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9 novembre 1799 : coup d'Etat du 18 brumaire an VIII et renversement du Directoire

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9 novembre 1799 : coup d’Etat du
18 brumaire an VIII et
renversement du Directoire
Publié / Mis à jour le jeudi 8 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Nous ne nous arrêterons pas à retracer la longue série de désordres, de calamités, d’erreurs, de fautes ou de crimes qui provoquèrent et nécessitèrent la journée éternellement mémorable du 18 brumaire. Mais les moindres détails de cette journée sont précieuses pour l’histoire.

On se rappelle que l’enthousiasme fut universel en France, lorsqu’on apprit que le général Bonaparte, rappelé par les vœux de tous les bons citoyens, au secours de la patrie, venait de débarquer à Fréjus (9 octobre). Dès qu’il fut arrivé à Paris, les chefs de toutes les factions se pressèrent autour de lui, pour se fortifier de son suffrage et de son appui. Au milieu de cette fluctuation, Bonaparte sentit la nécessité de ramener promptement dans le port le vaisseau de l’Etat faisant eau de toute part. Comme un nouvel Alexandre, il se décide à couper le nœud gordien, en saisissant d’une main hardie les rênes du gouvernement.

Le 16 brumaire, plusieurs députés des deux conseils, aussi pénétrés que lui de la nécessité de cette nouvelle révolution, s’assemblent chez Lemercier, président du Conseil des Anciens. Là, on examine, on pèse le mode d’exécution. Il est convenu que le déplacement subit et inattendu du corps législatif hors Paris, l’appareil imposant donné à une séance extraordinaire , doivent influer sur son résultat moral et politique ; il est alors arrêté que la translation des Conseils et du Directoire à Saint-Cloud sera proposée par la commission des inspecteurs au Conseil des Anciens, à l’ouverture de la séance du 18.

Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint Cloud

Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint Cloud

Ce jour arrivé, le Conseil des Anciens ouvre sa séance à huit heures du matin. Cornet, du Loiret, obtient la parole au nom de la commission des inspecteurs ; il expose le danger que courait la chose publique, et propose le décret de translation. Quelques membres demandent que la discussion soit ouverte, mais Regnier, étant monté à la tribune, parle avec tant de chaleur et d’énergie, sur l’état déplorable où la France est réduite, que de toute part on demande à aller aux voix, et la majorité rend une loi qui, aux termes de la constitution expirante de l’an 3, n’avait pas besoin du concours du Conseil des Cinq-Cents.

Cette loi portait en substance la translation du corps législatif à Saint-Cloud, l’interdiction de toutes fonctions ailleurs, et avant le lendemain à midi la remise entre les mains du général Bonaparte de l’exécution du décret, et des mesures nécessaires pour la sûreté de la représentation nationale, et sa promotion à cet effet au commandement de la dix-septième division. Il était appelé au sein du Conseil, pour y prêter serment et se concerter avec les commissions des inspecteurs des deux Conseils. L’envoi du décret était ordonné dans toutes les communes de la République, par des courriers extraordinaires. Le général Bonaparte, environné d’un nombreux état-major, attendait chez lui le résultat de cette importante délibération. Deux messagers d’Etat étant venus lui notifier le décret, il se rend aussitôt à la barre du Conseil des Anciens.

La harangue qu’il adressa aux soldats est un de ces morceaux d’éloquence forte et persuasive, dans le genre des héros de Tite-Live ou de Tacite, propres à frapper et à émouvoir fortement l’imagination. « Dans quel état, dit-il, j’ai laissé la France ! Dans quel état je la retrouve ! Je vous avais laissé la paix, et je retrouve la guerre ! Je vous avais laissé des conquêtes, et l’ennemi presse vos frontières ! J’ai laissé vos arsenaux garnis, et je n’ai pas trouvé une arme ! Vos canons ont été vendus ! Le vol a été érigé en système ; les ressources de l’Etat sont épuisées. On a eu recours à des moyens vexatoires, réprouvés par la justice et le bon sens : on a livré le soldat sans défense. Où sont-ils les braves, les cent mille camarades que j’ai laissés couverts de lauriers ? Que sont-ils devenus ? Ils sont morts !...

« Cet état de choses ne peut durer. Il est temps que tous les citoyens oublient les factions dont on les fit membres pour leur permettre d’être Français... Il est temps, enfin, que l’on rende aux défenseurs de la patrie la confiance à laquelle ils ont tant de droits. A entendre quelques factieux, bientôt nous serions tous les ennemis de la République ; nous qui l’avons affermie par nos travaux et notre courage. Nous ne voulons pas de gens plus patriotes que les braves qui ont été mutilés au service de la République.

« Vous avez espéré que mon retour mettrait un terme à tant de maux ; vous l’avez célébré avec une union qui m’impose des obligations que je remplis : vous remplirez les vôtres, et vous seconderez votre général avec l’énergie, la confiance et la fermeté que j’ai toujours trouvées en vous. La liberté, la victoire et la paix replaceront la République française au rang qu’elle occupait en Europe, et que l’ineptie et la trahison ont pu seules lui faire perdre. »

L’influence de la renommée de Bonaparte avait déjà attiré autour de lui les officiers-généraux et autres militaires distingués qui se trouvaient à Paris. Il nomme à l’instant le général Lefèvre, son premier lieutenant ; Andréossi, chef de l’état-major, ayant sous ses ordres Caffarelli et Doucet, adjudants-généraux. Murat commande la cavalerie, Marmont l’artillerie, Lannes aux Tuileries, Michaut au Luxembourg, Serrurier à Saint-Cloud, MacDonald à Versailles.

Bonaparte avait fait aussi annoncer d’avance, par le général Lefèvre, à tous les militaires qu’un nouvel ordre de choses s’opérait, et que le Conseil des Anciens allait sauver la République ; on les avait prévenus que l’éloignement des premières autorités ne serait pas de longue durée, et qu’elles continueraient de résider à Paris. La publicité de ces proclamations inattendues avait produit une vive sensation sur les esprits ; on se presse en foule vers les Tuileries ; quel est l’étonnement général de les voir transformées en un vaste camp, garni de dix mille hommes de toute arme et en état imposant de défense ! Cette enceinte formidable était inaccessible à tous autres qu’aux fonctionnaires publics.

Le Conseil des Cinq-Cents ouvrit sa séance à midi : ses membres étaient instruits de la résolution prise par les Anciens. Les députés opposants frappés à l’improviste, sans point de contact, mutuellement incertains du degré de résistance de leurs collègues, travaillés par les bruits vagues et les fausses terreurs, ne présentaient pas un front capable d’ébranler la majorité On fait lecture du message des anciens, on insiste pour entamer la délibération ; mais le président s’y refuse et prononce l’ajournement à Saint-Cloud. Leur séance ainsi levée, les commissions des deux conseils se réunirent à Bonaparte, et s’établirent en comité permanent dans le lieu même des séances du Conseil des Cinq-Cents, qui devint le point central des opérations de sûreté publique et des mesures nécessaires pour assurer la translation du corps législatif à Saint-Cloud : elles étaient prises d’avance, et déjà deux proclamations, affichées dans tout Paris, rassuraient les habitants sur l’absence momentanée du corps législatif, devenue indispensable pour le tirer du péril imminent où l’avait placé la désorganisation de toutes les parties de l’administration publique.

Les deux directeurs, Sieyès et Roger Ducos, qui appuyaient secrètement la nouvelle révolution, attendaient en silence le résultat de l’assemblée des Anciens. Sieyès se promenait dans le jardin du Luxembourg, et Roger Ducos se tenait tranquillement chez lui. Dès qu’ils furent informés l’un et l’autre du décret qui venait d’être rendu, ils se transportèrent aux Tuileries, à la commission des inspecteurs. Barras fut instruit de ce qui se passait avant ses deux collègues, Gohier et Moulins. Comme, dans l’exercice de ses fonctions, il s’était quelquefois montré le défenseur de Bonaparte, il fut secrètement averti de l’impuissance des efforts qui pourraient être tentés pour s’opposer au torrent qui précipitait la chute du Directoire.

On alla, de très bonne heure, lui demander sa démission. Il se mit d’abord en colère, et puis, prenant conseil de la prudence, il se détermina à donner sa démission, en disant, « qu’au surplus cette révolution était juste et nécessaire ; qu’il fallait absolument que l’autorité fût concentrée ; que les affaires ne pourraient marcher tant qu’il y aurait à la tête du gouvernement cinq individus qui ne s’aimaient ni ne s’estimaient. »

Cependant le président Gohier se rend à la salle des audiences du Directoire : il mande ses autres collègues. Moulins seul se rend à son invitation. Ils envoient chercher Sieyès. On vient leur dire qu’il s’est rendu à la commission des inspecteurs des anciens. Ce départ leur donne de l’inquiétude. Elle augmente quand ils apprennent que Roger Ducos a pris le même parti. Ils demandent Barras ; on leur répond qu’il est chez lui, mais qu’il refuse de se rendre à la salle des délibérations. Gohier fait alors appeler le secrétaire-général du Directoire, Lagarde, pour verbaliser et prendre quelques arrêtés ; mais Lagarde leur observe que deux membres ne formant point la majorité du Directoire, il lui est impossible de remplir les fonctions attachées à son ministère. Ils font enfin appeler le commandant de la force militaire de Paris, le général Lefèvre. Il arrive, et leur déclare qu’en vertu du décret qui vient d’être rendu par les Anciens, il ne pouvait ni ne devait plus recevoir d’ordre que du général Bonaparte.

Les deux directeurs se regardent quelque temps avec une mutuelle surprise. Moulins entre en fureur, et veut qu’on aille investir la maison de Bonaparte ; mais en mettant la tête à la fenêtre, il s’aperçoit que le Luxembourg est investi par de nombreux détachements. Saisi de frayeur, il se sauve par une croisée qui donnait sur son jardin, et de son jardin il gagne celui du Luxembourg, par lequel il s’esquive avec la plus grande précipitation. Le président Gohier se rend en personne aux Tuileries, et signe, en qualité de président, le décret de translation. Les directeurs Sieyès et Roger Ducos y apposent également leur signature, et donnent aussitôt leur démission. Gohier refuse la sienne, ainsi que la remise des sceaux de l’Etat dont il était dépositaire. Il déclare qu’il a juré le maintien de la constitution de l’an 3, et qu’il sera fidèle à son serment. De retour au Luxembourg, il est mis en surveillance pour la sûreté publique, et y demeure jusqu’au lendemain soir, où on vient lui notifier le décret qui a fait passer dans les mains consulaires le gouvernement confié au Directoire.

Quant à Barras, ayant envoyé sa démission directement à Bonaparte, par l’intermédiaire de son secrétaire, il prit le parti de se retirer dans sa terre de Gros-Bois, où il se rendit sous l’escorte d’un détachement de cavalerie, qui lui fut donné pour sa sûreté personnelle. Au même instant, les barrières de Paris sont fermées, les administrations municipales suspendues, et la translation du corps législatif se prépare sans aucune apparence de trouble ni d’agitation.

 
 
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