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Histoire des Français. Charlemagne sacré empereur d'Occident par le pape Léon III. Cérémonie le jour de la Noël 800

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Histoire des Français
L’Histoire des Français : systèmes politiques, contexte social, population, économie, gouvernements à travers les âges, évolution des institutions.
Charlemagne sacré empereur d’Occident
le jour de la Noël 800
(D’après « Faits mémorables de l’Histoire de France », paru en 1844)
Publié / Mis à jour le lundi 25 décembre 2017, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Charlemagne est un de ces hommes supérieurs qui apparaissent dans le monde à de longs intervalles, et dont la gloire, illuminant à la fois l’avenir et le passé, illustre tout un siècle. Tout ce qui fut la grandeur d’une époque, les succès militaires, les études littéraires, les magnifiques constructions, concourut à l’éclat de ce règne de quarante-six ans.

C’est à dater de Charlemagne que la France prend dans l’Europe une place importante : « C’est sous sa main, dit Guizot, que s’est opérée la secousse par laquelle la société européenne, faisant volte-face, est sortie des voies de la destruction pour entrer dans celles de la création. » Charlemagne arrête la décadence continue des siècles précédents ; il comprime le désordre ; il porte, violemment il est vrai, la civilisation chez les peuples barbares, et met un terme à leurs perpétuelles invasions ; il fortifie le clergé, introduit dans l’état une constitution régulière et jette les premières bases de l’unité administrative.

Après sa mort, ce vaste empire, dont toutes les parties ont été si péniblement réunies, doit se démembrer, mais les principes d’organisation qu’il a posés survivront à sa puissance et se perpétueront dans l’avenir.

Charlemagne. Représentation d'artiste

Charlemagne. Représentation d’artiste

Tout, dans l’existence de Charlemagne, révèle la passion des grandes choses ; ce n’est plus, comme ceux qui l’ont précédé, un chef barbare ne songeant qu’à la guerre, ne se préoccupant que du pillage ; s’il combat, c’est pour protéger ses frontières et assurer le succès des plans politiques qu’il médite. Au retour de ses expéditions contre les Saxons, contre les Avars, il occupe son repos de tout ce qui peut éclairer les hommes auxquels il commande et hâter les progrès de la civilisation.

Partout il fonde des églises nouvelles : à Aix-la-Chapelle, son séjour de prédilection, une superbe basilique s’élève par ses soins ; il y prodigue l’or et l’argent, l’orne de portes et de grilles de bronze massif, l’enrichit de candélabres magnifiques, et tire à grands frais de Ravenne et de Rome les marbres nécessaires à la décoration de ce monument, témoignage éclatant de sa foi.

En même temps qu’il embellissait Aix-la-Chapelle, il ne négligeait pas les travaux d’utilité générale ; il avait réuni les rives opposées du Rhin par un pont en bois qu’un incendie détruisit peu de temps avant sa mort et qu’il voulait remplacer par un pont en pierres. En Germanie, il commença l’exécution d’un canal destiné à joindre le Rhin au Danube et à faciliter la défense de l’empire en cas d’invasion ; projet gigantesque dont s’emparera la science moderne.

Secondé par Alcuin, le savant le plus renommé de ce temps, par Benoît d’Aniane, par Eginhard, son secrétaire et l’historien de cette époque, Charlemagne avait établi de nombreuses écoles, où tous étaient admis et dont lui et ses filles étaient les élèves les plus assidus. Après les longues absences qu’exigeaient ses guerres, il revenait avec empressement à ses études, s’informait des progrès de chacun, examinait lui-même les compositions des écoliers, encourageait les plus studieux de ses éloges, et leur accordait sa bienveillance et sa protection. Le soir et le matin le prince assistait aux chants de l’église, dont il surveillait attentivement l’exécution ; enfin, après une journée si complètement remplie, souvent la nuit il se levait soit pour travailler, soit pour décider sur les contestations qu’on lui soumettait.

Cette rare activité, cette forte intelligence, cet instinct supérieur des nobles actions avaient acquis à Charlemagne l’admiration de ses contemporains. La papauté se plaisait à le nommer son fils bien-aimé ; il entretenait des relations avec l’empire d’Orient, et recevait des ambassades des pays les plus éloignés.

La plus célèbre est celle qui lui fut envoyée de l’Asie par le calife de Bagdad, Haroun-al-Raschid. Il fit offrir à Charlemagne les clefs du Saint-Sépulcre, et parmi les présents magnifiques qu’apportaient ses envoyés, les Francs virent avec un étonnement profond une horloge sonnante, la première qui fut introduite en France ; un singe et un éléphant, merveilles jusqu’alors inconnues aux hommes du Nord.

Des diverses contrées de l’Europe , les princes se rendaient à la cour d’Aix-la-Chapelle, soit pour solliciter l’amitié du roi des Francs, soit pour réclamer son appui. Ainsi Egbert, roi de Sussex, Eardulf, roi de Northumberland, venaient se former à la cour de Charlemagne, qui plus tard les rétablissait tous deux dans leurs états ; Lope, duc des Basques, était aussi élevé auprès de lui ; les rois chrétiens et les émirs d’Espagne le suivaient jusque dans les forêts de la Bavière, implorant ses secours contre le calife de Cordoue ; Alfonse, roi de Galice, offrait au roi des Francs les riches tapisseries qu’il avait prises au siège de Lisbonne.

Tous étalaient un luxe, une magnificence, qui contrastaient avec la simplicité de Charlemagne, fidèle au costume des anciens Germains, et dont habituellement les vêtements différaient peu de ceux des gens du commun. Il portait une tunique serrée par une ceinture de soie ; des sandales, maintenues par des bandelettes qui se croisaient sur ses jambes, chaussaient ses pieds, et toujours il était couvert du vaste manteau des Francs ; il repoussait les habits étrangers, quelque riches qu’ils fussent, et ne souffrait pas qu’on l’en revêtît.

Dans les grandes solennités, et quand il donnait audience aux ambassades des nations étrangères, il se montrait alors avec un justaucorps brodé d’or, des sandales ornées de pierres précieuses, un manteau retenu par une agrafe d’or, et un diadème tout brillant d’or et de pierreries.

Sacre de Charlemagne par le pape Léon III à la Noël 800

Sacre de Charlemagne par le pape Léon III à la Noël 800

Un hommage solennel que lui rendit le pape Léon III mit le comble à la puissance de Charlemagne. L’an 800, une conspiration ayant éclaté à Rome, le pape Léon III, dont les jours avaient été menacés, s’était réfugié auprès du roi des Francs, qui bientôt après l’avait renvoyé triomphant dans la ville sainte. Voulant mieux affermir encore l’autorité papale, Charlemagne était passé en Italie pour punir les rebelles. Le pape, la main sur l’Évangile, avait protesté contre les accusations de ses ennemis. « Comme j’espère, avait-il dit, au jour du jugement dernier participer aux bienfaits du saint Evangile, je suis innocent des crimes qu’on m’a faussement imputés. » Les calomniateurs avaient été arrêtés et envoyés en exil ; l’ordre était rétabli dans Rome.

Quelque temps après, le jour de la fête de Noël, le roi assistait à la messe dans l’église des Saints- Apôtres ; il était agenouillé devant l’autel de Saint-Pierre, absorbé dans sa prière, quand, tout d’un coup, le pape, qui avait célébré l’office, se dirigeant vers lui, versa l’huile sainte sur son front et posa sur sa tête une couronne d’or. Tout le peuple romain qui remplissait l’église, se levant alors, s’écria par trois fois : « A Charles, Auguste, couronné par Dieu grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire. » Puis, après Laudes, pour rendre cette consécration plus respectable encore, Charlemagne, suivant la coutume des anciens princes, fut adoré par le pape, et, quittant désormais le titre de patrice, il prit celui d’empereur et auguste.

Cet acte important, qui après trois siècles renouvelait l’empire d’Occident dans la personne du roi des Francs, donna à son pouvoir une force nouvelle. Toutefois Charlemagne ne se trompait pas entièrement sur la durée de son empire, et il sembla, pour ainsi dire à l’heure même de son triomphe, prévoir les rudes épreuves qui devaient en amener si rapidement la décadence.

Avant d’entrer en Italie pour rétablir l’autorité de Léon III, Charlemagne, ayant parcouru la Gaule, arriva inopinément dans une ville maritime de la Gaule Narbonnaise. Tandis qu’il dînait, sans s’être encore fait reconnaître, des corsaires normands vinrent pour exercer leurs pirateries jusque dans le port ; en apercevant les barques, les uns crurent que c’étaient des marchands juifs ou africains, d’autres disaient bretons ; mais Charles les reconnut à la légèreté de leurs bâtiments. « Ce ne sont pas là des marchands, dit-il, mais de cruels ennemis. »

A ces mots, tous les Francs, à l’envi les uns des autres, coururent à leurs navires ; mais inutilement : les Normands s’étaient enfuis. Alors l’empereur, s’étant levé de table, se mit à une fenêtre qui s’ouvrait vers l’orient, et demeura longtemps en silence le visage inondé de larmes. Comme personne n’osait l’interroger, il dit aux grands qui l’entouraient : « Savez-vous, mes fidèles, pourquoi je pleure amèrement ! Certes, je ne crains pas qu’ils me nuisent par ces misérables pirateries ; mais je m’afflige profondément de ce que, moi vivant, ils ont été près de toucher ce rivage ; et je suis tourmenté d’une violente douleur quand je prévois ce qu’ils feront de maux à mes descendants et à leurs peuples. »

Douloureuse prophétie, qui devait se réaliser presque dès le lendemain de la mort de Charlemagne.

 
 
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