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23 février 1712 : mort du maréchal de Catinat

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23 février 1712 : mort du
maréchal de Catinat
Publié / Mis à jour le jeudi 21 février 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Nicolas de Catinat, maréchal de France, fut un des plus grands généraux du siècle de Louis XIV, si fécond en grands capitaines. Il était né à Paris, le 1er septembre 1637, du doyen des conseillers au parlement. Il commença par plaider, perdit une cause juste, et quitta le barreau pour les armes.

En 1667, il fit aux yeux du roi, à l’attaque de la contrescarpe de Lille, une action de fête et de courage, qui lui valut une lieutenance dans le régiment des gardes. Elevé successivement aux premiers grades militaires, il se signala à Maestricht, à Besançon, à Seneffe, à Cambrai, à Valenciennes, à Saint-Omer et à Ypres. Le grand Condé avait su apprécier son mérite, et il lui avait écrit après la bataille de Seneffe, où Catinat avait été blessé : « Personne ne prend plus de part que moi à votre blessure ; il y a si peu de gens comme vous, que l’on perd trop quand on les perd. ».

Lieutenant-général en 1688, il battit le duc de Savoie à Staffarde et à la Marsaille, se rendit maître de toute la Savoie et d’une partie du Piémont, passa de l’Italie en Flandres, assiégea et prit Ath, en 1697. Il était maréchal de France depuis 1693, et le roi lisant la liste des maréchaux, dans son cabinet, s’écria à son nom : « C’est bien la vertu couronnée. »

La guerre s’étant rallumée en 1701, il fut mis en Italie à la tête de l’armée française contre le prince Eugène, qui commandait celle de l’empereur. La cour, au commencement de cette guerre, était indécise sur le choix de ses généraux, et balançait entre Catinat, Vendôme et Villeroi. On en parla dans le conseil de l’empereur : « Si c’est Villeroi qui commande, dit Eugène, je le battrai ; si c’est Vendôme, nous nous battrons ; si c’est Catinat, je serai battu. » Le mauvais état de l’armée, le défaut d’argent pour la faire subsister, le peu d’intelligence entre lui et le duc de Savoie, dont il soupçonnait la droiture, l’empêchèrent d’accomplir celte prédiction du prince Eugène. Il fut blessé à l’affaire de Chiari, et obligé de reculer jusques derrière l’Oglio.

Celte retraite, occasionnée par la défense que lui avait faite la cour de s’opposer au passage du prince Eugène, fut cause de sa disgrâce. Catinat, malgré ses victoires et ses négociations, fut obligé de servir sous Villeroi ; et le dernier élève de Turenne et de Condé, n’agit plus qu’en second. Il soutint cette injustice en homme supérieur à sa fortune : « Je tâcherai d’oublier ma disgrâce, mandait-il à ses amis, pour avoir l’esprit plus libre dans l’exécution des ordres du maréchal de Villeroi ; je me mettrai jusqu’au cou pour l’aider. Les méchants seraient outrés, s’ils connaissaient le fond de mon cœur. »

Le roi le nomma en 1705, pour être chevalier de ses ordres ; mais il refusa. Sa famille s’en plaignit amèrement à lui : « Eh bien, dit-il à ses parents, effacez-moi de votre généalogie. » Il n’augmentait que le moins qu’il pouvait la foule des courtisans. Louis XIV lui ayant demandé pourquoi on ne le voyait jamais à Marly, et si quel qu’affaire l’en empêchait : « Aucune, répondit le maréchal ; mais la cour est très nombreuse, et j’en use ainsi pour laisser aux autres la liberté de vous faire leur cour. »

Il mourut à sa terre de Saint-Gratien, non pas (comme l’écrivait madame de Maintenon son ennemie), ne craignant rien, n’espérant rien, ne désirant rien, et peut-être ne croyant rien ; mais en vrai sage, mais en héros chrétien, comme le prouve le dernier mot qui sortit de sa bouche : « Mon Dieu, j’ai confiance en vous ! » Son testament était rempli de legs pieux. On lit sur son épitaphe, composée par le père Sanadon, jésuite : Vixit ut solent sapientissimi, et christiani heroes debent (Il mena la vie d’un sage et d’un héros chrétien).

On a dit de Catinat, et c’est un éloge qui ne lui est pas commun avec tous les grands hommes : qu’il eût été bon ministre, bon chancelier, comme bon général. Quelques anecdotes feront connaître la trempe de son âme.

Après une longue conférence qu’il avait eue avec Louis XIV, sur la campagne de Piémont, ce prince lui dit : « C’est assez parler de mes affaires ; comment vont les vôtres ? — Fort bien, sire, grâce aux bontés de Votre Majesté, répondit le maréchal, malgré la modicité des appointements qu’il recevait de la cour. — Voilà, dit Louis XIV, en se tournant vers ses courtisans, le seul homme de mon royaume qui m’ait tenu ce langage. »

Palaprat rapporte dans la préface de ses comédies, que, soupant un soir dans la tente du maréchal de Catinat, on vint parler des différentes qualités des généraux. Le poète, faisant allusion au héros qui était présent, dit : « J’en connais un si simple, que, sortant de gagner une bataille, il jouerait froidement une partie aux quilles. — Je ne l’estimerais pas moins si c’était en sortant de la perdre, répartit froidement Catinat. »

Comme il était d’une mise fort simple, un jour qu’il entendait la messe aux cordeliers, le précepteur de deux enfants de qualité lui ordonna de céder sa place à ses élèves. Catinat obéit sans la moindre difficulté. Un jour il se promenait sur sa terre, en réfléchissant selon sa coutume ; un jeune homme de Paris l’aborde, et gardant son chapeau sur sa tête, tandis que le maréchal l’écoutait le chapeau à la main, lui dit : « Bon homme, je ne sais à qui est cette terre ; mais tu peux dire au seigneur que je me suis donné la permission d’y chasser. » Des paysans qui n’étaient pas loin, riaient aux éclats ; le jeune chasseur leur demanda d’un ton insolent de quoi ils riaient : « De l’insolence avec laquelle vous parlez au maréchal de Catinat. » Il retourne aussitôt, le chapeau fort bas, s’excuser au maréchal sur ce qu’il ne le connaissait pas : « Je ne vois pas, dit Catinat, qu’il soit besoin de connaître quelqu’un pour lui ôter son chapeau. »

Catinat sortait néanmoins de ce caractère, et savait retrouver sa fierté, quand il avait affaire aux gens en place, et surtout aux courtisans. Comme il passait l’année entière à Saint-Gratien, les devoirs de police n’étaient pas toujours bien exactement remplis devant sa maison à Paris : cette négligence fut remarquée par le commissaire du quartier, qui crut de son devoir de condamner le maître de la maison à l’amende. Le lieutenant de police, d’Argenson, courut chez le maréchal pour lui faire des excuses. Lorsqu’il eut été annoncé, Catinat dit d’un ton haut et sec : « Qu’il attende. » Enfin la porte du cabinet s’ouvrit, et Catinat, sans regarder d’Argenson, dit à son valet de chambre : « Le lieutenant de police est-il là ? Eh bien ! qu’on lui paie son amende, et qu’il s’en aille. »

 
 
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