : Ci gît noble homme, messire Bertrand Du Guesclin, comte de Longueville, connétable de France, lequel trépassa devant Châteauneuf de Randon, en Gévaudan, le treizième jour de juillet 1380. Priez pour son âme. Charles VI, non content des honneurs que le roi son père avait rendus à Du Guesclin, profita, en 1389, du calme dont jouissait le royaume, pour lui faire faire des funérailles magnifiques à Saint-Denis.

Il voulut que toute la noblesse qui y était rassemblée y assistât, et il n’y eut personne qui ne fût bien aise de rendre ce devoir à la mémoire d’un si grand homme. « On avait mis la représentation du connétable (dit Le Laboureur, de qui nous empruntons ces détails) sous une grande chapelle ardente, toute couverte de torches et de cierges, au milieu du chœur qui en fut aussi tout environné , et qui brûlèrent tant que le service dura.

« Le deuil fut mené par messire Olivier de Clisson, connétable de France, et par les deux maréchaux messire Louis de Sancerre, et messire Mouton de Blainville ; et il était représenté par le comte de Longueville (Olivier Du Guesclin, frère du défunt), et par plusieurs autres seigneurs de qualité, tous de ses parents ou de ses principaux amis, vêtus de noir, qui firent l’offrande d’une façon toute militaire, et qui n’avait point encore été pratiquée. L’évêque d’Auxerre, qui célébrait la messe conventuelle, étant à l’offerte, descendit avec le roi pour la recevoir jusqu’à la porte du chœur, et là parurent quatre chevaliers armés de toutes pièces, et des mêmes armes du feu connétable, qu’ils représentaient parfaitement, suivis de quatre écuyers montés sur les plus beaux chevaux de l’écurie du roi, caparaçonnés des armoiries du même connétable et portant ses bannières, jadis si redoutables aux ennemis de l’Etat.

« L’évêque reçut les chevaux par l’imposition des mains sur leurs têtes, et on les ramena au même temps qu’il retourna à l’autel : mais il fallut pour cela composer du prix ou de la récompense pour le droit avec les religieux et l’abbaye, à qui ils appartenaient. Après cela marchèrent à l’offrande le connétable de Clisson avec les deux maréchaux, au milieu de huit seigneurs de marque, qui portaient chacun un écu aux armes du défunt, la pointe en haut, en signe de perte de sa noblesse terrestre, et tous entourés de cierges allumés ; puis suivirent M.&bsp;le duc de Touraine, frère du roi ; Jean, comte de Nevers, fils » du duc de Bourgogne ; messire Pierre, fils du roi de Navarre ; tous les princes du sang ; et messire Henri de Bar, aussi cousin du roi, tous la vue baissée, et portant chacun une épée nue par la pointe, pour marque qu’ils offraient à Dieu les victoires qu’ils avaient remportées, et qu’ils avouaient qu’on les avait reçues de sa grâce, par la valeur du défunt.

« Au troisième rang parurent quatre autres des plus grands de la cour, armés de pied en cap, conduits par huit écuyers choisis entre la plus jeune noblesse de la cour du roi, portant chacun un casque entre les mains ; puis quatre autres aussi vêtus de noir, avec chacun une bannière déployée et armoyée des armes de Du Guesclin, qui sont d’argent à l’aigle impériale de sable. Tout cela marcha pas à pas, avec beaucoup de gravité et de marque de deuil, et chacun en son ordre s’agenouilla devant l’autel où furent déposées toutes les pièces d’honneur, et se retira dans le même ordre, après avoir baisé les mains du prélat officiant.

« Après l’offerte, l’évêque monta en chaire devant la chapelle des martyrs, pour faire l’oraison funèbre ; et il ne s’acquitta pas moins heureusement des louanges qu’il devait à la mémoire de son héros que de l’obligation d’inspirer à toute la noblesse là présente, la généreuse obligation d’aspirer à la même gloire. Il prit pour texte : Nominatus est usque ad extrema terra, sa renommée a volé d’un bout du monde à l’autre ; et fit voir, par les grands récits de ses grands travaux de guerre, de ses merveilleux faits d’armes, de ses trophées et de ses triomphes, qu’il avait été la véritable fleur de chevalerie, et que le nom de preux ne se devait qu’à ceux qui, comme lui, se signalaient également en valeur et en probité.

« Il exhorta les nobles à servir sa majesté avec une parfaite soumission ; il leur remontra que ce n’était que par son ordre et pour son service qu’ils devaient prendre les armes. Mais la présence du roi ne l’empêcha pas de dire qu’il fallait que la cause en fût juste, et qu’il fallait encore que leur intention fût droite et équitable pour les rendre innocents de tous les malheurs et des cruautés de la guerre ; et par toutes sortes d’exemples qu’il tira de toutes les histoires tant saintes que profanes, qu’il fallait autant d’honneur et de vertu que de valeur et d’expérience dans les armes, pour mériter dans cette condition la grâce de Dieu et l’estime des hommes, et pour être digne de la réputation de messire Bertrand, qu’il recommandait à leurs prières, et pour lequel il allait achever la messe. »

On ne croit pas devoir finir cet article sans citer des vers d’un poète du temps, sur l’effet que produisit le discours de l’évêque d’Auxerre :

Les princes fondirent en larmes
Des mots que l’évêque montrait,
Car il disait : « Pleurez, gens d’armes,
« Bertrand qui tretous vous aimait.
« On doit regretter ses faits d’armes
« Qu’il parfit au temps qu’il vivait.
« Dieu ait pitié sur toutes âmes
« De la sienne, car bonne était. »

 
 
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