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19 novembre 1703 : mort du Masque de Fer à la Bastille

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19 novembre 1703 : mort du
Masque de Fer à la Bastille
Publié / Mis à jour le dimanche 18 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Quelques mois après la mort du cardinal de Mazarin, on envoya dans le plus grand secret, au château de l’île Sainte-Marguerite, dans la mer de Provence, un prisonnier inconnu, d’une taille au-dessus de l’ordinaire, jeune et de la figure la plus belle et la plus noble. Ce prisonnier, dans la route, portait un masque, dont la mentonnière avait des ressorts d’acier, qui lui laissaient la liberté de manger avec le masque sur son visage. On avait ordre de le tuer s’il se découvrait. Il resta dans l’île jusqu’à ce qu’un officier de confiance, nommé Saint-Mars, gouverneur de Pignerol, ayant été fait gouverneur de la Bastille, l’an 1690, l’alla prendre à l’île Sainte-Marguerite, et le conduisit à la Bastille, toujours masqué.

Le marquis de Louvois alla le voir dans cette île avant sa translation, et lui parla debout et avec une considération qui tenait du respect. Cet inconnu fut mené à la Bastille, où il fut logé aussi bien qu’on pouvait l’être dans ce château. On ne lui refusait rien de ce qu’il demandait. Son plus grand goût était pour le linge d’une finesse extraordinaire, et pour les dentelles. Il jouait de la guitare ; on lui faisait la plus grande chère, et le gouverneur s’asseyait rarement devant lui.

Le Masque de Fer

Le Masque de Fer

Un vieux médecin de la Bastille, qui avait souvent traité cet homme singulier dans ses maladies, a dit qu’il n’avait jamais vu son visage, quoiqu’il eût souvent examiné sa langue et le reste de son corps. Il était admirablement bien fait, disait ce médecin ; sa peau était un peu brune ; il intéressait par le seul son de sa voix, ne se plaignant jamais de son état, et ne laissant point entrevoir ce qu’il pouvait être.

Cet inconnu mourut en 1703, et fut enterré la nuit, à la paroisse de saint Paul. Ce qui redouble l’étonnement, c’est que quand on l’envoya dans l’île Sainte-Marguerite, il ne disparut dans l’Europe aucun homme considérable. Ce prisonnier l’était, sans doute, car voici ce qui arriva les premiers jours qu’il était dans l’île.

Le gouverneur mettait lui-même les plats sur la table, et ensuite se retirait après l’avoir enfermé. Un jour le prisonnier écrivit avec un couteau sur une assiette d’argent, et jeta l’assiette par la fenêtre, vers un bateau qui était au rivage presque au pied de la tour ; un pécheur, à qui ce bateau appartenait, ramassa l’assiette et la rapporta au gouverneur. Celui ci étonné, demanda au pêcheur : « Avez-vous là ce qui est écrit sur cette assiette, et quelqu’un l’a-t-il vue entre vos mains ? » « Je ne sais pas lire, répondit le pêcheur ; je viens de la trouver, personne ne l’a vue. » Ce paysan fut retenu jusqu’à ce que le gouverneur fut bien informé qu’il n’avait jamais lu, et que l’assiette n’avait été vue de personne. « Allez, lui dit-il, vous êtes bien heureux de ne savoir pas lire. »

Chamillart fut le dernier ministre qui eut cet étrange secret. Quelques jours avant sa mort, le second maréchal de la Feuillade, son gendre, le conjura, à genoux, de lui apprendre ce que c’était que cet homme, qu’on ne connut jamais que sous le nom de l’Homme au Masque de Fer. Chamillart lui répondit que c’était le secret de l’Etat, et qu’il avait fait serment de ne le révéler jamais.

Le Masque de Fer a été une énigme dont chacun a voulu deviner le mot. Les uns ont dit que c’était le duc de Beaufort ; mais le duc de Beaufort fut tué par les Turcs à la défense de Candie, en 1669, et l’Homme au Masque de Fer était à Pignerol en 1662. D’ailleurs, comment aurait-on transféré le duc de Beaufort en France, sans que personne en sût rien ?

Les autres — dont le père Griffet — ont rêvé le comte de Vermandois, fils naturel de Louis XIV, mort publiquement de la petite vérole, en 1683, à l’armée, et enterré dans la ville d’Arras. Mais il faut être fou pour imaginer qu’on enterra une bûche à sa place ; que Louis XIV fit faire un service solennel à cette bûche ; et que pour achever la convalescence de son propre fils, il l’envoya prendre l’air à la Bastille pour le reste de sa vie, avec un masque de fer sur le visage.

On a imaginé ensuite — Saint-Foix, Essais sur Paris — que le duc de Montmouth, à qui le roi Jacques fit couper la tête publiquement dans Londres, en 1685, était l’Homme au Masque de Fer. Il aurait fallu qu’il eût ressuscité, que l’ordre des temps eût été changé, et que l’année 1662 eût pris la place de 1685 ; que le roi Jacques eût fait mourir, au lieu de lui, un homme qui lui ressemblât parfaitement ; il aurait fallu trouver ce sosie, qui aurait eu la bonté de se faire couper le cou en public pour sauver le duc de Montmouth ; il aurait fallu que toute l’Angleterre s’y fût méprise ; qu’ensuite le roi Jacques eût prié instamment Louis XIV de vouloir bien lui servir de sergent et de geôlier. Louis XIV, ayant fait ce petit plaisir au roi Jacques, n’aurait pas manqué d’avoir les mêmes égards pour le roi Guillaume et pour la reine Anne, avec lesquels il fut en guerre.

Toutes ces illusions étant dissipées, il reste à savoir qui était ce prisonnier toujours masqué, auquel on a voit donné un nom italien, car on l’appela toujours Marchiali. D’après le Journal de du Jonca, il paraît certain qu’après la mort de ce prisonnier, il y eut ordre de brûler généralement tout ce qui avait été à son usage, comme linge, habits, matelas, couvertures, et qu’on poussa même les précautions jusqu’à défaire les carreaux de-sa chambre, dans la crainte qu’il n’eût caché quelque billet ou fait quelque marque qui eût pu aider à faire découvrir qui il était.

 
 
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