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31 octobre 1793 : exécution des Girondins

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31 octobre 1793 : exécution des Girondins
Publié / Mis à jour le vendredi 26 octobre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Il était tombé ce célèbre parti de la Gironde, parti des modérés, parti éloquent et trop confiant en lui-même, en ses talents, en ses vertus, dont le crime capital avait été de vouloir jeter l’ancre en pleine Révolution : les journées du 31 mai, du 2 juin avaient consommé sa défaite. Mis d’abord en état d’arrestation chez eux, les illustres captifs ne tardèrent pas à être écroués dans les prisons de la République, jusqu’à ce que la Convention, ou plutôt la Montagne, qui régnait désormais sans partage, eût prononcé sur leur sort.

Du fond de son cachot, dans un écrit énergique, Vergniaud osa protester : il fut mis au secret, et, le 8 juillet, Saint-Just, au nom du Comité de Salut public, fit à la Convention un rapport sur les trente-deux proscrits du 2 juin. Quelques jours après, Billaud-Varennes demanda le décret d’accusation, en ajoutant à la liste de mort les noms de Foufrède, Ducos et Dussaulx.

Mais trente-cinq victimes ne suffisaient déjà plus à la rage toujours croissante des dominateurs de la Convention : le 28 juillet, on décréta provisoirement la mise hors la loi de tous les députés qui s’étaient soustraits au décret d’accusation lancé contre eux. Enfin, Amar, rapporteur du Comité de sûreté générale, monte à la tribune ; c’est l’acte d’accusation des Girondins qu’il vient dresser, en répétant, avec la même impudence que Saint-Just, les imputations déjà produites par ce dernier, en y joignant d’autres calomnies non moins absurdes, en s’efforçant de lier leur conspiration prétendue avec celle des agents de l’étranger.

Incarcération des députés girondins à la prison de la Force (Paris) en 1793

Incarcération des députés girondins à la prison de la Force (Paris) en 1793

La Convention adopte le décret proposé par Amar. Quarante-deux proscrits, décrétés d’accusation et joints aux vingt et un fugitifs, formaient un total de soixante-trois. En outre, soixante-treize députés qui avaient protesté contre les proscriptions du 2 juin, et dont neuf seulement se trouvaient compris dans l’acte d’accusation, venaient d’être décrétés d’arrestation. D’un même coup, cent vingt-sept députés étaient frappés, bannis par leurs collègues : la terreur fondait légalement et judiciairement son hideux régime.

Le grand procès s’instruisit en peu de jours, et l’ouverture des débats fut fixée au 24 octobre. Déjà, le 8 et le 23, Gorsas et Biroteau, deux députés mis hors la loi, saisis, l’un à Paris, l’autre à Bordeaux, avaient été exécutés sans autre forme qu’une reconnaissance d’identité. Au jour désigné, vingt et un députés, choisis parmi les plus marquants, furent traduits à Paris devant le Tribunal révolutionnaire. Ces députés étaient Brissot, écrivain philanthrope, Vergniaud, grand orateur, le Mirabeau de l’assemblée législative, et qui présidait cette assemblée dans la journée du 10 août 1792, Gensonné, qui avait sacrifié à son ami Guadet une occasion de fuite et de salut ; hélas ! trop passager, Lauze Duperret, Carra, Gardien, Dufriche-Valazé, Duprat, Brulard-Sillery, Fauchet, Ducos, Boyer-Fonfrède, Lasource, l’Esterpt-Beauvais, Duchâtel, Mainvielle, Lacaze, Lehardy, Boileau, Antiboul et Vigée.

Dans ce procès, dont le jugement était prononcé d’avance, les accusés eurent néanmoins une lueur d’espoir, un instant de triomphe, et ils le durent à un réveil de Vergniaud, dont le talent facile et sublime s’oubliait trop souvent dans la mollesse, même en face de l’échafaud. Déjà la persuasion coulait de ses lèvres avec ses paroles mélodieuses : elle s’en élançait en vives images, en pénétrantes apostrophes. La Convention eut peur de voir sa proie lui échapper ; sur la demande d’Audouin, gendre de Pache, un décret permit aux jurés de mettre fin aux débats, en déclarant qu’ils étaient assez instruits. Dès le lendemain, Vergniaud fut réduit au silence, et les débats se fermèrent avant qu’aucun des accusés ait pu prendre la parole, malgré leurs efforts redoublés pour l’obtenir.

Le 30 octobre, à onze heures du soir, sur la déclaration unanime du jury et sur le réquisitoire de Fouquier-Tinville, le président Hermann prononça la peine de mort contre les vingt et un accusés. Tous, ils entendirent leur sentence avec calme. Puis Boileau, levant son chapeau : « Peuple, cria-t-il, nous sommes innocents ! — Nous sommes innocents », répétèrent les condamnés. Lasource dit à ses juges : « Je meurs dans un jour où le peuple a perdu sa raison : mais vous, vous mourrez dans celui où il aura recouvré la sienne. » En ce moment un homme tomba mort ; c’était Valazé, qui l’avait annoncé à ses collègues, et qui venait de se frapper au cœur d’un stylet caché dans les papiers préparés pour sa défense.

Fouquier-Tinville requit et le tribunal ordonna que ce cadavre inanimé serait transporté au lieu de l’exécution et présenté au supplice. Boyer-Fonfrède et Ducos se tenaient embrassés. Plus loin, l’abbé Fauchet semblait adresser une prière à Dieu : à côté d’eux, Duprat exprimait par les traits de son visage l’énergie de l’âme ; Carra, la dureté du stoïcisme ; le vieux Sillery s’écriait : « Ce jour est le plus beau de ma vie ! » En sortant de la salle d’audience, tous les condamnés poussèrent le cri de vive la République ! signal, dont ils étaient convenus avec les autres prisonniers pour annoncer leur condamnation.

Il y eut peu d’heures d’intervalle entre la sentence et le supplice. Résignés à mourir, ces hommes ne changèrent rien à leurs habitudes de maintien, ni de langage, Brissot, grave et pensif ; Gensonné, recueilli en lui-même, comme s’il méditait, comme s’il craignait de souiller sa bouche du nom de ses assassins ; Vergniaud, tantôt sérieux, tantôt léger, citant des vers plaisants, dont sa mémoire était ornée, ou essayant encore une fois cette parole puissante, qui allait se taire pour jamais.

Il avait conservé du poison, mais il le jeta, préférant mourir avec ses collègues. Vergniaud avait trente-cinq ans, Brissot trente-neuf, Ducos, qui s’était dévoué pour son frère, n’en avait que vingt-huit, Boyer-Fonfrède que vingt-sept : tous deux quittaient ce qui donne du prix à la vie, une fortune immense, des épouses chéries, des enfants. Souvent ils s’embrassaient, et trouvaient dans ces nobles étreintes un courage, qui s’élevait jusqu’à l’héroïsme.

A midi, les vingt-un, y compris un cadavre, furent placés dans les fatales chartrettes. Sur la route, ils répétaient en chœur des chants patriotiques ; ils lançaient contre leurs bourreaux un des couplets de la Marseillaise :

Allons, enfants de la patrie,
Le jour de gloire est arrivé.
Contre nous de la tyrannie
Le COUTEAU sanglant est levé.

Ducos, inaltérable dans sa gaieté, plaisantait encore au pied de l’échafaud : là, il pressa tendrement son ami dans ses bras. Tous les martyrs s’embrassèrent : Sillery, le plus âgé (il comptait cinquante-sept ans), monta le premier, et salua le peuple. Plusieurs voulurent parler, mais ne purent se faire entendre. Lehardy cria vive la République ! les autres, en attendant leur tour, chantaient ce refrain :

Plutôt la mort que l’esclavage ;
C’est la devise des Français.

Gensonné, au moment de recevoir le coup mortel, pria le ciel pour le bonheur d’une patrie ingrate, qui lui donnait un échafaud pour prix de son amour et de ses services.

Ainsi périrent les chefs de la Gironde : les autres subirent presque tous un sort aussi funeste. Salles, Guadet, Barbaroux furent découverts dans les grottes de Saint-Emilion, près de Bordeaux, et périrent de la main du bourreau. Pétion et Buzot, après avoir erré quelque temps, se frappèrent eux-mêmes ; on les trouva morts dans un champ et à moitié dévorés par les loups. Babaud-Saint-Etienne fut livré par un ancien ami : Mme Roland monta sur l’échafaud, comme eût pu le faire une Romaine : son mari se tua, en apprenant la mort de sa femme.

Condorcet n’échappa au supplice que par le poison. Louvet, Kervelégan, Lanjuinais, Henri Larivière, Lesage, Lareveillère-Lépeaux et quelques autres survécurent au régime de la terreur, et rentrèrent dans la Convention, après le 9 thermidor.

 
 
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