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22 septembre 1821 : mort de l’actrice Louise-Rosalie Lefebvre dite Madame Dugazon

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22 septembre 1821 : mort de l’actrice
Louise-Rosalie Lefebvre
dite Madame Dugazon
Publié / Mis à jour le jeudi 20 septembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Il était jadis reconnu que sur la scène de l’Opéra-Comique que jamais aucun talent n’avait égalé celui de Mme Dugazon ; et ce talent s’étendait à tous les genres de rôles avec la même supériorité.

En effet, elle a enlevé tous les suffrages dans les Demoiselles et les Villageoises, dans les Innocentes et les Soubrettes ; quelle influence secrète, quel don de la nature ne faut-il pas posséder pour se faire applaudir le même soir dans Louise du Déserteur et Jacynthe de l’Amant jaloux, Nina et Babet, la Comtesse d’Albert et Lémayde du calife de Bagdad ? Tel était le secret de Mme Dugazon.

Louise-Rosalie Lefebvre, dite Madame Dugazon

Louise-Rosalie Lefebvre, dite Madame Dugazon

En ce temps-là il n’y avait point de Conservatoire, point de professeur pour conduire par la main une pauvre débutante dans les détours des coulisses et protéger sa médiocrité par un intérêt mal entendu et préjudiciable à celle qui l’inspire. La passion de l’art théâtral, ce besoin impérieux, ce désir dévorant de monter sur les planches, étaient alors les seuls moyens d’y parvenir, ou du moins d’y savoir marcher.

Mme Dugazon naquit à Berlin le 18 juin 1755, et vint en France âgée de huit ans. Elle n’en avait encore que douze quand elle fut attachée en qualité de danseuse au Théâtre Italien, devenu ensuite l’Opéra-Comique. Grétry, aux répétitions de ses ouvrages, remarqua l’attention qu’y prêtait cette gentille enfant, et la grâce comique avec laquelle elle imitait les actrices en renom. La jeune fille avait la voix juste et la physionomie piquante. Grétry lui donna un rôle dans Lucile en 1769. De là tous les succès que Mme Dugazon obtint pendant sa brillante et longue carrière.

Mme Dugazon aimait passionnément son art, prenait un vif intérêt à la prospérité de son théâtre et aux jeunes auteurs qui annonçaient du talent : à ce sujet voici une anecdote. Bouilly, qui depuis a eu tant de succès éclatants et durables, arrivait alors de sa province avec un manuscrit en trois actes, intitulé Pierre le Grand. Il obtint une lecture de Granger, chargé d’ouvrir ou de défendre aux auteurs inconnus la porte d’assemblée des comédiens.

Granger dit à Bouilly : « Vous avez un rôle pour Mme Dugazon ; elle est toujours placée en face du lecteur. Lisez avec courage : observez du coin de l’œil sa physionomie expressive et ses mouvements : si ses narines se gonflent, votre pièce est reçue ; et si, par un geste convulsif, elle prend des deux mains le bas de son corset pour le tirer avec force et dégager sa poitrine, vous aurez un tour de faveur. »

Bouilly eut le bonheur de voir en jeu le nez de Mme Dugazon vers la fin de son premier acte ; avant de commencer le second, il fut interpellé par l’actrice. « C’est votre premier ouvrage, Monsieur ? — Oui, Madame. — Vous nous en ferez d’autres. Continuez. » Enfin, à la principale scène du troisième acte, le corset de Mme Dugazon devint trop étroit ; elle se leva, prit sous le bras le jeune auteur, et le fit brusquement monter dans sa voiture. « Où allons-nous, Madame ? — Chez un musicien ; vous n’en avez pas ? — Hélas ! non ; j’ignorais si ma pièce serait reçue. — Suffit, il vous en faut un bon, et vous l’aurez. — Et qui donc, Madame ? — Nous voilà chez lui. » On entre ; le maître du logis se présenta, Mme Dugazon lui sauta au cou, le baisa sur les deux joues, et lui dit : « Papa Grétry, voici une pièce qu’il faut nous mettre en musique sur-le-champ, et je viens au nom de tous mes camarades vous prier de nous en livrer la partition dans deux mois au plus tard. »

A ce nom de Grétry, on conçoit la joie de Bouilly ; Mme Dugazon lui ouvrit ainsi la carrière ; l’auteur de Richard accepta, et Pierre le Grand réussit beaucoup, grâce au mérite de la pièce, de la musique, et de Mme Dugazon qui joua Catherine.

Elle avait cette chaleur entraînante, première qualité d’un comédien ; son instinct du théâtre, son âme ardente lui inspiraient souvent en scène des effets auxquels les auteurs n’avaient pas songé. C’est ainsi qu’un soir, en jouant Louise du Déserteur, elle brisa le ruban de la croix d’or qu’elle offrait au geôlier, au lieu de le dénouer ; ce mouvement si naturel fut saisi, applaudi par le public, et devint une tradition.

Molé disait un jour à une jeune actrice qui le consultait : « On donne ce toit Sargines ; allez voir Mme Dugazon ; voilà le meilleur conseil que je puisse vous donner. »

Mme Dugazon, encore jeune, fut atteinte de souffrances vagues qui lui firent, par deux fois, renoncer au théâtre. Son mal était une hydropisie qui nécessita fréquemment la ponction, et à des intervalles qui, se rapprochant toujours, l’avertirent qu’il fallait bientôt mourir. Elle se prépara courageusement à entrer au tombeau, en appelant chez elle un ministre des autels et en s’entourant de tous les secours de la religion, dont elle remplit avec ferveur les derniers devoirs.

A sa mort on trouva d’elle un billet qui défendait à son fils de l’accompagner au champ du repos. Elle voulut lui épargner la douleur de la terrible cérémonie. Bouilly prononça un discours en cette triste circonstance. On y trouve ce passage. où il fait allusion à la protection que Mme Dugazon avait jadis accordée à Pierre le Grand : « Il est bien juste que celui qui lui doit son premier laurier dépose le premier cyprès sur sa tombe. »

 
 
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