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Histoire des Français. Meurtre de Sigebert en 575 ou l’amorce du déclin de la dynastie mérovingienne. Assassinat de Galswinthe. Crime de Frédégonde. Roi Chilpéric

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Histoire des Français
L’Histoire des Français : systèmes politiques, contexte social, population, économie, gouvernements à travers les âges, évolution des institutions.
Meurtre du roi Sigebert en 575
ou l’amorce du déclin
de la dynastie mérovingienne
(D’après « Faits mémorables de l’Histoire de France », paru en 1844)
Publié / Mis à jour le dimanche 13 janvier 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
Les partages successifs des possessions franques dans les Gaules, entre les descendants de Clovis, furent une des causes principales de l’affaiblissement rapide de la dynastie mérovingienne. C’est de ces divisions territoriales, fondées plutôt sur la valeur exacte des terres à partager que sur les convenances politiques, que naquirent cependant ces oppositions profondes qui armèrent les uns contre les autres les Francs-Neustriens et les Francs-Austrasiens.

Le débat qui éclata en 573 entre Sigebert et Chilpéric, fils de Clotaire, et dont le meurtre de Galswînthe, sœur de Brunehaut, fut le prétexte, est l’origine de cette longue lutte entre les Neustriens et les Austrasiens, à la suite de laquelle ceux-ci conquirent aux Carolingiens la domination conquise par Clovis.

En même temps que Sigebert épousait Brunehaut, Chilpéric, son frère, s’unissait à la sœur de la reine d’Austrasie, à Galswinthe ; mais bientôt le roi de Neustrie sacrifiait Galswinthe à Frédégonde, et, pour se livrer librement à son penchant, il faisait étrangler sa légitime épouse. En apprenant la mort violente de sa belle-sœur, Sigebert arma contre son frère et demanda justice. Dans une assemblée présidée par Gontran, roi de Bourgogne, Sigebert parut en accusateur ; Chilpéric fut condamné, en expiation de son crime, à restituer les villes que la fille du roi des Wisigoths lui avait apportées en dot.

Sigebert Ier

Sigebert Ier

Chilpéric parut se soumettre à ce jugement rendu par les chefs francs réunis pour prononcer sur ce différend ; les deux rois échangèrent, comme témoignage de leur acquiescement à la décision qu’on venait de rendre, une branche d’arbre, et ils semblèrent réconciliés. Mais cet accommodement n’était qu’apparent, surtout pour Chilpéric ; aussitôt qu’il se crut assez fort pour le faire avec succès, il protesta par les armes et s’empara des villes qu’il avait dû rendre à l’épouse de Sigebert. A diverses reprises la guerre éclata, la paix fut signée, sans qu’une union sincère s’établît entre le roi de Neustrie et celui d’Austrasie.

Enfin, à une dernière reprise d’hostilités du premier, Sigebert répondit par l’envahissement de la Neustrie : il parut sur les bords de la Seine avec une armée considérable formée en partie des populations franques les moins civilisées, de celles qui habitaient sur le Rhin, et composée, pour la masse des troupes, de véritables barbares ; de ces hordes aux habitudes cruelles, aux figures étranges, qui avaient traversé la Gaule aux plus mauvais temps des invasions, à l’époque d’Attila. Bientôt le roi d’Austrasie fut maître de Paris ; et Chilpéric, abandonné des siens, se réfugia à Tournai avec Frédégonde : Sigebert cette fois avait résolu de terminer la guerre par la dépossession et probablement par la mort de son frère ; Brunehaut avec ses trésors et ses enfants vint retrouver son époux à Paris, et les Neustriens se disposèrent à élire le vainqueur.

Cependant, au moment où Sigebert quittait Paris afin de se rendre à Vitry, où l’élection populaire devait avoir lieu, il reçut un solennel avertissement ; au milieu de son escorte, de ses cavaliers d’élite, un homme vêtu des habits sacerdotaux, le visage pâle, se présenta à lui comme les anciens prophètes : c’était l’évêque Germain ; il essaya de calmer son ressentiment, il lui rappela que le vaincu était son frère : « Roi Sigebert, dit-il, si tu pars sans intention de mettre à mort ton frère, tu reviendras vivant et victorieux ; mais si tu as une autre pensée tu mourras, car le Seigneur a dit par la bouche de Salomon : La fosse que tu creuses pour que ton frère y tombe te fera tomber toi-même. » Mais cette tentative de réconciliation fut inutile, le roi d’Austrasie resta inflexible et continua sa route.

Au commencement de l’année 575, dans une plaine située sous les murs de Vitry, les Francs formaient un vaste cercle au centre duquel se plaçait Sigebert environné de ses officiers et de seigneurs. Alors quatre robustes soldats, l’élevant sur un bouclier où il s’assit, firent trois fois parcourir au roi d’Austrasie le cercle vivant que présentait l’armée ; sur son passage les soldats saluèrent le nouveau chef de la Neustrie de leurs acclamations, et l’applaudirent en frappant bruyamment de l’épée sur leurs boucliers garnis de fer. L’élection alors fut consommée ; Sigebert venait de prendre possession de l’héritage fraternel, et la cause de Chilpéric semblait perdue. Assiégé dans Tournai, le roi de Neustrie attendait avec impassibilité, dans un complet découragement, la fin de cette lutte dont sa mort devait être l’issue.

Mais Frédégonde n’avait pas renoncé à l’emporter ; vaincue par les armes, elle eut recours au meurtre : parmi les hommes qui avaient suivi Chilpéric à Tournai, Frédégonde en avait remarqué deux dont le dévouement plein de fanatisme lui promettait une entière obéissance ; elle les vit, sut les entraîner par le prestige de son rang, l’adresse de ses discours, les toucha du récit de ses malheurs, troubla leur raison à l’aide de boissons enivrantes, et, remettant à chacun d’eux un long couteau dont la lame était empoisonnée, les envoya vers Sigebert en leur disant pour dernier adieu : « Allez, et, si vous revenez vivants, je vous comblerai d’honneurs, vous et votre postérité ; si vous succombez, je distribuerai pour vous des aumônes à tous les lieux saints. »

Assassinat de Sigebert Ier en 575

Assassinat de Sigebert Ier en 575

Sigebert était encore au milieu des joies du triomphe quand les deux envoyés de Frédégonde arrivèrent à Vitry ; les salles retentissaient de l’éclat des fêtes, les banquets se succédaient. Bienveillant pour tous, le roi accordait audience à quiconque se présentait pour demander protection et justice ; il payait, par ses largesses et par son accueil, son récent avènement. Les deux Neustriens purent aisément pénétrer jusqu’à lui, sous le prétexte de lui parler ; pendant que le roi les écoutait, tous deux au même instant lui plongèrent leur couteau dans le côté. Sigebert poussa un cri et tomba mort. Charegisile, son chambellan, et un Goth nommé Sigila, accourus à sa défense, furent également tués ; et ce ne fut pas sans peine qu’on réussit à s’emparer des assassins, qui se défendirent avec un enthousiasme héroïque.

La mort de Sigebert sauva Chilpéric ; les Austrasiens, aussitôt qu’ils connurent l’événement, reculèrent vers leur pays et abandonnèrent la Neustrie, dont l’époux de Frédégonde reprit aussitôt possession. Chilpéric apprit sans remords et sans haine le meurtre de son frère, pour lequel il ordonna de royales funérailles : selon la coutume germanique, le corps du roi d’Austrasie fut revêtu de vêtements magnifiques et enseveli avec pompe dans le village de Lambres sur la Scarpe.

La mort de Sigebert termine la première période de cette lutte qui avait commencé par le meurtre de Galswinthe. Les hommes de l’ouest et ceux de l’est s’étaient trouvés en présence, et ils devaient se rencontrer souvent encore sur le champ de bataille avant que ceux-ci l’emportassent. Cette fois c’était une querelle personnelle qui les avait armés ; mais une haine plus profonde, née de la différence des mœurs, allait les diviser. Alors les passions brutales, les ambitions sans foi des fils de Clovis, les partages mal distribués, unis à cette antipathie nationale qui se caractérise chaque jour davantage, vont amener rapidement la décadence de la lignée de Clovis.

« Le sceau d’une destinée irrésistible, dit Augustin Thierry dans ses Récits des temps mérovingiens, n’est dans aucune histoire plus fortement empreint que dans celle des rois de la dynastie mérovingienne ; ces fils de conquérants à demi sauvages, nés avec les idées de leurs pères au milieu des jouissances du luxe et des tentations du pouvoir, n’avaient dans leurs passions et leurs désirs ni règle ni mesure. Vainement des hommes plus éclairés qu’eux sur les affaires de ce monde et sur la conduite de la vie élevaient la voix pour leur conseiller la modération et la prudence, ils n’écoutaient rien et se perdaient faute de comprendre ; et l’on disait : Le doigt de Dieu est là. C’était la formule chrétienne ; mais, à les voir suivre, en aveugles et comme des barques emmenées à la dérive, le courant de leurs instincts brutaux, on pouvait sans être un prophète deviner et prédire la fin qui les attendait presque tous. »

Au surplus les contemporains mêmes eurent le pressentiment de cette chute. Un jour, rapporte-t-on, que Salvius et Grégoire de Tours se promenaient autour du palais de Braine, où résidait alors la famille de Chilpéric, le premier tout à coup s’adressant à Grégoire de Tours en lui montrant le faîte de l’édifice : « Est-ce que tu ne vois pas quelque chose au-dessus du toit de ce bâtiment ? — Je vois, répondit l’évêque de Tours, le nouveau belvédère que le roi vient d’y faire élever. — Et tu n’aperçois rien de plus ? — Rien, répondit Grégoire ; si tu vois autre chose, dis-moi ce que c’est. — Je vois, reprit l’évêque Salvius avec un grand soupir, je vois le glaive de la colère de Dieu suspendu sur cette maison. » Neuf ans plus tard, l’assassinat de Chilpéric commençait à réaliser cette fatale prédiction et annonçait la ruine de la famille de Clovis.

 
 
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