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1er septembre 1715 : mort de Louis XIV, surnommé le Grand

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Éphéméride, événements
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1er septembre 1715 : mort de
Louis XIV, surnommé le Grand
(D’après « Éphémérides politiques, littéraires et religieuses
présentant, pour chacun des jours de l’année
un tableau des événements, etc. », édition de 1812)
Publié / Mis à jour le vendredi 1er septembre 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 

Depuis quelques mois, le roi dépérissait à vue d’œil ; cependant le 9 août, il courut encore le cerf dans sa calèche, qu’il mena lui-même. Le dimanche 11 il tint conseil, et se promena ensuite dans les jardins de Trianon ; mais il en revint si abattu, que ce fut sa dernière sortie.

Le mardi 15, il fit effort pour donner audience de congé à l’ambassadeur de Perse : il ne cessa de s’habiller que le 19 ; mais il continua jusqu’au 23 de tenir conseil, de travailler avec ses ministres, et de manger en présence des courtisans qui avaient les entrées. Les soirs, madame de Maintenon, les dames familières de Caylus, d’O, de Dangeau et de Lévi, les légitimés, le chancelier et le maréchal de Villeroi se rendaient chez le roi où il y avait concert : cela dura jusqu’au 25, jour de Saint-Louis.

Ce jour-là, sur les sept heures du soir, les musiciens s’arrangeaient déjà pour le concert, lorsque le roi se trouva mal : on les fit sortir, et l’on appela les médecins qui jugèrent qu’il était temps de faire recevoir au roi les sacrements. Tellier vint aussitôt le confesser ; et, sur les onze heures, le cardinal de Rohan et le curé de la paroisse arrivèrent, et l’on administra au roi le viatique et l’extrême-onction.

Cette cérémonie achevée, le roi fit venir le duc d’Orléans , et lui parla bas environ un quart d’heure. Le duc d’Orléans prétendit depuis que le roi, en lui témoignant autant d’amitié que d’estime, l’avait assuré qu’il lui conservait tous les droits de sa naissance, lui avait recommandé la royauté et la personne du roi futur, et avait ajouté : « S’il vient à manquer, vous serez le maître, et la couronne vous appartient. J’ai fait les dispositions que j’ai crues les plus sages ; mais comme on ne saurait tout prévoir, s’il y a quelque chose qui ne soit pas bien, on le changera. » Ce qu’il y a de sûr, c’est que personne n’entendit un mot de ce que dit le roi.

Portrait équestre de Louis XIV, par Pierre Mignard (1674)
Portrait équestre de Louis XIV, par Pierre Mignard (1674)

Le lendemain 26, le roi, après la messe, fit approcher de son lit les cardinaux de Rohan et de Billy, en présence de madame de Maintenon, du père Tellier, du chancelier, du maréchal de Villeroi, et des officiers du service intérieur : « Je meurs, dit-il (en s’adressant aux deux prélats), dans la foi et la soumission à l’Eglise : je ne suis pas instruit des matières qui la troublent, je n’ai suivi que vos conseils, j’ai fait uniquement ce que vous avez voulu : si j’ai mal fait, vous en répondrez devant Dieu que je prends à témoin. » Les deux cardinaux ne répondirent que par des éloges sur sa conduite : il était destiné à être loué jusqu’au dernier instant de sa vie.

Le moment d’après, le roi dit : « Je prends encore Dieu à témoin que je n’ai jamais haï le cardinal de Noailles ; j’ai toujours été fâché de ce que j’ai fait contre lui, mais on m’a dit que je le devais faire. » Là-dessus, Blouin, Fagon et Maréchal se demandèrent à demi-haut : « Ne laissera-t-on pas voir au roi son archevêque, pour marquer la réconciliation ? » Le roi, qui les entendit, déclara que, loin d’y avoir de la répugnance, il le désirait, et ordonna au chancelier de faire venir l’archevêque, « si ces messieurs (dit-il en regardant les deux cardinaux) n’y trouvent point d’inconvénient. »

Il ne s’en trouvait que trop pour eux. Le moment était critique, et la réponse embarrassante : laisser le vainqueur de l’hérésie mourir entre les bras d’un hérétique, était d’un si grand scandale à leurs yeux ! Ils se retirèrent dans l’embrasure d’une fenêtre pour en délibérer avec le confesseur, le chancelier et madame de Maintenon. Tellier et Billy jugèrent l’entrevue fort dangereuse, et la firent juger telle à madame de Maintenon ; Rohan et le chancelier, portant leurs vues dans l’avenir, ne contredirent ni n’approuvèrent ; et tous se rapprochant du lit, recommencèrent leurs éloges sur la délicatesse de conscience du roi, et lui dirent que cette démarche pourrait exposer la bonne cause au triomphe de ses ennemis ; qu’ils approuvaient cependant que l’archevêque pût venir, s’il voulait donner sa parole au roi d’accepter la constitution.

Le timide prince se soumit à leurs avis, et le chancelier écrivit en conséquence à l’archevêque. Noailles sentit douloureusement ce dernier trait de ses ennemis, répondit avec respect, mais n’accepta pas les conditions, et ne put voir le roi. Dès lors ce ne fut qu’un ingrat, un rebelle, et l’on n’en parla plus, afin que le roi mourût en paix. Dans la même matinée, le roi se fit amener le daupbin par la duchesse de Ventadour, et lui adressa ces paroles :

« Mon cher enfant, vous allez être bientôt roi d’un grand royaume : ce que je vous recommande le plus fortement, est de n’oublier jamais les obligations que vous avez à Dieu... Souvenez-vous que vous lui devez tout ce que vous êtes... Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. J’ai trop aimé la guerre : ne m’imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j’ai faites. Prenez conseil en toutes choses, et cherchez à connaître le meilleur, pour le suivre toujours.

« Soulagez vos peuples le plus tôt que vous pourrez, et faites ce que j’ai eu le malheur de ne pouvoir a faire moi-même. N’oubliez jamais les grandes obligations que vous avez à madame de Ventadour. Pour moi, Madame (en se retournant vers elle) , je suis bien fâché de n’être plus en état de vous en marquer ma reconnaissance. » Il finit en disant au dauphin : « Mon cher enfant, je vous donne de tout mon cœur ma bénédiction » ; et il l’embrassa ensuite deux fois avec de grandes marques d’attendrissement.

La duchesse de Ventadour voyant le roi s’attendrir, emporta le dauphin ; le roi fit entrer successivement les princes et les princesses du sang, leur parla à tous ; mais séparément au duc d’Orléans et aux légitimés qu’il fit venir les premiers. Il remercia tous ses officiers domestiques des services qu’ils lui avaient rendus ; il leur recommanda le même attachement pour le dauphin. L’après-dîner, le roi s’adressant à tous ceux qui avaient les entrées, leur dit :

« Messieurs, je vous demande pardon du mauvais exemple que je vous ai donné. J’ai bien à vous remercier de la manière dont vous m’avez toujours servi, de l’attachement et de la fidélité que vous m’avez marqués ; je suis bien fâché de n’avoir pas fait pour vous tout ce que j’aurais bien voulu. Je vous demande pour mon petit-fils la même application et la même fidélité que vous avez eues pour moi ; j’espère que vous contribuerez tous à l’union, et que si quelqu’un s’en écartait, vous aideriez à le ramener. Je sens que je m’attendris, et que je vous attendris aussi ; je vous demande pardon. Adieu, Messieurs, je compte que vous vous souviendrez quelquefois de moi. »

Le mardi 27, le roi n’ayant auprès de lui que madame de Maintenon et le chancelier , se fit apporter deux cassettes dont il fit tirer et brûler beaucoup de papiers, et donna pour les autres ses ordres au chancelier : il fit ensuite appeler son confesseur ; et, après lui avoir parlé bas, il fit venir le comte de Pontchartrain, et lui ordonna d’expédier l’ordre de porter son cœur aux Jésuites, et de l’y placer vis-à-vis celui de Louis XIII son père.

Ce fut avec le même sang-froid qu’il fit tirer d’une cassette- le plan du château de Vincennes, et l’envoya au grand maréchal des logis , pour faire préparer les logements de la cour, et y conduire le jeune roi ; ce furent ses termes. Il lui arriva même quelquefois de dire : Dans le temps que j’étais roi ; puis s’adressant à madame de Maintenon : « J’avais toujours ouï-dire qu’il est difficile de mourir ; je touche à ce dernier moment, et je ne trouve pas cette résolution si pénible. » Madame de Maintenon lui dit que ce moment était effrayant, quand on avait de l’attachement au monde, et des restitutions à faire.

« Je ne dois, comme particulier (reprit le roi), de restitution à personne ; pour celles que je dois au royaume, j’espère en la miséricorde de Dieu. Je me suis bien confessé : mon confesseur veut que j’aie une grande confiance en Dieu ; je l’ai toute entière. » Quel garant que le père Tellier pour la conscience d’un roi ! Le mercredi 28, le roi, s’entretenant avec son confesseur, aperçut dans la glace deux domestiques qui pleuraient au pied de son lit : « Pourquoi pleurez-vous, leur dit-il, m’avez-vous cru immortel ? Mon âge a dû vous préparer à ma mort. » Puis regardant madame de Maintenon : « Ce qui me console de vous quitter, c’est l’espérance que nous nous rejoindrons bientôt dans l’éternité. » Elle ne répondit rien à cet adieu, qui parut lui répugner beaucoup.

« Bolduc, premier apothicaire, m’a assuré, dit Duclos, qu’elle avait dit en sortant : Voyez le rendez-vous qu’il me donne ; cet homme n’a jamais aimé que lui. » Ce propos, qu’on ne peut garantir puisque les principaux domestiques ne l’aimaient point, serait plus de la veuve de Scarron que d’une reine. Quoi qu’il en soit, madame de Maintenon alla tout de suite à Saint-Cyr, comptant y rester.

Un empirique de Marseille, nommé Lebrun, se présenta avec un élixir qu’il annonçait comme un remède contre la gangrène, qui faisait beaucoup de progrès à la jambe du roi. Les médecins, n’espérant plus rien de son état, lui laissèrent prendre quelques gouttes de cet élixir, qui parut le ranimer ; mais il retomba bientôt : on lui en présenta une seconde prise, en lui disant que c’était pour le rappeler à la vie. « A la vie, ou à la mort, dit-il en prenant le verre, tout ce qu’il plaira à Dieu. » Il demanda ensuite une absolution générale à son confesseur.

Depuis que le roi s’était alité, la cour se rapprochait sensiblement du duc d’Orléans : bientôt la foule avait rempli son appartement ; mais le jeudi le roi ayant paru se ranimer, ce mieux apparent fut si exagéré, que le duc d’Orléans se trouva seul. Le roi s’étant aperçu de l’absence de madame de Maintenon, en montra du chagrin, et la demanda plusieurs fois : elle revint aussitôt, et lui dit qu’elle était allée unir ses prières à celles de ses filles de Saint-Cyr. Le lendemain 30, elle demeura auprès du roi jusqu’au soir, que, lui voyant la tête embarrassée, elle passa dans son appartement, partagea ses meubles entre ses domestiques, et retourna à Saint-Cyr d’où elle ne sortit plus.

Depuis ce moment le roi n’eut que de légers instants de connaissance, et passa ainsi la journée du samedi 31. Sur les onze heures du soir, le curé, le cardinal de Rohan et les ecclésiastiques du château vinrent dire les prières des agonisants. Cet appareil rappela le mourant à lui-même ; il répondit d’une voix forte aux prières ; et reconnaissant encore le cardinal de Rohan, il lui dit : « Ce sont les dernières grâces de l’Eglise. » Il répéta plusieurs fois : « Mon Dieu, venez à mon aide, hâtez-vous de me secourir », et tomba dans une agonie qui se termina par la mort, le dimanche 1er septembre, à huit heures du matin.

« Quoique la vie et la mort de Louis XIV aient été glorieuses, dit Voltaire, il ne fut pas aussi regretté qu’il le méritait. L’amour de la nouveauté, l’approche d’un temps de minorité où chacun se figurait une fortune, la querelle de la constitution qui aigrissait les esprits, tout fit recevoir la nouvelle de sa mort avec un sentiment qui allait plus loin que l’indifférence. Nous avons vu ce même peuple, qui en 1686 avait demandé au ciel avec larmes la guérison de son roi malade, suivre son convoi funèbre avec des démonstrations bien différentes...

« Quoiqu’on lui ait reproché des petitesses, des duretés dans son zèle contre le jansénisme, trop de hauteur avec les étrangers dans ses succès, de la faiblesse pour plusieurs femmes, de trop grandes sévérités dans les choses personnelles, des guerres légèrement entreprises, l’embrasement du Palatinat, les persécutions contre les réformés, cependant ses grandes qualités et ses actions, mises enfin dans la balance, l’ont emporté sur ses fautes : le temps qui mûrit les opinions des hommes, a mis le sceau à sa réputation ; et, malgré tout ce qu’on a écrit contre lui, on ne prononcera point son nom sans respect, et sans concevoir à ce nom l’idée d’un siècle éternellement mémorable.

« Si l’on considère ce prince dans sa vie privée, on le voit, il est vrai, trop plein de sa grandeur, mais affable ; ne donnant point à sa mère de part au gouvernement, mais remplissant avec elle tous les devoirs d’un fils, et observant avec son épouse tous les dehors de la bienséance ; bon père, bon maître, toujours décent en public, laborieux dans le cabinet, exact dans les affaires, pensant juste, parlant bien, et aimable avec dignité. »

 
 
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