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28 août 1793 : exécution du général Adam-Philippe de Custine

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28 août 1793 : exécution du général
Adam-Philippe de Custine
(D’après « Biographie universelle, ancienne
et moderne » (Tome 9), édition de 1854)
Publié / Mis à jour le samedi 27 août 2016, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Né à Metz le 4 février 1740, Adam-Philippe de Custine était destiné à la carrière des armes. Dès l’âge de sept ans, il était sous-lieutenant et ce fut en cette qualité qu’il fit la campagne des Pays-Bas, sous le maréchal de Saxe, en 1748. Réformé l’année suivante à la paix, il vint continuer ses études à Paris, et, dès qu’il les eut achevées, il entra dans le régiment du roi, puis dans les dragons de Schomberg, où il fut capitaine. Il commandait une avant garde en Westphalie, sous le prince de Soubise, en 1758, et Frédéric le cite dans ses mémoires. Le ministre Choiseul, qui le protégeait, fit créer pour lui, en 1762, un régiment de dragons du nom de Custine.

Lors de la guerre d’Amérique, la passion de la gloire lui fit changer le commandement de ce régiment contre celui de Saintonge, infanterie, qui allait être embarqué pour le Nouveau-Monde. Le comte de Custine se distingua dans plusieurs occasions à la tête de ce corps, principalement à la prise de York-Town, ce qui lui valut à son retour le grade maréchal de camp et le gouvernement de Toulon.

En 1789, la noblesse de Lorraine le nomma député aux états généraux, où il se réunit, dès les premières séances, à la minorité de son ordre, et appuya tous les projets de réforme et de liberté. Les opinions les plus remarquables qu’il manifesta à l’Assemblée nationale furent pour l’établissement des gardes nationales, pour la déclaration des droits de l’homme, et surtout contre l’indiscipline militaire, qu’il avait toujours tendu à réprimer de tout son pouvoir. Sa sévérité, quelquefois despotique et brutale, l’avait toujours fait détester de ses subalternes. Dans une séance de l’assemblée nationale où il s’agissait de l’insurrection des soldats de quelques régiments, sans songer aux causes de ces insurrections, fomentées par le parti dominant pour obliger les officiers à se retirer, il accusa la faiblesse de ces officiers, et leur donna pour exemple la fermeté du général Laudon qui, dans une pareille occasion, avait tué deux soldats de sa propre main.

Adam-Philippe de Custine, par Joseph-Désiré Court (1834)

Adam-Philippe de Custine, par Joseph-Désiré Court (1834)

C’était bien peu connaître l’esprit du temps et les causes de ces désordres, que de leur chercher des comparaisons dans l’armée autrichienne. Cette ignorance des hommes et des circonstances au milieu desquelles il se trouvait, Custine la porta dans tout le reste de sa conduite ; et lorsqu’on 1792, il commandait l’armée du Rhin, il lui arriva plusieurs fois de faire fusiller de sa propre autorité, et sans y être autorisé par aucune loi, des soldats qui s’étaient livrés au pillage. Une aussi intempestive sévérité lui fut amèrement reprochée dans la suite, et elle devint le texte des principales accusations dirigées contre lui.

Ce fut un peu avant que Dumouriez n’envahît la Belgique, et dans le temps où le général Kellermann poursuivait les Prussiens dans leur retraite de la Champagne, que Custine, profitant du moment où les Autrichiens avaient dégarni les frontières du Rhin, s’avança vers Spire et Worms, où il obtint quelques avantages et s’empara de magasins considérables. Il fit, aussitôt après, une conquête bien plus importante, ce fut celle de Mayence, qui, sur une simple sommation, lui fut livrée par la trahison du chef du génie et la lâcheté du gouverneur. Ne tenant ensuite aucun compte des ordres du ministre de la Guerre et des avis des autres généraux, qui voulaient qu’il s’avançât sur Coblence, par la rive gauche, Custine se dirigea vers la Franconie, et s’empara de Kœnigstein et de Francfort qui fut mis à contribution.

Mais bientôt les Prussiens, qui étaient venus prendre leurs quartiers d’hiver dans les mêmes contrées, s’emparèrent à leur tour de cette ville, dont la faible garnison, laissée sans appui, fut enlevée dès la première attaque. Après d’autres échecs, Custine fut obligé de rentrer dans Mayence, et, craignant d’être tourné par la rive gauche du Rhin, il se porta sur les bords de la Nahe, où il fut attaqué par l’armée prussienne. Après avoir soutenu avec courage plusieurs combats sanglants, il se retira jusque derrière les lignes de Wissembourg, en abandonnant à ses propres forces la place de Mayence.

Custine en Alsace, en 1793. Conseil de guerre dans les lignes de Wissembourg. Illustration de Frédéric Regamey (1905)

Custine en Alsace, en 1793. Conseil de guerre dans les lignes de Wissembourg
Illustration de Frédéric Regamey (1905)

Quelque rapide et quelque imprévue que dût paraître cette retraite, Custine réussit à l’excuser auprès de la Convention nationale. Il accusa le commandant de l’armée de la Moselle, qui, selon lui, n’avait pas pressé assez vivement les Prussiens, et s’était tenu très éloigné de sa gauche qu’il devait appuyer ; il accusa aussi le ministre de la Guerre, et même les représentants que la Convention avait envoyés pour le surveiller. Comme l’insurrection du 31 mai 1793 — chute des Girondins — n’avait pas encore éloigné de cette assemblée toute idée de modération, elle approuva sa conduite, et l’armée de la Moselle fut même réunie à son commandement ; mais des lors les journaux de Marat et autres démagogues le signalèrent comme un traître et un contre-révolutionnaire.

Soit que son courage naturel le portât à braver un orage alors si redoutable, soit qu’il ne connût pas tous les dangers de sa position, il continua à faire avec calme tous ses efforts pour réparer les pertes de son armée, et il accepta même le commandement de celle du Nord. Mais avant de s’éloigner du Rhin, il voulut mettre à profit des préparatifs qui lui avait coûté tant de soins, et le 17 mai il fit un dernier effort pour délivrer Mayence. Une affaire générale fut engagée sur tous les points à la fois, comme c’était alors la méthode. Le corps que Custine commandait étant arrivé le premier, fut écrasé ; d’autres furent repoussés ou ne combattirent pas, et les ennemis du général ne manquèrent pas, en l’accusant des malheurs de cette journée, d’ajouter à ses torts celui d’avoir conservé un commandement qui ne lui appartenait plus.

Dès lors la fureur et le nombre de ses accusateurs ne firent que s’accroître, et la révolution du 31 mai, où le parti vaincu avait semblé fonder sur lui quelques espérances, vint ajouter aux dangers qui le menaçaient. Attaqué avec un nouvel acharnement par les journaux que jusqu’alors il avait paru mépriser, il s’en plaignit à la Convention, et affectant un grand dévouement pour le parti de la Montagne qui venait de triompher, il lui envoya les lettres que lui avaient adressées Wimpfen et les députés de la Gironde. Plein de confiance dans ces marques de soumission, il ne craignit pas de quitter l’armée du Nord, où il n’avait fait que paraître un instant, et où il avait encore ajouté à ses torts envers la Convention, celui d’avouer l’impuissance où était cette armée d’exécuter les ordres de combattre qu’il avait reçus.

Sur une invitation du conseil exécutif, il se rendit à Paris, où il affecta de se montrer avec sécurité dans tous les lieux publics, tandis que les journaux, les tribunes de tous les clubs et celle de la Convention elle-même, retentissaient des injures et des accusations dirigées contre lui. Enfin le 29 juillet, le Comité de Salut public présenta un rapport contre le trop confiant général, et le fit décréter d’accusation. Il fut arrêté le même jour et traduit au Tribunal révolutionnaire, où il se défendit avec assez de calme et de présence d’esprit.

Le général Custine

Le général Custine

Quelques-uns de ses officiers vinrent témoigner en sa faveur, et parmi ces hommes courageux, on doit remarquer le général Baraguey-d’Hilliers, qui avait été son aide de camp ; mais il fut accusé par un plus grand nombre de vils et obscurs délateurs, qui, dépourvus des plus simples notions de la guerre, dirent qu’il avait livré sans défense la place de Mayence avec l’artillerie de Landau et celle de Strasbourg ; qu’il avait ménagé des prisonniers prussiens ; qu’il s’était refusé à entrer dans Manheim, dont un espion offrait de lui ouvrir les portes ; enfin qu’il s’était laissé battre en plaçant sa troupe au bas d’une montagne, etc.

Cette dernière accusation fut formulée par un membre du club mayençais, qui s’écria : « Tout le monde sait que c’est au sommet des montagnes qu’une armée doit être placée ; eh bien ! lui est resté en bas. » Une telle observation devait être d’un grand poids devant des juges dont la plus grande partie n’était jamais sortie de la capitale. L’accusateur public, Fouquier-Tinville, ne manqua pas de rapporter tous ces témoignages dans ses conclusions, et sans autres informations, sans qu’un seul homme de l’art eût été consulté, toute la conduite militaire et politique du général Custine fut jugée dans la même séance, et, le lendemain 28 août 1793, il fut conduit au supplice. Il demanda un confesseur, répandit beaucoup de larmes, et montra plus de faiblesse qu’on ne devait en attendre d’un homme qui avait souvent bravé la mort sur le champ de bataille.

 
 
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