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17 juillet 1676 : supplice de la marquise de Brinvilliers

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17 juillet 1676 : supplice de
la marquise de Brinvilliers
Publié / Mis à jour le dimanche 15 juillet 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Marie d’Aubray, femme du marquis de Brinvilliers, demeurait avec son mari chez le lieutenant civil d’Aubray son père. Le marquis de Brinvilliers introduisit dans cette maison un jeune officier de son régiment, nommé Godin de Sainte-Croix, d’une très belle figure, et voulut qu’il n’eût pas d’autre demeure. Madame de Brinvilliers, jeune aussi, aimable et sensible, crut devoir représenter à son mari les inconvénients et les dangers d’une liaison si intime et si continuelle. Le marquis de Brinvilliers croyant pouvoir compter sur la vertu d’une femme assez sensée, pour s’en défier, n’eut aucun égard à ses représentations : ce qui devait arriver arriva, dit Voltaire, ils s’aimèrent.

Le lieutenant civil d’Aubray, indigné de voir ce scandale dans sa maison, obtint une lettre de cachet pour envoyer à la Bastille le jeune de Sainte-Croix, qu’il ne fallait, dit encore Voltaire, envoyer qu’à son régiment. Sainte-Croix fut mis à la Bastille dans la même chambre qu’Exili, cet italien, qui faisait métier de composer et de vendre des poisons ; il apprit de lui son art funeste ; et, sorti de la Bastille au bout d’un an, il continua de voir secrètement sa maîtresse. Le lieutenant civil, deux frères et une sœur de la marquise de Brinvilliers moururent empoisonnés en 1670.

Supplice de la marquise de Brinvilliers

Supplice de la marquise de Brinvilliers

La vie du marquis de Brinvilliers fut respectée, parce qu’il avait eu de l’indulgence pour l’amour qu’il avait eu l’imprudence de faire naître. Un appareil de dévotion couvrait les crimes de la marquise de Brinvilliers, et détournait d’elle les soupçons ; et ce qui est aussi affreux à penser, que difficile en apparence à expliquer, ce n’était pas pure hypocrisie : cette empoisonneuse parricide, qui, selon des mémoires du teins, avait répété jusqu’à dix fois sur son père ses abominables essais, était réellement susceptible dans le même temps de quelques sentiment religieux ; elle se confessait, et sa confession générale, qu’elle avait mise par écrit, et qui fut surprise, servit à sa conviction : ce qui, à la vérité, fait quelque peine.

Sainte-Croix mourut subitement : on dit, et ce fait a été mal à propos rapporté depuis de quelques autres personnes, que travaillant un jour à la composition d’un poison violent, il laissa tomber un masque de verre dont il se servait pour se garantir de l’action du poison, et qu’il mourut sur-le-champ. Quoi qu’il en soit, comme c’était un aventurier inconnu, et ne tenant à personne, on mit le scellé sur ses effets.

La marquise de Brinvilliers eut l’imprudence de réclamer, et même avec un empressement inquiet, une cassette qui faisait partie de ses effets Cette réclamation, rappelant le commerce qu’elle avait eu avec Sainte-Croix, fut suspecte. La justice ordonna l’ouverture de la cassette : on la trouva pleine de petits paquets de poison dont l’étiquette indiquait l’effet que chacun devait produire. A cette nouvelle, la marquise de Brinvilliers s’enfuit en Angleterre, puis à Liège où elle fut arrêtée ; on la conduisit à Paris, où elle fut brûlée le vendredi 17 juillet 1676, après avoir fait amende honorable à Notre-Dame, et avoir eu la tête tranchée.

Voltaire ne croit point ce que le peuple dit encore, et ce qu’a écrit Guyot de Pitaval dans les Causes célèbres, que la marquise de Brinvilliers essayai ses poisons dans les hôpitaux ; mais voici ce que dit à ce sujet madame de Sévigné : « Elle empoisonnait de certaines tourtes de pigeonneaux, dont plusieurs mouraient ; ce n’était pas qu elle eût des raisons pour s’en défaire, c’était de simples expériences pour s’assurer de l’effet de ses poisons. Le chevalier du Guet, qui avait été de ces jolis repas, s’en meurt depuis deux ou trois ans ; elle demandait l’autre jour s’il était mort. On lui répondit que non ; elle dit en se tournant : il a la vie bien dure. M. de la Rochefoucault jure que cela est vrai. »

La marquise de Brinvilliers avait voulu s’ôter la vie dans la prison. « Voilà M. de Coulanges, écrit madame de Sévigné à sa fille, qui vous dira de quelle manière madame de Brinvilliers a voulu se tuer. » Ici M. de Coulanges prend la plume : « Elle s’était fiché un bâton, devinez où, ce n’est point dans l’œil, ce n’est point dans la bouche, ce n’est point dans l’oreille, ce n’est point dans le nez, ce n’est point à la turque : devinez où ? C’est.. tant y a qu’elle était morte, si l’on ne fût promptement accouru à son secours. »

Madame de Sévigné ajoute dans une autre lettre : « La Brinvilliers est morte comme elle a vécu, c’est-à-dire, résolument : elle entra dans le lieu où l’on devait lui donner la question ; et, voyant trois sceaux d’eau, elle dit : C’est assurément pour me noyer, car de la taille dont je suis on ne prétend pas que je boive tout cela. Elle écouta son arrêt sans frayeur et sans faiblesse ; et sur la fin elle fit recommencer (...) Elle dit à son confesseur, par le chemin, de faire mettre le bourreau devant elle, afin, dit-elle, de ne point voir ce coquin de Desgrais qui m’a prise. Desgrais était à cheval devant le tombereau ; son confesseur la reprit de ce sentiment ; elle dit : Ah ! mon Dieu ! je vous en demande pardon, qu’on me laisse cette étrange vue. Elle monta seule et nus pieds sur l’échelle et sur l’échafaud, et fut un quart d’heure mirodée, rasée, dressée et redressée par le bourreau : ce fut un grand murmure (...) Le lendemain on cherchait ses os, parce que le peuple croyait qu’elle était sainte. »

Madame de Sévigné dit encore : « Jamais tant de crimes n’ont été traités si doucement, elle n’a pas eu la question : on avait si peur qu’elle ne parlât, qu’on lui faisait entrevoir une grâce, et si bien entrevoir, qu’elle ne croyait point mourir : elle dit en montant sur l’échafaud : C’est donc tout de bon ? Enfin elle est au vent, et son confesseur dit que c’est une sainte. »

Pénautier, trésorier général des Etats de Languedoc, et trésorier général du clergé, ami, peut-être amant de cette femme, fut impliqué dans son affaire ; il lui en coûta, dit Voltaire, la moitié de son bien pour supprimer les accusations. Voici ce qu’en dit madame de Sévigné dans différentes lettres.

« Pénautier est en prison par avance (...) Il a été neuf jours dans le cachot de Ravaillac : il y mourait, on l’a ôté ; son affaire est désagréable. Il a de grands protecteurs ; M. de Paris [l’archevêque de Harlay], M. de Colbert, le soutiennent hautement ; mais si la Brinvilliers l’embrasse davantage, rien ne pourra le secourir (...) On a confronté Pénautier à la Brinvilliers : cette entrevue fut fort triste ; ils s’étaient vus autrefois plus agréablement. Elle a tant promis que, si elle mourait, elle en ferait mourir bien d’autres , qu’on ne doute pas qu’elle en dise assez pour entraîner celui-ci, ou du moins pour lui faire donner la question, qui est une chose terrible. Cet homme a un nombre infini d’amis d’importance, qu’il a obligés dans les deux emplois qu’il avait. Ils n’oublient rien pour le servir : on ne doute point que l’argent ne se jette partout ; mais s’il est convaincu, rien ne peut le sauver (...)

« Il a plu à la Brinvilliers de ne rien avouer : Pénautier sortira plus blanc que de la neige, le public n’est pas content (...) Pénautier est heureux, il n’y a jamais eu un homme si bien protégé : vous le verrez sortir, mais sans être justifié dans l’esprit de tout le monde. Il y a eu des choses extraordinaires dans tout ce procès ; mais on ne peut les écrire. Le cardinal de Bonzi (un des plus zélés protecteurs de Pénautier), disait toujours en riant, que tous ceux qui avoient des pensions sur ses bénéfices ne vivraient pas longtemps, et que son étoile les tuerait. Il y a deux ou trois mois que l’abbé Fouquet, ayant rencontré cette éminence dans le fond de son carrosse avec Pénautier, dit tout haut : Je viens de rencontrer le cardinal de Bonzi avec son étoile (...). Le maréchal de Villeroi disait l’autre jour : Pénautier sera ruiné de cette affaire-ci ; le maréchal de Grammont répondit : Il faudra qu’il supprime sa table. Voilà bien des épigrammes ; je suppose que vous savez qu’on croit qu’il y a cent mille écus de répandus pour faciliter toutes choses : l’innocence ne fait guère de telles profusions. »

 
 
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