26 octobre 1646 : la ville de Lima (Pérou) est ruinée de fond en comble par un tremblement de terre

Ce fut sur les dix heures et demie du soir que cette grande ville fut renversée. Le mal fut si prompt et le ravage si général, que la fuite n’était pas un moyen d’éviter le danger. Les uns se trouvèrent écrasés soux les ruines des maisons, les autres dans les rues par la chute des murailles. Toutes les églises furent détruites et les plus beaux édifices abattus. De soixante mille habitants, néanmoins, il n’en périt pas la douzième partie.

Ceux-ci furent garantis dans les cavités que formaient les ruines mêmes ; ceux-là se trouvèrent transportés sur le haut du débris, sans savoir comment ils y étaient parvenus. Des deux tours de la cathédrale, l’une fut renversée, et l’autre portée jusqu’à l’endroit où sont les cloches : la nef fut écrasée par leur chute. Un magnifique arc de triomphe, bâti sur le pont et surmonté d’une statue équestre de Philippe V, fut mis en poudre ; le palais de l’audience, le tribunal de l’inquisition ; l’université, les collèges eurent le même sort. En moins de vingt-quatre heures, il y eut plus de deux cents secousses.

A la même heure, le fort de Callao, situé vis-à-vis, et dans la mer, fut submergé par les eaux. De vingt-quatre vaisseaux qui étaient dans le port, dix-neuf furent engloutis et les autres mis à sec, à une grande distance. Quatre mille personnes périrent dans ce déluge. Les autres, qui avoient pris la fuite, furent atteintes par la mer, qui les submergea à une lieue dans les terres.

Cet événement, en un mot, causa un tel dommage, que l’on porta à plus de six cent millions la perte que les habitants y firent, tant en marchandises qu’en tout ce qui aurait été nécessaire pour remettre cette ville dans l’état florissant où elle était avant son malheur.