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Interdiction du tabac dans les lieux publics. Tabac dans les restaurants, les trains. Danger causé par les fumeurs. Tabagisme passif

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Anecdotes insolites
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Tabac (Plaidoyer pour une interdiction du)
dans les lieux publics
(D’après « Journal de la Société contre l’abus du tabac », paru en 1878 et 1930)
Publié / Mis à jour le lundi 6 janvier 2020, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 
 
 
En 1878, un membre de la Société contre l’abus du tabac signale un abus « qu’il serait peut-être opportun de combattre : dans presque tous les restaurants, et même les premières maisons de Paris, on laisse fumer à toutes les heures et dans toutes les salles. »

Et de poursuivre ainsi : « C’est ainsi que chacun peut avoir le désagrément d’être le voisin de table d’un fumeur qui finit de dîner et se met à fumer quand commence votre repas. Ne serait-il pas possible d’établir partout une mesure que l’on a prise dans quelques restaurants, où il n’est permis de fumer qu’à partir de certaines heures : 1 heure de l’après-midi et 9 heures du soir, par exemple ? »

Et la Société de répondre que rien n’est plus juste, rien n’est plus opportun que cette réclamation ; mais que ce serait outrepasser les droits que lui donne sa qualité de philanthropes et d’hygiénistes, que d’aller en quelque sorte faire la leçon à des chefs de maisons de commerce, qui sont peut-être les premiers à déplorer l’abus qu’un trop grand nombre de consommateurs introduisent chez eux. Si le tabac fumé par des voisins est désagréable, c’est bien vraiment pendant que l’on prend ses repas. Fumeur ou non fumeur, chacun est, dans ce cas, réellement incommodé. Que de gens se hâtent d’avaler leur dernière bouchée, pour allumer à leur tour leur cigare afin de se préserver par là du malaise occasionné par le voisin ! Il suffit d’un fumeur attablé dans un restaurant pour faire ainsi prendre feu à toute la salle.

Le fumeur dans une taverne. Peinture d'Adrien Van Ostade (1645)

Le fumeur dans une taverne. Peinture d’Adrien Van Ostade (1645)

Le remède est dans l’initiative particulière. Si deux ou trois consommateurs se plaignaient tout haut, le maître de la maison se sentirait autorisé à rappeler les fumeurs à la réserve qu’ils oublient, et bientôt cet abus criant disparaîtrait. Et de déplorer qu’aujourd’hui le tabac règne partout en maître. L’un souffle triomphalement sa fumée ; l’autre se recueille comme dans l’accomplissement d’un acte pieux et réfléchi ; celui-ci fume moins pour lui-même que pour la galerie, pour faire admirer sa désinvolture et la grosseur de son cigare. Chaque fumeur, à le bien considérer, fait l’effet d’un maniaque chevauchant une chimère. De là vient qu’on n’est pas tenté d’y toucher, qu’on le respecte comme on fait d’un somnambule et l’on oublie parfois son mécontentement pour le spectacle que l’on a sous les yeux.

Mieux encore le fumeur a aujourd’hui pour lui la mode. Fumer est une fantaisie très bien portée ; en protestant on montrerait que l’on n’est pas à la hauteur de son temps, et, l’habitude aidant, on s’incline. Oui, cette aberration de l’esprit et des sens, si souvent préjudiciable à la santé et aux relations de société, est une affaire de mode, et, comme telle, sera un jour délaissée et réprouvée autant qu’elle est acceptée et caressée aujourd’hui.

Un demi-siècle plus tard, la même Société contre l’abus de tabac dénonce un « tabac liberticide ». Pour elle, la liberté est l’apanage de la seule créature humaine ; tous les animaux sont régis par l’instinct ; l’Homme seul fait ce qu’il veut, d’où la nécessité pour lui de ne vouloir que ce qu’il doit. Et d’ajouter que le principe de la Liberté a fait commettre tant de crimes qu’un sage a pu s’écrier : « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ». L’homme peut refléter la perfection absolue, mais il est libre de s’abêtir, de s’avilir ; c’est contre cet avilissement de l’alcoolisme que l’Amérique a dû réagir par des mesures draconiennes.

Auteur de l’article, Georges Johnen s’interroge : « Quand viendra le jour où tous les Etats s’entendront pour prescrire le poison universel qu’est le tabac ? » Selon lui, pour des raisons d’hygiène on interdit les fumées des usines près des agglomérations. Qu’est cela, en comparaison de la fumée du tabac qui poursuit de son souffle empoisonné le passant dans la rue, le client au café, au restaurant, au cinéma, le voyageur dans le train, la famille au foyer ! Cette maladie, car c’en est une, est une calamité mondiale tolérée au nom de « la liberté du fumeur ».

A cette liberté, nous devons opposer notre droit, le droit à l’air pur, à l’air sain dont nos poumons ont besoin. Le fumeur et la fumée sont des dangers sociaux qui doivent être combattus au nom de cette même liberté. Si le fumeur s’arroge la liberté de nuire, nous sommes aussi libres de l’en empêcher. Citant Shakespeare : « TOUTE LIBERTÉ DONT ON ABUSE DEVIENT UNE SERVITUDE », Johnen ajoute qu’un grand philosophe a dit aussi : « La Vérité vous affranchira et vous deviendrez des hommes libres ». Il vaut mieux prévenir que guérir, et si vous cherchez, ajoute-t-il, dans le dictionnaire ce mot « liberticide », vous verrez qu’il veut dire « destructif de la liberté » ou mieux encore « crime de celui qui viole les libertés publiques ». Il est donc bien évident que le fumeur viole partout où il passe les libertés publiques puisqu’il oblige tout le monde, même l’enfant innocent et qui ne peut se défendre, à respirer la fumée qu’il expulse lui-même de ses bronches et de son nez !

J’affirme donc, écrit Johnen, d’après mes expériences personnelles et celles de tous les grands savants, que le tabac (poison) réduit l’homme et la femme en servitude, autrement dit, en esclavage. L’homme qui fume abuse de sa liberté et devient ainsi consciemment et inconsciemment un esclave de la petite herbe séchée importée en France par Nicot. L’homme qui fume, sous prétexte de fumer en toute liberté, n’importe où il se trouve, ne se rend plus compte qu’il est sous la domination d’une chose qui l’oblige à faire à chaque heure du jour le même geste, à ramener sa pensée à la même idée et à respirer la même fumée infecte. Il s’agit donc pour nous, qui avons conquis notre liberté sous ce rapport, et qui n’obéissons plus à l’ordre d’une cigarette ou d’un cigare, de montrer à ces malheureux fumeurs qu’ils sont des esclaves et qu’ils doivent entreprendre la conquête de cette liberté en se libérant, par la volonté, de leur servitude.

Combien de fois ai-je entendu, autour de moi, cette réponse : « Oui, vous avez raison, je voudrais cesser de fumer, mais je ne le puis pas ! » Le voilà donc l’aveu de la perte complète de sa liberté. Ces hommes qui abdiquent ainsi leur volonté sont cependant des courageux qui voyagent par le monde en affrontant tous les périls, qui travaillent sans cesse pour arriver à leur but, pour conquérir la fortune ou la gloire et qui se laissent dominer cependant par le petit paquet de « bleu » ou la pipe qu’ils ont dans leur poche. Ce petit paquet et cette pipe les obligeront à faire ce qu’ils ne voudraient pas et à avouer leur faiblesse ! ; ils se croient des hommes libres et ils sont enchaînés par leur mauvaise habitude nuisible, inutile et coûteuse.

Fumeurs et buveurs attablés sous une treille. Aquarelle d'Adrien Van Ostade (1676)

Fumeurs et buveurs attablés sous une treille. Aquarelle d’Adrien Van Ostade (1676)

Et Johnen d’ajouter : très souvent des fumeurs qui se rendent compte du mal qu’ils font à leur santé, me disent en réponse à mes observations : « Ah ! oui, c’est vrai, mais comment faire pour se passer de fumer ». Cela montre encore un manque total de volonté et je leur dis : Ayez le courage de dire « Non ». Quand un homme sait que quelque chose est vrai et bon, il doit avoir le courage de le dire et de le faire tout de suite. Ce mot « courage », un jour, a touché au cœur le Président d’une Société de Jeunes Gens qui, dès que j’eus fini ma causerie se leva et dit : « M. Johnen vient de dire ces mots avoir le courage, cela m’a touché, je veux signer tout de suite et m’engager à ne plus fumer ». Et 7 jeunes gens se levèrent derrière lui pour signer aussi. Cela montre que le bon exemple est toujours suivi, aussi bien que le mauvais exemple, parmi les jeunes.

Une autre fois, renchérit Johnen, je rencontre un ami qui me dit, connaissant mes idées sur le tabac : « Savez-vous un bon moyen pour m’empêcher de fumer ? » Ma réponse fut aussitôt : « Commencez d’abord par ne plus acheter de tabac ». C’est vrai, me dit-il, mais cela est bien difficile. Alors, lui dis-je, écoutez cette histoire : « Je connais un pauvre homme vivant avec sa femme et trois enfants et qui tous les jours a l’habitude de faire des choses nuisibles pour lui, sa femme et ses enfants et également des choses inutiles, puisqu’il pourrait très bien s’en passer et aussi très coûteuses, puisqu’il dépense pour cela environ, 100 fr. par mois. Comment appellerez-vous cet homme-là ? - C’est un idiot, me répondit-il aussitôt. - Eh bien ! Vous êtes cet homme-là ! » Ne voulant pas terminer sur ce mot qui, je l’espère, ne s’applique pas ou ne s’appliquera plus à vous, conclut Johnen, je vais vous lire quelques lignes parues cette semaine dans le journal l’Ami :

Les femmes qui fument. Un rapport du Dr Charles Barber, présenté au Congrès de l’Association américaine pour les recherches médico-physiques, s’exprime ainsi sur les conséquences de l’usage de la cigarette par les femmes : « L’enfant d’une mère accoutumée à fumer la cigarette est toujours malade. Il est empoisonné et souvent meurt dans les deux premières années de son existence. L’autopsie de cet enfant révèle une dégénérescence du foie, du cœur, et parfois d’autres organes. Soixante pour cent des enfants de fumeuses meurent avant leur deuxième anniversaire ». Avis aux jeunes épouses et aux futures mamans.

 
 
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