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24 septembre 1813 : mort du compositeur Grétry

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24 septembre 1813 : mort du compositeur Grétry
Publié / Mis à jour le dimanche 23 septembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Grétry avait du chant, toujours du chant, et tel est le secret par excellence d’un compositeur dramatique, surtout quand ce chant exprime avec vérité les paroles et la situation. Voilà ce qui distingue éminemment Grétry : voilà pourquoi cet homme célèbre est, et restera le modèle de tous les musiciens qui voudront travailler pour la scène.

Cela est si vrai que les auteurs d’opéras comiques accorderont soudain leur confiance à tout jeune compositeur qui leur dira : J’aime et j’ai étudié Grétry. Cette vérité nous rappelle qu’un lauréat d’une école de musique renommée discutait un jour avec son poète, et soutenait qu’il fallait bien se garder de prendre Grétry pour maître, qu’il avait vieilli, et qu’il était, enfin, pour les compositeurs modernes, ce que Molière était pour les auteurs contemporains. Le poète, à ce nom de Molière, s’échauffa subitement. « Molière, s’écria-t-il, vous dédaignez Molière ! — A Dieu ne plaise ! Mais voyons : puisque vous m’engagez à composer dans le genre de Grétry, pourquoi n’écrivez-vous pas des comédies dans le genre de Molière ? — Pourquoi ? Eh ! parbleu ! parce que je ne le sais pas faire ! » Le compositeur se tut ; et, en effet, il ne pouvait rien répondre à cette boutade de franchise.

Grétry, combattant une erreur vulgaire, disait souvent avec raison : « On croit que, parce qu’un homme possède parfaitement la science de la musique proprement dite, il doit avoir des succès au théâtre ; il n’est rien de plus faux qu’une telle idée. Il est des littérateurs qui écrivent, admirablement un discours académique, et qui, de leur vie, ne sauront faire une scène de comédie. De même le génie musical du théâtre est tout spécial, tout en dehors des autres compositions musicales. Il ne s’agit pas à la scène de placer des notes avec harmonie seule » ment, il faut encore écrire des paroles sous ses notes : il faut être vif, tendre, triste, gai, doux, colère, tragique ou comique, suivant le caractère des personnages, le sentiment qui les anime et la situation où l’auteur les a placés ; il faut, enfin, être musicien-poète. »

Voilà ce que disait Grétry, et il résuma cette doctrine en répondant un jour à quelqu’un qui lui vantait l’accord qui régnait entre la partition de l’Ami de la Maison et la pièce : « N’est-ce pas, monsieur ? on dirait que Marmontel a fait la musique et que j’ai écrit les paroles. » Nous lui avons encore entendu dire : « La musique doit être regardée par nous comme l’accessoire des paroles ; mais, ajouta-t-il avec sa finesse maligne et son amour-propre habituel, cela n’empêche pas que, quelquefois cet accessoire ne devienne le principal. »

Aujourd’hui ce système de Grétry est tombé en désuétude : comme Sganarelle, les dilettanti disent : nous avons changé tout cela ! Les paroles, la situation ne sont presque plus comptées pouf rien ; la musique est tout ; et qu’on ne croie pas que ce dédain pour la pièce ait rendu le compositeur moins exigeant pour l’auteur ; cette exigence, au contraire, est bien plus despote qu’autrefois ; mais elle a changé de but. Elle tend maintenant à forcer l’auteur, qui par hasard aura tourné passablement ses vers, de les changer en ligues misérables. « Ici je veux quatre syllabes, disent ces messieurs, ici sept, huit ; ici deux alexandrins au lieu de votre petit quatrain, ici, un vers masculin et non pas un féminin ; et surtout, ne sortez jamais des rimes amour, séjour, âme, flamme, rivage, bocage., cœur et bonheur. »

Puis, pauvres auteurs de paroles, infortunés martyrs de Polymnie, vous serez poursuivis, ridiculisés par messieurs les journalistes, qui, en cela, se montrent peu équitables, car beaucoup d’entre eux font aussi des opéras-comiques et savent à merveille, par conséquent, que si vous écrivez des niaiseries, ce n’est presque jamais votre faute.

Grétry naquit à Liège le 8&bsp;février 1741. Il fut d’abord enfant de chœur dans sa ville natale, où il eut, dit-on, fort à souffrir du caractère peu traitable du maître de chapelle. Pendant ses exercices une grosse solive, en tombant sur sa tête, lui fracassa le crâne ; et, chose extraordinaire ! Grétry prétendait que cet accident, loin de nuire à ses facultés intellectuelles, les avait, au contraire, développées. Ce serait un topique nouveau à livrer à l’examen de la Faculté, et s’il était reconnu que son application peut faire d’un idiot un homme de génie, le docteur qui parviendrait à l’administrer sans danger, comme les poisons neutralisés, ferait bientôt fortune. Mais non : personne ne croirait avoir besoin du remède. Apollon, lui-même, voulut un jour se faire marchand d’esprit et ne trouva pas un acheteur.

Une mauvaise troupe de chanteurs italiens passant à Liège, révéla à l’enfant de chœur son goût passionné pour la musique dramatique. A dix-huit ans il alla à Rome ; il y mit en musique deux intermèdes que Piccini applaudit ; un attaché à l’ambassade de France lui prêta la partition de Rose et Colas, que Monsigny venait de donner au théâtre Italien de Paris. Grétry résolut de se rendre dans cette capitale. Sans argent, il voulut en gagner un peu, en s’arrêtant à Genève pour y donner des leçons. C’est-là qu’il mit en musique Isabelle et Gertrude. Voltaire, qu’il visitait souvent à Ferney, le pressa de partir pour Paris. Il suivit ce conseil si bien d’accord avec son désir ; mais ne pouvant parvenir à s’y faire connaître, triste, pauvre, découragé, il allait en repartir, pour rester peut-être ignoré toute sa vie, lorsque Marmontel lui confia sa petite pièce du Huron.

Tout fut dit ; le talent de Grétry se révéla, et les poèmes couvrirent son modeste clavecin. Il dut donc sa fortune à Marmontel et ne l’oublia jamais. Cet auteur, tant qu’il travailla, bien ou mal, était toujours servi avant ses concurrents. La reconnaissance délicate de Grétry est encore un exemple que plusieurs de ses successeurs trouvent suranné ; et pour eux, Grétry a vieilli de toutes les manières. Il fut encore étroitement lié avec d’Hèle et Sedaine. Nous ne donnerons pas la liste des nombreuses productions de ce grand maître ; elles sont trop renommées pour être ignorées de personne. Mais quelle variété, quelle richesse d’imagination ! Un neveu de Grétry a publié une brochure contenant des détails sur sa vie et des anecdotes qui ne peuvent ici trouver place ; nous citerons de lui un mot peu connu.

Il était chef des concerts de la reine, et un jour, à Versailles, il promenait ses doigts sur le clavecin, en écoutant les petits marquis de l’époque, dont la satyre s’exerçait sur l’Académie Française qui venait d’accorder à Sedaine un fauteuil vacant. « Eh ! messieurs, leur dit Grétry, le mal n’est pas si grand que vous le faites ; les trente-neuf immortels ont bien pu, une fois par hasard, admettre dans leur temple un homme de énie, sans tirer à conséquence ! »

Grétry a publié des mémoires où il dit : « Ma musique n’est pas aussi énergique que celle de Gluck ; mais je la crois la plus vraie de toutes les compositions dramatiques : elle dit juste les paroles, suivant leur déclamation locale. Je n’ai pas exalté les têtes par un superlatif tragique, mais j’ai révélé l’accent de la vérité que j’ai enfoncé plus avant dans le cœur des hommes. » On voit que la modestie n’était pas la vertu de Grétry, et ses écrits et sa conversation n’ont jamais déguisé la haute opinion qu’il avait de lui-même. Il prétendait que les feuilletons lui disaient assez de sottises pour le dispenser de faire l’écho.

Toute sa vie, il a eu fréquemment des vomissements de sang ; ces accidents survenaient après qu’il avait terminé un ouvrage. II a pourtant vécu plus de soixante-douze ans. Pendant tout le temps de la révolution et du consulat, les partitions modernes avaient fait oublier aux comédiens celles de Grétry. Ces nouveautés s’usèrent à leur tour ; on déserta le théâtre. Elleviou eut l’heureuse idée de s’essayer dans les vieilleries de Grétry et de Monsigny, et pendant dix ans les ouvrages de ces deux petits musiciens ramenèrent en foule le public. Grétry, sur la fin de ses jours, a donc joui pleinement de ses succès et de sa renommée.

A cette époque nous l’avons vu dans les coulisses, avec sa grande redingote bleue, ornée de la croix qu’il tenait de Napoléon, son grand chapeau à trois cornes, et sa canne à bec, serrant fort tendrement encore les mains d’une jolie actrice, dont les débuts venaient de rendre la vogue à l’Ami de la Maison et au Tableau parlant. Sa présence, son entretien et son bonheur nous rendaient joyeux.

 
 
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