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2 juillet 1619 : mort de l'agronome Olivier de Serres

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2 juillet 1619 : mort de l’agronome
Olivier de Serres
Publié / Mis à jour le samedi 2 juillet 2022, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 6 mn
 

Né à Villeneuve-de-Berg, dans le Vivarais, en 1539, Olivier de Serres rendit un service éminent à son pays en renfermant dans un volume publié en 1600, sous le titre de Théâtre d’Agriculture, tout ce qu’une longue pratique et une vaste érudition avaient pu lui apprendre sur le premier des arts.

Cependant on ne profita guère de son livre que pendant un siècle ; et, selon l’usage, ce fut sans chercher à en connaître l’auteur : il finit même par tomber en désuétude, parce qu’une fausse délicatesse avait fait regarder sa diction comme surannée. Ainsi le Théâtre d’Agriculture était resté longtemps dans l’oubli, lorsqu’une heureuse réaction vint l’en tirer, et que l’on considéra enfin Olivier de Serres comme un auteur remarquable, non seulement par le fond de sa doctrine, mais par la manière dont il l’avait exposée, et réunissant l’agréable à l’utile.

C’est alors seulement qu’on voulut recueillir quelques particularités sur sa vie privée. Mais ces recherches eurent peu de succès, et l’on ne sait point encore à quoi s’en tenir, même sur les points les plus communs : par exemple, dans l’énumération qu’il fait des bons vins de France, il place ceux de Villeneuve-de-Berg, en ajoutant « ma patrie » ; il qualifie de même Saint-Andéol, qu’il cite pour ses bonnes figues, et il donne d’ailleurs la même qualification à L’Argentière.

Olivier de Serres
Olivier de Serres

Le plus grand nombre des probabilités se sont réunies pour la première ville, à une demi-lieue de laquelle se trouvait sa principale propriété, le Pradel ; mais il avait aussi des biens près des autres. Les auteurs contemporains gardent le silence sur lui, excepté l’historien et magistrat Jacques-Auguste de Thou (1553-1617) : « Deux frères, du nom de Serres, dit-il, ont rendu ce nom très illustre dans le seizième siècle : le premier était Jean de Serres, qui s’est fait une grande réputation dans les belles-lettres. L’autre était Olivier, qui a fait un écrit sur la Cueillette des vers à soie, pour seconder le désir que le roi Henri IV avait de propager en France les vers à soie et les mûriers. »

Remarquons que l’historien de Thou va jusqu’à l’année 1607. Ce n’est donc qu’en consultant des titres de famille qu’on a pu obtenir quelques autres renseignements : on a notamment su qu’Olivier était l’aîné de Jean de Serres ou Serranus qui était plus connu que lui ; qu’il s’était marié, en 1559, avec une demoiselle d’Arçons, de Villeneuve-de-Berg. D’autres documents le présentent comme très zélé calviniste ; et l’on y voit que les habitants de son canton sentant vivement l’inconvénient d’être privés depuis longtemps d’un ministre de l’Évangile, s’étaient adressés, à trois reprises, au Consistoire de Nîmes, et n’ayant pu en obtenir à cause de la rareté d’iceux, ils dépêchèrent, en 1561, à Genève, Olivier, qualifié de diacre de l’église de Berg.

Là, par son entremise, Calvin fit droit à leur demande, et il leur fut baillé maistre Jean Béton. De Serres fut chargé de pourvoir à ses besoins ; il en résulte un compte dont les détails sont curieux pour connaître les usages du temps : il nous suffira de dire que l’achat de meubles, d’habillements et de livres pour le ministre et son épouse, coûta 277 livres tournois. Cela seul peut faire penser qu’il était plus attaché à sa religion que son frère ; car celui-ci paraît avoir été du nombre de ceux qui, voulant ménager les deux partis, finissent par être repoussés par tous les deux ; mais on a droit de lui reprocher un zèle outré, s’il est le même qu’un certain capitaine Pradelle, qui concourut puissamment à reprendre par surprise Villeneuve-de-Berg sur les catholiques, en 1572.

Cette action est racontée par de Thou, qui l’avait puisée dans les Mémoires de l’état de la France de Jean de Serres, frères d’Olivier. Elle serait de peu d’importance dans ce siècle malheureux, où deux partis se déchiraient, sans une circonstance qui lui donna un caractère particulier de férocité. Il paraît constant que les Protestants, maîtres de la place, y ayant trouvé plusieurs prêtres catholiques qui s’y étaient réunis pour un synode, les précipitèrent dans un puits, à l’exception d’un petit nombre, qui purent se retirer dans le château, où ils profitèrent de la capitulation accordée à Logières, commandant de la place.

On sait que souvent ces actions atroces, qui viennent ternir les plus beaux faits d’armes, ont lieu contre le gré du chef ; mais sa gloire n’en reste pas moins entachée. Aussi a-t-on fait des efforts pour prouver qu’il n’était point question ici d’Olivier, attendu que son propre frère ne l’aurait pas désigné si vaguement, ce qui est loin d’être concluant ; de plus, qu’on avait cherché en vain dans l’Histoire universelle de d’Aubigné, un passage où cet auteur, rapportant cette action, disait expressément que Baron, chef de l’entreprise, s’était retiré chez un gentilhomme nommé Pradel, auteur du théâtre d’agriculture : mais on a reconnu depuis que ce passage se trouve dans la seconde édition.

Ainsi l’on ne peut douter qu’Olivier n’ait au moins été témoin de ces horribles représailles. On peut supposer qu’il a rendu témoignage de la pureté de ses intentions lorsqu’il a ainsi parlé de sa conduite dans la préface de son Théâtre : « Mon inclination et l’état de mes affaires m’ont retenu aux champs en ma maison, et fait passer une bonne partie de mes meilleurs ans durant les guerres civiles de ce royaume, cultivant ma terre par mes serviteurs, comme le temps l’a peu supporter. En quoi Dieu m’a tellement béni par sa sainte grâce, que m’ayant conservé parmi tant de calamités, dont j’ai senti ma bonne part, je me suis tellement comporté parmi les diverses humeurs de ma patrie, que ma maison ayant été plus logis de paix que de guerre, quand les occasions s’en sont présentées, j’ai rapporté le témoignage de mes voisins, qu’en me conservant avec eux, je me suis principalement adonné chez moi à faire mon ménage. Durant ce misérable temps-là, à quoi eussé-je peu mieux employer mon esprit, qu’à rechercher ce qui est de mon humeur ? »

Ce fut donc pour se distraire du spectacle qui l’environnait, qu’il se mit à étudier les ouvrages d’agriculture : « c’est ce qui m’a fait écrire , dit-il. C’est donc avec franchise que, dans cette Préface, Olivier de Serres fait part à son lecteur des motifs qui l’ont engagé à composer son ouvrage ; mais à travers sa bonhomie on aperçoit souvent beaucoup de profondeur et de précision, comme quand il caractérise ainsi l’agriculture : « Science plus utile que difficile, pourvu qu’elle soit entendue par ses principes appliqués avec raison, conduite par expérience, et pratiquée par diligence. » Il se croit déjà obligé de répondre à ceux qui prétendent que les livres d’agriculture sont inutiles, attendu que cet art ne peut s’apprendre que par la pratique ou la fréquentation des cultivateurs de profession.

Page de titre de la troisième édition du Théâtre d'Agriculture (1605)
Page de titre de la troisième édition du Théâtre d’Agriculture (1605)

C’est victorieusement qu’il établit les avantages d’un bon ouvrage. La publication du Théâtre d’Agriculture fut encore sa meilleure réponse. Il paraît que, préparé depuis longtemps, il le retint jusqu’à ce que la tranquillité publique fût rétablie en France ; car, comme il le dit au roi, dans sa Dédicace : « Plus tôt n’eût été convenable : car à quel propos vouloir enseigner à cultiver la terre en temps si désordonné, lorsque ses fruits étaient en charge, même à ceux qui les recueillaient pour crainte d’en fomenter leur ruine, servant de nourriture à leurs ennemis ? » Ce fut pour répondre à l’impatience de Henr IV, qu’il détacha de son ouvrage, alors sous presse, un chapitre qu’il publia sous ce titre : la Cueillette de la soie par la nourriture des vers qui la font. Echantillon du Théâtre d’Agriculture d’Olivier De Serres, seigneur du Pradel, à Paris, chez Jamet Mestayer, imprimeur du roi, 1599, avec privilège de sa majesté. C’était un Traité de l’éducation des vers à soie, propre à favoriser le désir que témoignait le roi de propager cette branche de prospérité, de manière à fournir non seulement aux besoins de son peuple, mais à l’exportation ; et de Serres démontra la possibilité de ce résultat, dans une Épître qu’il adressa aux nobles et vertueux prévôt des marchands, eschevins-conseillers de l’Hôtel-de-Ville de Paris.

Bientôt il reçut la glorieuse mission de mettre le monarque en état de joindre l’exemple au précepte, « lorsqu’il voulut que des mûriers fussent placés par tous les jardins de ses maisons. Et pour cet effet, l’année en suivant que sa majesté fit le voyage de Savoie (1599), elle envoya en Provence et en Languedoc, M. de Bordeaux, baron de Colonce, surintendant général des Jardins de France, seigneur rempli de toutes rares vertus ; et par cette même voie sa majesté me fit l’honneur de m’écrire pour m’employer au recouvrement desdits plants ; où j’apportai telle diligence qu’au commencement de l’an 1601, il en fut conduit à Paris quinze à vingt mille, lesquels furent plantés en divers lieux, dans les jardins des Tuileries, où ils se sont heureusement élevés... Pour mieux faire connaître la facilité de cette manufacture, sa majesté fit construire une grande maison... Voilà le commencement de l’introduction de la soie au cœur de la France. »

Plusieurs personnes concoururent, vers cette époque, à remplir les vues de Henri IV ; et l’on cite parmi elles Laffemas, surintendant du commerce, Claude Mollet, et surtout un nommé Traucat. Pour cette fois Henri se trouva en opposition avec son digne ministre Sully, et le temps a démontré l’excellence de son jugement. C’est dans une Addition à ce Mémoire de la Cueillette de la soie, qu’Olivier rend ainsi compte des essais auxquels il avait contribué. Il était déjà devenu un chapitre de son ouvrage en 1600 ; mais cette addition ne put paraître que dans la seconde édition, de 1603, qui fut précédée d’un morceau détaché, sous ce titre : La seconde Richesse du meurier blanc, qui se trouve en son escorce, pour en faire des toiles de toutes sortes, non moins utile que la soie provenant de la feuille d’icelui. Eschantillon de la seconde édition du Théâtre d’Agriculture d’Olivier De Serres, seigneur du Pradel, à messire Pompone de Belièvre, chancelier de France, chez Abraham Saugrain, avec privilège du roi.

Ce fut donc pour annoncer que de la seconde écorce ou du liber du mûrier blanc, on pouvait tirer une filasse propre à remplacer le chanvre et le lin, qu’Olivier composa ce morceau. Depuis plus de trente ans, dit-il, il avait remarqué « la finesse et la délicatesse des fibres qui la composaient, en ayant usé principalement pour servir de ligature aux greffes. » Mais il en a été de ce suppléant comme de tant d’autres qui n’ont point été mis en pratique. Le premier de ces opuscules fut traduit en allemand par Jacques Rathgab, et parut à Tubingen, en 1603, par la protection de Frédéric, duc de Wurtemberg, qui, à l’imitation de Henri IV, voulait introduire dans ses états le commerce de la soie, et qui, pour y parvenir, avant parcouru incognito, en 1599, presque toute l’Italie.

Les deux opuscules réunis furent de même traduits en anglais, par Nicolas Geffe, en 1607. Le Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs d’Olivier de Serres, seigneur du Pradel, imprimé à Paris, en 1600, avec privilège de l’empereur Rodolphe, contient mille quatre pages de texte, outre quinze feuillets pour les pièces préliminaires et la table des matières. En tête se trouve un beau frontispice, gravé sur cuivre par Malley ; devant chacun des huit livres, on voit une vignette en bois, représentant quelques-uns des travaux dont il y est question, avec quinze autres planches en bois, représentant des compartiments de parterre. Cette édition est, sans contredit, la plus belle de celles qui ont été publiées du vivant d’Olivier ; mais c’est la plus incomplète, à cause des augmentations nombreuses qu’il a faites à la seconde édition, revue et augmentée par l’auteur.

 
 
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