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12 novembre 1793 : exécution du mathématicien, littérateur et homme politique Jean Sylvain Bailly

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12 novembre 1793 : exécution du
mathématicien, littérateur
et homme politique
Jean Sylvain Bailly
(D’après « Éphémérides universelles ou Tableau religieux,
politique, littéraire, scientifique et anecdotique », paru en 1835)
Publié / Mis à jour le jeudi 12 novembre 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

La Révolution française arrachait les hommes de leur sphère, les enlevait à leur destinée et les jetait hors de la route qui leur semblait tracée : Bailly en fut une des plus déplorables victimes. Ses mœurs étaient douces, paisibles et timides ; il fut précipité, avec un premier rôle, sur la place publique, où il eut des intrigues à dénouer, des luttes à soutenir, des combats à livrer ; il aimait et cultivait les sciences et les lettres, il fut fait homme d’Etat, législateur, administrateur, au milieu de la plus terrible tempête. Toute sa vie avait été consacrée avec dévouement à la vertu, à son pays : il monta sur l’échafaud révolutionnaire, et sa mort, selon l’heureuse expression d’un biographe, fut atroce parmi les atrocités.

Fils d’un garde honoraire des tableaux du roi, Jean Sylvain Bailly, né le 15 septembre 1736, avait été destiné par son père à la peinture ; mais, cédant aux charmes si puissants des vers sur les jeunes imaginations, il se crut né pour la poésie et s’y livrait avec ardeur, lorsqu’un livre de mathématiques, tombé sous sa main, quelques conversations avec l’abbé de la Caille, quelques leçons du professeur Clairault rectifièrent cette erreur et lui révélèrent sa véritable vocation. Il occupa bientôt une place si élevée parmi les astronomes, que l’Académie des sciences le jugea digne de succéder à celui-là même qui l’avait mis sur la route, à l’abbé de la Caille.

Jean Sylvain Bailly

Jean Sylvain Bailly

Quoique spécialement dévoué à l’étude de la science, qu’il approfondissait avec tant de succès, Bailly n’avait point renoncé à la littérature ; les lettres étaient ses plus chers délassements ; plusieurs éloges honorablement remarqués du public et des corps littéraires, avaient exercé sa plume, lorsqu’il composa sa brillante Histoire de l’astronomie, qui lui ouvrit les portes de l’Académie française, à la mort du comte de Tressan. Un an après, l’Académie des inscriptions et belles lettres le recevait aussi parmi ses membres. Ses vastes et utiles travaux et particulièrement un Mémoire sur les jongleries de Mesmer, qu’il condamnait avec autant de lumière et de sagacité que de prudence et de bonne foi, lui valurent ce dernier honneur, qui le plaçait au-dessus de tous ses collègues des sciences et des lettres, car le seul Fontenelle, avant lui, avait été membre de trois Académies.

Ainsi, rien ne manquait à la renommée scientifique et littéraire de Bailly. Un mémoire sur la construction des hôpitaux révéla la charité pure et la douce philanthropie de sa belle âme : jusqu’alors ses vertus privées avaient été le secret des nombreux amis que lui avaient faits les charmes de son esprit et l’aménité de son caractère.

Telle fut la vie de Bailly avant 1789 ; ses goûts, ses mœurs, ses occupations, ses vertus, l’estime et l’affection publiques lui promettaient l’heureuse et paisible vieillesse d’un sage et d’un homme de bien, lorsque les collèges électoraux s’assemblèrent. Nommé député du Tiers-Etat pour Paris, il fut le premier président élu de l’assemblée constituante : le charme de sa vie s’évanouit aussitôt, les orages commencèrent. Bailly était d’un caractère faible et timide, mais il avait dans les grandes circonstances cette énergie que donnent la conscience et le sentiment du devoir ; car il faut remarquer que le courage civil se rencontre souvent, au moment des crises, dans les hommes que les événements vulgaires de la vie montrent pusillanimes. Tous les honneurs de la séance du Jeu de Paume furent pour lui. Son élévation à la dignité de maire de Paris fut la récompense qu’il avait tenue comme président de l’assemblée constituante.

Sans raconter les douleurs du maire de Paris, ses vertus administratives, ses sollicitudes laborieuses, ses résistances au mal, ses efforts vers le bien, ses conseils de loyauté à une cour intrigante, ses conseils de modération à un peuple déchaîné, il suffira de dire que, du mois de juillet 1789 au mois de novembre 1791, époque à laquelle il résigna ses fonctions, Bailly voulut tout le bien qu’il pouvait faire, et que, s’il avait pu tout ce qu’il voulait, la population parisienne serait restée pure.

Heureux de son indépendance recouvrée, caché dans une retraite profonde, auprès de Nantes, il cherchait dans l’étude l’oubli de ses peines et le repos de ses fatigues ; mais la solitude l’attristait, les relations sociales avaient été si douces pour lui ! Il voulut aller retrouver quelques amis réfugiés à Melun ; reconnu aux portes de cette ville, il fut arrêté, puis transféré dans les cachots de Paris.

Avant de quitter sa prison pour aller clore sa vie honorable par une mort sublime, il en sortit une fois pour s’élever jusqu’à Malesherbes. Appelé à la barre du Tribunal révolutionnaire, comme témoin dans le procès de Marie-Antoinette, il s’inclina avec un douloureux respect devant une auguste infortune, et osa, en face de l’horrible Fouquier, déclarer que les accusations portées contre la reine étaient fausses et calomnieuses. Il fallait une vertu courageuse dans un témoin pour parler selon sa conscience et rendre hommage à la vérité, car alors toute déposition à décharge était un arrêt de mort contre le déposant.

Ce témoignage de Bailly fut une des bases de l’acte d’accusation dressé contre lui ; mais son crime capital, le crime pour lequel il allait tant souffrir, c’était d’avoir, au Champ-de-Mars, conformément à ses devoirs de magistrat, arboré le drapeau rouge et proclamé la loi martiale contre le peuple en insurrection. Il était déjà arrivé sur la place de la Révolution, au pied de l’échafaud, lorsqu’une voix s’écria qu’il devait subir le châtiment à la place même où il avait commis le crime. La proposition barbare fut accueillie, avec transport et battements de mains.

A pied, les mains liées derrière le dos, tête nue, sous une pluie fine et glaciale de novembre, ballotté par une foule brutale et ingénieuse dans sa férocité, Bailly marcha avec sérénité vers le lieu si éloigné de son supplice. Mais si son âme était inaccessible à ces douleurs, son corps y succomba : il s’évanouit. Ses tourmenteurs (pour franciser l’énergique expression latine) lui rendirent le sentiment de l’existence, et comme ses membres frémissaient de froid : « Tu trembles, lui dit un soldat. — J’ai froid », répondit Bailly, avec l’héroïque simplicité d’un Valazé.

L’échafaud était dressé au milieu du Champ-de-Mars, et l’instant de la délivrance semblait arrivé pour la victime ; mais une voix s’écria encore : que la place où avait coulé le sang des patriotes ne devait pas être souillée par le sang d’un traître. Joyeuse de prolonger sa fête, la populace démonta la guillotine, pour la seconde fois, et la rétablit hors du Champ-de-Mars sur un tas de fumier. Le drapeau rouge, que Bailly avait fait jadis déployer, fut livré aux flammes et agité sous le visage du martyr : enfin le bourreau put s’emparer de lui.

 
 
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