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27 octobre 1700 : mort de l'abbé Armand-Jean de Bouthillier de Rancé, un des précurseurs de l’Ordre cistercien

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27 octobre 1700 : mort de l’abbé
Armand-Jean de Bouthillier de Rancé,
un des précurseurs de l’Ordre cistercien
Publié / Mis à jour le lundi 22 octobre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Dom Armand-Jean de Bouthillier de Rancé, né à Paris le 9 janvier 1626, était neveu de Claude de Bouthillier de Chavigny, secrétaire d’Etat et surintendant des finances. Il fit paraître dans son enfance de si heureuses dispositions pour les belles-lettres, que dès l’âge de douze ou quinze ans, à l’aide de son précepteur, il publia une nouvelle édition des Poésies d’Anacréon, en grec, avec des notes. Il devint chanoine de Notre-Dame de Paris, et obtint plusieurs abbayes.

L'abbé de Rancé

L’abbé de Rancé

Des belles-lettres il passa à la théologie, et prit ses degrés en Sorbonne avec la plus grande distinction ; il fut reçu docteur en 1654- Le cours de ses études fini, il entra dans le monde, s’y livra à toutes ses passions, et surtout à celle de l’amour : on veut même qu’elle ait occasionné sa conversion. On dit que l’abbé de Rancé, au retour d’un voyage, allant voir sa maîtresse, madame de Montbazon, fameuse par sa galanterie et ses intrigues, dont il ignorait la mort, monta par un escalier dérobé, et qu’étant entré dans l’appartement, il trouva sa tête dans un plat : on l’avait séparée du corps, parce que le cercueil de plomb qu’on avait fait faire était trop petit.

D’autres prétendent que son aversion pour le monde fut causée par la mort ou par les disgrâces de quelques-uns de ses amis, ou par le bonheur d’être sorti sans aucun mal d’un grand péril : les balles d’un fusil, qui devaient naturellement le percer, ayant donné dans le fer de sa gibecière. Il y a apparence que tous ces motifs réunis contribuèrent à son changement de vie. Du moment qu’il le projeta, il ne parut plus à la cour. Retiré dans sa terre de Veret, auprès de Tours, il consulta les évêques d’Aleth, de Pamiers et de Cominges.

Leurs avis furent différents ; celui du dernier fut d’embrasser l’état monastique. Le cloître ne lui plaisait point alors ; mais après de mûres réflexions, il se détermina à y entrer. Il vendit sa terre de Véret trois cent mille livres pour les donner à l’Hôtel-Dieu. de Paris, et ne conserva, de tous ses bénéfices, que le prieuré de Boulogne, de l’ordre de Grammont, et son abbaye de la Trappe, de l’ordre de Cîteaux. Les religieux de ce monastère y vivaient dans le dérèglement. L’abbé de Rancé, tout rempli de ses projets de retraite, demanda au roi et obtint un brevet pour y établir la réforme. Il prit ensuite l’habit régulier dans l’abbaye de Perseigne, fut admis au noviciat en 1663, et fit profession l’année d’après. La cour de Rome lui ayant accordé des expéditions pour rétablir l’austérité dans son abbaye, il exhorta si vivement ses religieux, que la plupart embrassèrent la nouvelle règle.

L’abbé de Rancé eût voulu faire dans tous les monastères de l’ordre de Cîteaux ce qu’il avait fait dans le sien ; mais ses soins furent inutiles. N’ayant pu étendre la réforme, il s’appliqua à lui faire jeter de profondes racines à la Trappe. Ce monastère reprit en effet une nouvelle forme. Continuellement consacrés au travail des mains, à la prière, et aux austérités les plus effrayantes, les religieux y retracèrent l’image des anciens solitaires de la Thébaïde. Ce monastère fit sentir non seulement aux cœurs les plus tièdes, jusqu’à quel point une foi vive et ardente peut nous rendre chères les privations les plus rigoureuses ; « mais il offrit au simple philosophe , dit d’Alembert, une matière intéressante de réflexions profondes sur le néant de l’ambition et de la gloire, les consolations de la retraite et le bonheur de l’obscurité. »

Le réformateur des religieux de la Trappe, voulant les détacher entièrement des choses terrestres, les priva des amusements les plus permis. L’étude leur fut interdite ; la lecture de l’Ecriture Sainte et de quelques Traités de morale, voilà toute la science qu’il disait leur convenir. Pour appuyer son idée, il publia son Traité de la Sainteté et des Devoirs de l’état monastique ; ouvrage qui causa une dispute entre l’austère réformateur et le doux et savant Mabillon ; cette guerre ayant été calmée, il fallut qu’il en soutint une autre avec les partisans d’Arnauld. Il écrivit sur la mort de cet homme illustre une lettre à l’abbé Nicaise, dans laquelle il se permettait des réflexions qui déplurent.

« Enfin, disait-il, voilà M. Arnauld mort ; après avoir poussé sa carrière aussi loin qu’il a pu, il a fallu qu’elle se soit terminée : quoi qu’on dise, voilà bien des questions finies. » La liberté qu’il se donna de recevoir des religieux des autres ordres, presque toujours malgré leurs supérieurs, lui fit un grand nombre d’ennemis ; d’autant plus qu’il avait peint avec des traits forts vifs la corruption des autres cloîtres et la perfection du sien. L’abbé de la Trappe, accablé d’infirmités, crut devoir se démettre de son abbaye. Le roi lui laissa le choix du sujet, et il nomma dom Zozime, qui mourut peu de temps après. Dom Gervaise, qui lui succéda, mit le trouble dans la maison de la Trappe. Il inspirait aux religieux un nouvel esprit opposé à celui de l’ancien abbé, qui, ayant trouvé le moyen d’obtenir sa démission, la fit remettre entre les mains du roi. Le nouvel abbé, surpris et irrité, courut à la cour noircir l’abbé de Rancé ; mais, malgré ses manœuvres, dom Jacques de la Cour obtint sa place. La paix ayant été rendue à la Trappe, le pieux réformateur mourut tranquille, le 26 octobre 1700 ; il expira couché sur la cendre et sur la paille, en présence de l’évêque de Sées et de toute sa communauté.

L’abbé de Rancé possédait de grandes qualités, un zèle ardent, une piété éclairée, une facilité extrême à s’énoncer et à écrire : son style est noble, pur, élégant ; mais il n’est pas assez précis ; il ne prend que la fleur des sujets. L’ambition avait été sa grande passion avant son changement de vie : il tourna ce feu qui le dévorait du côté de Dieu ; mais il ne put se détacher entièrement de ses anciens amis. Il dirigeait un grand nombre de personnes de qualité, et les lettres qu’il écrivait continuellement en réponse aux leurs, occupèrent une partie de sa vie.

On a dit « qu’il s’était dispensé, comme législateur, de la loi qui force ceux qui vivent dans le tombeau de la Trappe, d’ignorer ce qui se passe sur la terre. » Mais on peut dire pour l’excuser, que sa place l’obligeait à ces relations. On ne peut cependant s’empêcher de reconnaître dans ses démarches les plus louables, un air d’ostentation que la piété modeste évite ordinairement arec soin. Ses amis et lui, voulant trop occuper le public de la Trappe, firent graver tout ce qui concernait les bâtiments, les travaux et les exercices de ce monastère.

 
 
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