Histoire de France, Patrimoine, Tourisme, Gastronomie, Librairie
LE 19 avril DANS L'HISTOIRE [VOIR]  /  NOTRE LIBRAIRIE [VOIR]  /  NOUS SOUTENIR [VOIR]
 
« Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du
peuple avant qu'il ne les ait oubliées » (C. Nodier, 1840)
 

 
NOUS REJOINDRE SUR...
Nous rejoindre sur FacebookNous rejoindre sur XNous rejoindre sur LinkedInNous rejoindre sur VKNous rejoindre sur InstragramNous rejoindre sur YouTubeNous rejoindre sur Second Life

17 mars 1680 : mort de l’écrivain et mémorialiste François de la Rochefoucauld

Vous êtes ici : Accueil > Éphéméride, événements > Mars > 17 mars > 17 mars 1680 : mort de l’écrivain et (...)
Éphéméride, événements
Les événements du 17 mars. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
17 mars 1680 : mort de l’écrivain
et mémorialiste François de la Rochefoucauld
Publié / Mis à jour le jeudi 14 mars 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

François, duc de la Rochefoucauld, auteur du livre des Maximes, fut également célèbre par sa valeur et par son esprit. Etant entré, à l’instigation de la duchesse de Longueville, dans les querelles de la Fronde, il se signala principalement dans le fameux combat du faubourg Saint-Antoine, où il reçut un coup de mousquet qui lui fit perdre quelque temps la vue ; c’est alors qu’il dit ces vers si connus, tirés de la tragédie d’Alcyonée :

Pour mériter son cœur, pour plaire à ses beaux yeux,
J’ai fait la guerre aux rois ; je l’aurais faite aux Dieux.

Après sa rupture avec madame de Longueville qui l’avait trahie, il parodia ainsi ces vers :

Pour ce cœur inconstant, qu’enfin je connais mieux,
J’ai fait la guerre aux rois : j’en ai perdu les yeux.

Lorsque ces querelles furent assoupies, le duc de la Rochefoucauld ne songea plus qu’à jouir des doux plaisirs de l’amitié et de la littérature. Sa maison était le rendez-vous de tout ce que Paris et Versailles avaient d’ingénieux, tels que les Sévigné, les Lafayette, les Racine, les Boileau : « C’est l’homme le plus aimable que j’aie jamais vu, disait madame de Sévigné. J’ai vu son cœur à découvert dans cette cruelle aventure (la mort du chevalier de Marsillac, son petite-fils, tué au passage du Rhin). Il est au premier rang de tout ce que j’ai jamais vu de courage, de mérite, de tendresse et de raison : je compte pour rien son esprit et son agrément. »

On croit être témoin soi-même de la mort du duc de la Rochefoucauld, en lisant le récit suivant :

Vendredi 15 mars 1680.

« Je crains bien pour cette fois, que nous ne perdions M. de la Rochefoucauld. Sa fièvre a continué ; il reçut hier Notre-Seigneur ; mais son état est une chose digne d’admiration. Il est fort bien disposé pour sa conscience, voilà qui est fait ; mais, du reste, c’est la maladie et la mort de son voisin dont il est question : il n’en est pas effleuré, il n’en est pas troublé ; il entend plaider devant lui la cause des médecins, du frère Ange et de l’Anglais médecin anglais, nommé Talbot], d’une tête libre, sans daigner quasi dire son avis ; je reviens à ce vers : Trop au-dessous de lui pour y prêter l’esprit. Il ne voyait point hier matin madame de la Fayette, parce qu’elle pleurait, et qu’il recevait Notre-Seigneur : il envoya savoir à midi de ses nouvelles. Croyez-moi, ma fille, ce n’est pas inutilement qu’il a fait des réflexions toute sa vie : il s’est approché de telle sorte ces derniers moments, qu’ils n’ont rien de nouveau ni d’étranger pour lui. M. de Marsillac (son fils) arriva avant-hier à minuit, si comblé de douleur amère, que vous ne seriez pas autrement pour moi. Il fut longtemps à se faire un visage et une contenance ; il entre enfin, et trouve M. de la Rochefoucauld dans cette chaise, peu différent de ce qu’il est toujours. Comme c’est M. de Marsillac qui est son ami, de tous ses enfants, on fut persuadé que le dedans était troublé ; mais il n’en parut rien, et il oublia de lui parler de sa maladie. Ce fils ressortit pour crever... »

Dimanche 17 mars 1680.

« Quoique cette lettre, continue madame de Sévigné , ne parte que mercredi, je ne puis m’empêcher de la commencer aujourd’hui, pour vous dire que M. de la Rochefoucauld est mort cette nuit. J’ai la tête si pleine de ce malheur et de l’extrême affliction de notre pauvre amie (madame de la Fayette), qu’il faut que je vous en parle. Hier samedi, le remède de l’Anglais avait fait des merveilles ; toutes les espérances de vendredi étaient augmentées. On chantait victoire : la poitrine était dégagée, la tête libre, la fièvre moindre, des évacuations salutaires. Dans cet état, hier à six heures il trouva la mort. Tout d’un coup les redoublements de fièvre, l’oppression, des rêveries ; en un mot, la goutte l’étrangle traîtreusement ; et quoiqu’il eût beaucoup de force, et qu’il ne fût point abattu de saignées, il n’a fallu que quatre ou cinq heures pour l’emporter ; et à minuit il a rendu l’âme entre les mains de M. de Condom (Bossuet). M. de Marsillac ne l’a point quitté d’un moment. Il est dans une affliction qui ne peut se représenter.

« Cependant il retrouvera le roi et la cour ; toute sa famille se retrouvera à sa place ; mais où madame de la Fayette retrouvera-t-elle un tel ami, une telle société, une pareille douceur, un agrément, une confiance, une considération pour elle et pour son fils ? Elle est infirme, elle est toujours dans sa chambre, elle ne court point les rues. M. de la Rochefoucauld était sédentaire aussi : cet état les rendait nécessaires l’un à l’autre ; et rien ne pouvait être comparé à la confiance et aux charmes de leur amitié. Songez-y, ma fille, vous trouverez qu’il est impossible de faire une perte plus considérable, et dont le temps puisse moins consoler. »

Trois jours après la mort de la Rochefoucauld, madame de Sévigné écrit encore à sa fille, et commence sa lettre par ces mots si touchants : « Il est enfin mercredi, et M. de la Rochefoucauld est toujours mort. »

On a de la Rochefoucauld : 1° des Mémoires de la Régence d’Anne d’Autriche : c’est un tableau fidèle de ces temps orageux, peint par un peintre qui avait été lui-même acteur ; 2° des Réflexions et des Maximes, réimprimées plusieurs fois. Quoiqu’il n’y ait presque qu’une vérité dans ce livre, qui est que l’amour-propre est le mobile de tout, cependant cette pensée se présente sous tant d’aspects variés, qu’elle est presque toujours piquante. Ce petit recueil, écrit avec cette finesse et cette délicatesse qui donne tant de prix au style, accoutuma à penser et à renfermer ses pensées dans un tour vif et précis.

 
 
Même section >

Suggérer la lecture de cette page
Abonnement à la lettre d'information La France pittoresque

Saisissez votre mail, et appuyez sur OK
pour vous abonner gratuitement
Éphéméride : l'Histoire au jour le jour. Insertion des événements historiques sur votre site

Vos réactions

Prolongez votre voyage dans le temps avec notre
encyclopédie consacrée à l'Histoire de France
 
Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne !