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9 juillet 1516 : sentence contre des chenilles et des mulots causant des dégâts dans le territoire de Troyes

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9 juillet 1516 : sentence contre
des chenilles et des mulots causant
des dégâts dans le territoire de Troyes
(D’après « Curiosités judiciaires et historiques du Moyen Age. Procès contre
les animaux » (par Émile Agnel), paru en 1858)
Publié / Mis à jour le jeudi 8 juillet 2021, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
La lecture de diverses sentences prononcées aux XVe et XVIe siècles contre les animaux détruisant les récoltes, nous apprend que l’excommunication était ordinairement précédée de monitions, c’est-à-dire d’avertissements donnés par les curés des paroisses aux animaux de cesser leurs dégâts ou de quitter le pays, le plus souvent au nombre de trois, entre chacun desquels on laissait deux jours d’intervalle

Quelquefois on se contentait d’une seule monition, ce qui d’ailleurs était autorisé par le droit canon, lorsqu’il s’agissait d’une affaire extraordinairement pressée. Mais comme il arrivait fréquemment que les monitions ne produisaient pas l’effet qu’on pouvait en espérer, et que les animaux, malgré ces avertissements, persistaient à rester dans les lieux dont on demandait à ce qu’ils sortissent, l’excommunication était définitivement prononcée.

La première excommunication fulminée contre les animaux remonte au XIIe siècle. En effet, Saint-Foix, dans ses Essais historiques sur Paris, nous apprend que l’évêque de Laon prononça en 1120 l’excommunication contre les chenilles et les mulots, à raison du tort qu’ils faisaient aux récoltes.

De la part des tribunaux ecclésiastiques, l’usage de faire de tels procès fut en pleine vigueur aux XVe et XVIe siècles, les derniers exemples remontant au XVIIe siècle.

Voici, par ordre chronologique, plusieurs sentences relatives à notre sujet :

Sentence prononcée en 1451 par l’official de Lausanne contre les sangsues du lac Léman, qui en corrompaient les eaux et en faisaient mourir les poissons. Un des articles de cette ordonnance prescrit qu’un prêtre, tel qu’un curé, chargé de prononcer les malédictions, nomme un procureur pour le peuple ; que ce procureur cite, par le ministère d’un huissier, en présence de témoins, les animaux à comparaître, sous peine d’excommunication, devant le curé à jour fixe. Après de longs débats, cette ordonnance fut exécutée le 24 mars 1451, en vertu d’une sentence que l’official de Lausanne prononça, sur la demande des habitants de ce pays, contre les criminelles sangsues, qui se retirèrent dans un certain endroit qu’on leur avait assigné, et qui n’osèrent plus en sortir.

L'invasion de sauterelles. Gravure réalisée vers 1585 par Jan Sadeler d'après un dessin de Maarten van Cleef

L’invasion de sauterelles. Gravure réalisée vers 1585 par Jan Sadeler
d’après un dessin de Maarten van Cleef

Sentence rendue à Autun le vendredi 2 mai 1480 contre les hurebers (insectes plus gros que les mouches), en faveur des habitants de Mussy et de Pernan, par les vicaires généraux d’Antoine de Châlon, évêque d’Autun, par laquelle il est enjoint aux curés de la lire en chaire et de répéter l’excommunication donec appareat effectus (jusqu’à résultat effectif).

Sentence rendue contre les limaces le 6 septembre 1481 par Jehan Noseret, chanoine de Beaujeu, chantre de Mâcon et vicaire général du cardinal Philibert Hugonet, évêque de Mâcon, dans laquelle on cite l’exemple de saint Mammet, évêque de Vienne, qui conjura de cette manière certains diables qui avaient pris la figure de loups et de porcs et qui dévoraient les enfants jusque dans les rues de la ville.

Sentence des grands vicaires de Jean Rollin, cardinal évêque d’Autun, donnée à Mâcon le 17 août 1487. Informés que les limaces dévastent depuis plus d’un an plusieurs terres du diocèse, ces vicaires mandent aux curés de faire des processions générales pendant trois jours sur leurs paroisses, et d’y enjoindre aux limaces de vider leur territoire sous un semblable délai, sinon de les maudire.

Sentence des grands vicaires d’Antoine Cabillon, évêque d’Autun, donnée à Autun le 2 mai 1488. Sur la requête présentée par plusieurs paroisses des environs de Beaune, les grands vicaires mandent aux curés d’enjoindre, pendant les offices ou les processions, aux urebers de cesser leurs ravages, ou de les excommunier.

Sentence du grand vicaire de l’église de Mâcon, donnée à Beaujeu le 8 septembre 1488, sur les plaintes de plusieurs paroissiens. Même mandat aux curés de faire trois invitations aux limaces de cesser leurs dégâts, et faute par elles d’obtempérer à cette injonction, de les excommunier.

Sentence d’excommunication prononcée par le juge ecclésiastique dans les premières années du XVIe siècle, contre les sauterelles et les bruches (becmares) qui désolaient le territoire de Millière en Cotentin, et qui dès lors périrent toutes.

Sentence de l’official de Troyes en Champagne, du 9 juillet 1516. Dans la Somme décisoire de questions ecclésiastiques (1610), Jean Rochette, avocat et conseiller à la prévôté de Troyes, écrit : « En cette année [1516] les habitants de Villenauxe, au diocèse de Troyes, présentent requête à l’official de cette ville [Jean Milon], disant qu’ils sont excessivement incommodés depuis plusieurs années par des chenilles qu’ils appelaient hurebets : Adversus bruchos seu erucas, vel alia non dissimilia animalia gallice hurebets.

« Ce juge ecclésiastique ordonne d’abord, sur les conclusions du promoteur, une information et une descente de commissaires, qui reconnurent que les dommages causés par les animaux dont on se plaignait étaient très considérables : sur quoi première ordonnance qui enjoint aux habitants de corriger leurs mœurs.

Chenilles. Chromolithographie publicitaire du XXe siècle

Chenilles. Chromolithographie publicitaire du XXe siècle

« Bientôt une nouvelle requête dans laquelle ceux-ci promettent de mener une meilleure conduite. Seconde ordonnance de l’official, qui enjoint aux hurebets de se retirer dans six jours des vignes et territoires de Villenauxe, même de tout le diocèse de Troyes, avec déclaration que si dans le terme prescrit ils n’obéissent pas, ils sont déclarés maudits et excommuniés. Au surplus enjoint aux habitants d’implorer le secours du ciel, de s’abstenir d’aucuns crimes, et de payer sans fraude les dîmes accoutumées. »

Un procès similaire sera intenté en 1585 aux chenilles du diocèse de Valence. Ces chenilles s’étaient tellement multipliées en cette année dans cette contrée, que les murailles, les fenêtres et les cheminées des maisons en étaient couvertes, même dans les villes. « C’était, dit Chorier, une vive et hideuse représentation de la plaie d’Égypte par les sauterelles. Le grand vicaire de Valence les fit citer devant lui ; il leur donna un procureur pour se défendre. La cause fut plaidée solennellement ; il les condamna à vider le diocèse, mais elles n’obéirent pas. La justice humaine n’a pas d’empire sur les instruments de la justice de Dieu.

« Il fut délibéré de procéder contre ces animaux par anathème et par imprécation et, comme l’on parlait, par malédiction et par excommunication. Mais deux théologiens et deux jurisconsultes ayant été consultés, ils firent changer de sentiment au grand vicaire, de sorte que l’on n’usa que d’abjuration, de prières et d’aspersion d’eau bénite. La vie de ces animaux est courte, et la dévotion ayant duré quelques mois, on lui attribua la merveille de les avoir exterminés. » (Histoire générale du Dauphiné)

 
 
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