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12 octobre 1492 : Christophe Colomb découvre le Nouveau-Monde

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12 octobre 1492 : Christophe Colomb
découvre le Nouveau-Monde
Publié / Mis à jour le samedi 10 octobre 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 7 mn
 

Il avait levé l’ancre le 3 août 1492, mais c’est seulement le 6 septembre suivant que Christophe Colomb quittait Goméra, la plus occidentale des Canaries, pour entrer dans des mers inconnues. C’est à cette dernière époque que commence proprement le voyage entrepris pour la découverte du Nouveau-Monde : car dès ce moment Colomb faisant voile directement à l’ouest, abandonna toutes les routes suivies jusque-là par les navigateurs, et se jeta dans une mer inconnue jusqu’alors.

Il fit peu de chemin le premier jour, faute de vent, mais le second il perdit de vue les Canaries : aussitôt plusieurs matelots abattus et consternés, en considérant la hardiesse de leur entreprise, commencèrent à déplorer leur sort et à verser des larmes comme s’ils ne devaient plus revoir la terre dont ils s’éloignaient. Colomb les rassura par les raisons qui lui faisaient espérer une heureuse réussite, et par la vue des richesses qui les attendaient dans les régions opulentes auxquelles il les conduisait.

Ce découragement qui se montrait de si bonne heure, fit connaître à Colomb qu’il aurait à combattre non seulement les difficultés inséparables d’une entreprise de la nature de celle qu’il tentait, mais encore celles qui naîtraient de l’ignorance et de la pusillanimité des hommes à qui il avait affaire, et il reconnut que l’art de manier les esprits ne lui était pas moins nécessaire pour réussir, que tout son courage et toute son habileté dans la navigation.

Départ de Christophe Colomb

Départ de Christophe Colomb. Lithographie de Louis Turgis (1850)

Heureusement pour lui-même et pour le pays qui l’employait, il joignait à l’enthousiasme d’un homme à projets, les qualités d’une autre espèce, qui s’y trouvent rarement unies, une grande connaissance des hommes, un esprit insinuant, une persévérance infatigable à suivre un plan, un grand empire sur lui-même, et le talent de diriger ou de maîtriser les passions des autres. Ces qualités, qui le rendaient très propre à commander, étaient accompagnées de toutes les connaissances de son art, qui inspirent la confiance dans les dangers. Des navigateurs espagnols, accoutumés seulement à suivre les côtes de la Méditerranée, ne pouvaient s’empêcher de regarder comme prodigieuse la supériorité que lui donnaient sur eux trente ans d’expérience et d’habitude des pratiques industrieuses des Portugais.

Dès qu’il fut en mer, rien ne se fit que par ses ordres ; il veillait lui-même à l’exécution de toutes les manœuvres ; il ne prenait que quelques heures de sommeil, et ne quittait pas le pont. Comme il naviguait dans des mers inconnues avant lui, la sonde et tous les autres instruments d’observation étaient sans cesse entre ses mains, d’après l’exemple des navigateurs portugais ; il était attentif au mouvement de la marée, à la direction des courants, au vol des oiseaux ; il observait les poissons, les plantes marines, et tous les corps flottants sur la mer, et il recueillait dans un journal toutes ses remarques avec une exactitude scrupuleuse. Ses équipages, accoutumés seulement à des voyages très courts, ne pouvaient manquer de s’effrayer à mesure qu’ils s’éloignaient davantage des terres.

Colomb s’efforça de leur cacher une partie du chemin qu’ils faisaient : dans cette vue, quoique le deuxième jour après leur départ de Goméra ils eussent fait dix-huit lieues, Colomb ne leur en compta que quinze, et employa constamment le même artifice. Le 14 septembre, la petite flotte se trouvait à plus de deux cents lieues à l’ouest des îles Canaries, plus loin de terre qu’aucun vaisseau d’Espagne n’avait été jusqu’alors : là, nos navigateurs furent frappés d’un phénomène aussi étonnant que nouveau pour eux, l’aiguille aimantée ne se dirigeait plus exactement à l’étoile polaire, mais à un degré plus ouest ; différence qui croissait à mesure qu’ils avançaient.

Cet effet aujourd’hui familier remplit de terreur les compagnons de Colomb. Ils se voyaient perdus dans un océan inconnu et sans bornes, loin de toutes les routes fréquentées : là, les lois de la nature semblaient s’altérer, et le seul guide qu’elle leur eût donné allait leur manquer tout à fait. Colomb , avec autant de présence d’esprit que d’adresse , inventa sur le-champ une explication de ce phénomène qui, sans le contenter lui-même, parut si plausible à ses gens, que leurs murmures s’apaisèrent, et leur crainte se dissipa. Il continua de porter droit à l’ouest, à peu près sous la latitude des Canaries. En suivant cette route, il trouva les vents alizés qui soufflent constamment de l’est à l’ouest entre les tropiques et sous quelques degrés de latitude en dehors.

Ces vents toujours fixes le poussèrent avec une rapidité si soutenue, qu’il fut rarement nécessaire d’employer la voile. A environ quatre cents lieues des Canaries, il trouva la mer tellement recouverte de plantes, qu’elle ressemblait à une prairie d’une vaste étendue ; et elles étaient en quelques endroits si épaisses, que la marche du vaisseau en était retardée. Les inquiétudes et les alarmes recommencèrent de nouveau : les matelots imaginèrent qu’ils étaient arrivés aux dernières extrémités de l’océan navigable, et que ces herbes épaisses allaient les empêcher de pénétrer plus avant, qu’elles cachaient des écueils dangereux, ou une grande étendue de terres submergées. Colomb s’efforça de les persuader que l’objet qui les effrayait, devait plutôt les encourager, comme étant le signe du voisinage de quelque terre. En même temps un vent frais les dégagea de ces herbes. On vit plusieurs oiseaux voltiger autour du vaisseau, et diriger leur vol vers l’ouest : la troupe abattue reprit courage, et conçut quelques espérances.

Le premier octobre, l’amiral se trouva, selon son estime, à sept cent soixante-dix lieues à l’ouest des Canaries ; mais de peur que ses compagnons ne fussent effrayés de l’étendue du chemin qu’ils avaient déjà parcouru, il leur annonça qu’il n’y avait que cinq cent quatre-vingts lieues de faites ; et heureusement pour Colomb, son propre pilote et ceux des autres vaisseaux n’étaient pas assez instruits pour pouvoir reconnaître qu’on les trompait. Ils étaient depuis trois semaines en mer, toujours avançant sur la même direction, sans voir aucune terre, et ils avaient fait beaucoup plus que les navigateurs avant eux n’avaient tenté, ou même jugé possible. Leurs pronostics de découvertes, tirés du vol des oiseaux et d’autres circonstances, les avait trompés ; les espérances de trouver la terre, dont l’artifice de leur commandant les avait amusés, ou que leur propre crédulité leur inspirait, s’étaient toutes dissipées, et semblaient s’éloigner plus que jamais.

Ces réflexions se présentaient souvent à des hommes qui n’avaient d’autre objet d’occupation, ni d’autre matière de discours et de raisonnement, que le but et les circonstances de leur expédition : elles firent à la fin une forte impression, d’abord sur les plus ignorants et les plus timides ; et passant par degrés aux plus instruits et aux plus résolus, la terreur se répandit dans les trois vaisseaux : des murmures sourds on en vint bientôt à des plaintes ouvertes et à une cabale déclarée ; ils s’élevèrent contre la crédulité inconsidérée de leur souverain, qui avait eu assez de confiance aux vaines promesses et aux conjectures hasardées d’un misérable étranger, pour risquer la vie d’un grand nombre de sujets à la poursuite d’un plan chimérique ; ils protestaient qu’ils avaient pleinement satisfait à leur devoir en s’avançant si loin dans une route dont le terme était inconnu ; qu’on ne pouvait les blâmer s’ils refusaient de suivre plus longtemps un aventurier qui les menait tête baissée à une perte certaine ; qu’il était nécessaire de penser au retour pendant que leurs méchants vaisseaux étaient encore en état de tenir la mer ; en même temps ils annonçaient les craintes où ils étaient que ce retour ne fût désormais fermé, le vent qui avait été jusqu’alors favorable à leur route, rendant impossible une navigation dans la direction opposée.

Tous convenaient qu’il fallait contraindre Colomb de prendre un parti auquel tenait le salut commun ; quelques-uns des plus audacieux proposèrent comme un moyen de se débarrasser de ses remontrances, de le jeter à la mer, persuadés qu’à leur retour en Espagne, la mort d’un aventurier qui avait manqué son projet, n’exciterait ni intérêt ni curiosité. Colomb sentit parfaitement tout le danger de sa situation : il avait remarqué avec douleur les funestes effets de l’ignorance et de la crainte dans le mécontentement de sa troupe, et il voyait une révolte près d’éclater ; il conserva cependant toute sa présence d’esprit, il feignit d’ignorer leurs complots.

Malgré l’agitation et l’inquiétude de son âme, il se montra toujours avec un visage gai, et affecta la satisfaction d’un homme content des succès qu’il a déjà eus, et qui en attend de plus grands encore ; quelquefois il employait l’adresse et les insinuations pour adoucir les esprits, d’autres fois il les attaquait par l’ambition et l’avarice, en leur faisant de magnifiques peintures de la renommée et des richesses qu’ils allaient acquérir ; en d’autres moments, il prenait Ie ton de l’autorité et les menaçait de l’indignation de leurs souverains, si par leur lâche conduite ils faisaient avorter une entreprise si noble, dont le but était d’étendre la gloire de Dieu et d’élever le nom espagnol au-dessus de toutes les nations de la terre. Ces gens grossiers, au milieu même de leurs emportements séditieux, étaient fortement contenus par les paroles d’un homme qu’ils étaient accoutumés à respecter : non seulement il réprima ainsi les excès auxquels ils étaient près de s’emporter, mais il les persuada de s’abandonner encore quelque temps à sa conduite.

A mesure qu’ils avançaient, les apparences du voisinage de la terre semblaient plus certaines, et rendaient ces espérances plus vraies : des oiseaux commençaient à paraître en troupe, volant au sud-ouest. Colomb suivant encore en cela l’exemple des navigateurs portugais, que le vol des oiseaux avait guidés dans leurs découvertes, changea la direction et porta au sud-ouest ; mais après avoir tenu plusieurs jours cette nouvelle route sans succès, et ne voyant depuis un mois entier que le ciel et l’eau, les matelots perdirent tout à fait l’espérance. Sa crainte se réveilla avec plus de force : l’impatience, la rage, le désespoir éclataient sur tous les visages, toute subordination fut perdue. Les officiers qui avaient jusque-là partagé la confiance de Colomb dans le succès de l’entreprise, et avaient soutenu son autorité, se rangèrent du côté de l’équipage.

Découverte de l'Amérique par Christophe Colomb

Découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Peinture de Dioscoro Puebla (1862)

On s’assemble tumultueusement sur le pont, on fait des plaintes et des menaces à l’amiral : on exige qu’il reprenne sur-le-champ la route d’Europe. Colomb vit bien qu’il serait inutile d’essayer encore et les insinuations et les raisons qui n’auraient point d’effet, après avoir été employées si souvent, et qu’il était impossible de ramener par le motif de la gloire des hommes en qui la crainte avait éteint tout sentiment généreux ; il sentit que ni la douceur ni la sévérité ne pouvaient plus apaiser une révolte devenue si violente et si générale. Il se vit donc forcé de composer avec des passions auxquelles il ne pouvait plus commander, et de laisser un libre cours à un torrent trop impétueux pour être arrêté par aucune digue. Il promit solennellement à ses gens de se conformer à ce qu’ils exigeaient de lui, pourvu qu’ils continuassent de le suivre, et de lui obéir encore trois jours, les assurant que si dans cet intervalle ou ne voyait point terre, il abandonnerait son entreprise pour retourner en Espagne.

Quelque animés que fussent les gens de Colomb, et quelque impatience qu’ils eussent de reprendre leur route vers l’Europe, ces propositions ne leur parurent pas déraisonnables ; mais Colomb lui-même ne hasardait pas beaucoup en se bornant à un terme si court. Les signes les moins équivoques et les plus nombreux annonçaient la terre : depuis quelques jours la ligne prenait fond, et rapportait des matières qui donnaient la même indication : on voyait des troupes d’oiseaux de mer, même d’espèces qui ne peuvent pas s’écarter beaucoup de terre. L’équipage de la Pinta aperçut un roseau flottant qui semblait fraîchement coupé, et une pièce de bois travaillée de mains d’homme ; les gens de la Nigra pêchèrent une branche d’arbre flottante avec des baies rouges parfaitement fraîches ; les nuages autour du soleil prenaient un aspect différent, l’air était doux et plus chaud, et durant la nuit le vent devenait inégal et variable.

Colomb fut si persuadé par toutes ces remarques qu’il était près de la terre, que le soir du onzième jour d’octobre, après une prière générale pour obtenir de Dieu un heureux succès, il fit carguer toutes les voiles, tenir les trois vaisseaux en panne, et veiller toute la nuit, de peur d’être poussé à la côte. Dans ce moment de crise et d’attente, personne ne ferma les yeux, tous restèrent sur le pont, le regard attaché sur le côté où l’on espérait découvrir cette terre désirée depuis si longtemps.

Vers les dix heures du soir, Colomb étant sur le château d’avant, observa une lumière à quelque distance, et tirant à part Pierre Guttières, page de la reine, il la lui montra. Guttières la distingua fort bien, et appelant Salcedo, commissaire de l’escadre, tous trois reconnurent qu’elle était en mouvement, comme si elle était portée d’un lieu à un autre. Un peu après minuit on entendit crier : terre, terre, de la Pinta, qui était toujours en tête des autres navires ; mais on avait été si souvent trompé par des apparences, qu’on y croyait plus difficilement, et qu’on attendait le jour dans toute l’agitation que donnent à la fois l’inquiétude et l’impatience. Le jour arriva enfin, et les doutes et les craintes s’évanouirent : on vit distinctement à deux lieues au nord une île plate et verdoyante garnie de bois, arrosée de plusieurs ruisseaux, et qui présentait tous les signes d’un pays délicieux.

La troupe de la Pinta commença à chanter le Te Deum pour remercier Dieu, et les équipages des deux autres navires se joignirent à elle dans cet acte de piété. On versait des larmes de joie, on se félicitait mutuellement ; les actions de grâce qu’on rendit au ciel furent suivies de la réparation qu’on devait au commandant. Les Espagnols se jetèrent aux pieds de Colomb avec toutes les marques de repentir qu’ils avaient de leurs fautes et du respect qu’il leur inspirait : ils lui demandèrent pardon de leur ignorance, de leur incrédulité et de leur insolence, qui lui avaient coûté tant de peines et d’inquiétudes, et qui avaient mis tant d’obstacles à l’exécution d’un plan aussi bien concerté que le sien ; passant enfin d’une extrémité à l’autre, l’homme que tout à l’heure ils avaient menacé et insulté, ils le regardèrent, dans la chaleur de leur admiration, comme inspiré par le ciel et doué d’une sagacité et d’un courage plus qu’humains pour l’accomplissement d’un dessein si fort au-dessus des idées de tous les siècles précédents.

 
 
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