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8 décembre 1744 : mort de Marie-Anne de Nesle, duchesse de Châteauroux et favorite de Louis XV

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Éphéméride, événements
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8 décembre 1744 : mort de Marie-Anne
de Nesle, duchesse de Châteauroux
et favorite de Louis XV
(D’après « Nouveau dictionnaire de la conversation,
ou répertoire universel de toutes les connaissances nécessaires,
utiles, etc. » (Tome 6), paru en 1844)
Publié / Mis à jour le jeudi 8 décembre 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Veuve à 23 ans, celle dont les deux soeurs avaient précédemment conquis le coeur de Louis XV, inspira à son tour la passion la plus vive au monarque : devenue favorite en titre et soutenue par le duc de Richelieu, elle fut quelque temps toute-puissante à Versailles ; mais animée de nobles sentiments, elle sut arracher le roi aux délices de la cour et le conduire à la tête de ses armées en Flandre et en Alsace.

Née le 5 octobre 1717, Marie-Anne de Nesle, dernière fille de Louis de Mailly-Nesle et d’Armande de La Porte Mazarin — arrière-petite-nièce de Mazarin — fut veuve à 23 ans du marquis de la Tournelle qu’elle avait épousé en 1734, et elle regarda comme une des attributions de sa noble et antique famille d’être à son tour maîtresse de Louis XV, ainsi que l’avaient été trois de ses soeurs : Louise-Julie (1710-1751), comtesse de Mailly, en 1733, favorite en 1736 ; Pauline-Félicité (1712-1741), comtesse de Vintimille, qui supplanta sa soeur aînée dans le cœur de Louis XV en 1739 ; Diane-Adélaïde (1714-1769), duchesse de Lauraguais.

La fidélité que pendant plusieurs années Louis XV garda à son épouse contrariait beaucoup de courtisans, et la plus grande partie d’entre eux concourut à priver cette princesse d’une tendresse dont Louise-Julie de Mailly devint le premier objet dans l’ordre illégitime. Se supplantant successivement, les demoiselles de Nesle furent enfin représentées dans le poste de favorite par Marie-Anne, marquise de la Tournelle, qui se fit nommer dame du palais de la reine, et exigea que son titre fût changé en celui de duchesse de Châteauroux. Le roi y consentit, ajoutant 80 000 livres de rente à la dignité, et faisant mettre dans les lettres patentes, que « le mérite personnel et les vertus de Mme de la Tournelle étaient les seuls motifs des grâces qu’il lui accordait ».

Mme de Châteauroux crut faire oublier son déshonneur et son avidité en inspirant au roi le désir de la gloire. La mort (1743) du cardinal de Fleury, premier ministre, permettant à Louis XV de régner par lui-même, sans avoir la peine de contrarier les habitudes d’un pouvoir qu’il avait toléré longtemps, et Mme de Châteauroux qui avait fait son guide du duc de Richelieu, après l’avoir eu pour amant, engagea le roi à présider ses conseils, et à commander ses armées en personne.

Quant à l’économie, que plusieurs croient une vertu royale, la favorite ne s’en souciait guère, témoin les 1 200 000 francs qu’elle fit dépenser à Choisy, dont le séjour lui plaisait. Craignant les remontrances d’Orry, son contrôleur général, Louis XV lui fit remettre le mémoire qu’il n’avait osé lui donner, et fut agréablement surpris quand l’habile ministre lui dit : « Sire, je suis étonné de la modicité de la somme et j’ai mis en réserve pour cet objet 1 500 000 francs. »

Marie-Anne de Mailly-Nesle, duchesse de Châteauroux, par Jean-Marc Nattier (1740)

Marie-Anne de Mailly-Nesle, duchesse de Châteauroux, par Jean-Marc Nattier (1740)

Si Marie-Anne de Nesle, duchesse de Châteauroux, eût aimé la gloire, on aurait réservé cet argent pour pousser plus vivement la guerre que la France allait soutenir contre l’Angleterre et contre la reine de Hongrie : elle crut suffisant au succès de nos armes de mener le roi visiter les places fortes de la frontière, depuis Dunkerque jusqu’à Metz, annonçant qu’il allait prendre le commandement de son armée d’Alsace. Louis XV partit de Paris au mois de mai 1744 ; la duchesse le suivait ; mais pour éviter le scandale de leur réunion dans chaque ville où séjournait le roi, on perçait des murailles ou l’on construisait des cloisons de planches : ce qui laissait ignorer au public l’heure des communications, mais en fournissait les preuves les plus ostensibles.

Menin, Ypres, Furnes, le fort de Kenox, furent pris sous les yeux du roi, et ces succès avaient déjà sensiblement touché les Français, lorsqu’à Metz il tomba malade d’une fièvre maligne, à la suite des fatigues de cette campagne et des excès de table auxquels il se livrait fréquemment. Les églises de Paris se remplirent alors de toute la population : on n’entendait que cris et prières, et le surnom de bien-aimé fut unanimement décerné au prince qui, par quelques actes de courage, venait de ranimer l’amour de ses sujets.

La reine, Marie Leszczyńska, dont la cassette était vide, emprunta mille louis à Villemur, receveur général des finances, afin de partir sur-le-champ pour Metz, où Mme de Châteauroux, assise au chevet du roi, recevait de nouvelles assurances de sa tendresse ; mais le 14 août le duc de Chartres et l’évêque de Soissons ayant appris au monarque que ses jours étaient en danger, il consentit, sur les représentations de l’évêque, à renvoyer sa favorite, et, selon l’usage du temps, demanda pardon à ceux qui l’entouraient du scandale qu’il avait donné. Dans son trajet de Metz à Paris, la duchesse de Châteauroux, qui s’était à grand’peine procuré une des voitures du maréchal de Bellisle, fut accablée d’injures par le peuple des campagnes, et ne se déroba aux mauvais traitements dont on la menaçait, qu’en prenant des chemins détournés ou en traversant à pied et inconnue plusieurs villages.

La longueur de la convalescence du roi, les sentiments que parurent lui inspirer la douleur et les soins de la reine, laissèrent croire un instant que Marie-Anne de Châteauroux était bannie pour jamais. Mais la sage Marie Leszczyńska, âgée de 41 ans et mère de dix enfants, ne pouvait guère lutter contre une jeune et belle femme, aux yeux d’un roi beaucoup plus désireux de charmes que de vertus. Le maréchal de Richelieu, qui ne se piquait point de délicatesse, imagina des parties de chasse dans lesquelles le roi revit Mme de Châteauroux : elle reprit tout son empire, et exigea une réparation éclatante pour ce qu’elle appelait l’affront reçu à Metz.

M. d’Argenson (d’autres disent M. de Maurepas), qui lui avait signifié son exil, fut chargé de lui annoncer son rappel. A cette nouvelle, les poissardes s’écrièrent : « Puisque le roi la reprend, il ne trouvera plus un Pater sur le pavé de Paris ! » Qu’aurait-on dit si l’on avait su que Mme de Châteauroux obtenait aussi sa nomination de surintendante de la maison de la jeune dauphin que l’on attendait ?

Mais la mort s’opposa à cette preuve de la faiblesse du roi, de l’effronterie de la favorite. A peine avait-on appris qu’elle était rappelée à la cour, que la duchesse de Châteauroux, atteinte d’un mal aussi violent que subit, expira le 8 décembre 1744, non sans que ses ennemis, et ils étaient nombreux, fussent accusés de l’avoir empoisonnée. Le roi la regretta ; et les dames de Pompadour et du Barry, qui lui succédèrent, aussi ambitieuses et plus avides, n’ayant ni l’élévation d’esprit, ni la dignité de Marie-Anne de Châteauroux, la firent aussi regretter par la nation.

On publia en 1806 deux volumes de ses lettres, et Sophie Gay fit paraître, sous le titre de La duchesse de Châteauroux, un roman plein d’intérêt, en deux volumes (1834 et 1839).

 
 
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