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2 janvier 1536 : supplice de Jean de Leyde, chef des Anabaptistes.

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2 janvier 1536 : supplice de Jean de Leyde
Publié / Mis à jour le mercredi 11 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

A peine le moine augustin Luther eut-il donné l’exemple de la révolte religieuse, que des milliers de fanatiques s’empressèrent de le suivre ; mais plusieurs d’entre eux, au lieu de s’enrôler sous ses drapeaux, jugèrent plus avantageux de se révolter à leur propre compte.

Tels furent Thomas Munzer et Nicolas.Stork, l’un prêtre catholique de Zwickau, l’autre homme du peuple ignorant et grossier, fondateurs de la secte des Anabaptistes ou rebaptiseurs. Leur doctrine avait pour base la nécessité d’un second baptême pour les adultes. Ils rejetaient l’ancien Testament, n’admettaient que l’Évangile, prescrivaient la communauté de biens, défendaient à leurs adeptes l’exercice des charges civiles et le service militaire ; ne reconnaissaient pour loi que celle de l’inspiration, ou, en d’autres termes, établissaient la liberté indéfinie.

Luther sentit bien tout le danger d’une pareille doctrine soutenue par des hommes qui s’autorisaient de la sienne, et qui en même temps l’accablaient de leurs coups. Placé entre l’anathème du saint Siège et l’anathème des sectaires, il usa d’abord de la plus grande modération. Trente mille paysans de la Souabe, de la Thuringe, et de la Franconie, s’étaient révoltés contre le clergé et les seigneurs : d’un côté, Luther écrivit aux paysans que Dieu défendait la sédition de l’autre, il écrivit aux seigneurs qu’ils exerçaient une tyrannie, que les peuples ne pouvaient ni ne devaient plus souffrir. Par une autre lettre, adressée en commun aux seigneurs et aux paysans, il engageait les deux partis à traiter à l’amiable. Enfin, revenant à son fougueux caractère, par une lettre il exhorte les princes à exterminer les misérables paysans qui n’ont pas profité de ses avis. Les princes se montrèrent plus dociles : ils exterminèrent les rebelles dans un combat sanglant ; Munzer fut pris et décapité ; Nicolas Stork mourut de ses blessures.

Ces deux martyrs ne manquèrent pas de successeurs. Jean Mathoei ou Mathison, boulanger de Harlem, entreprit d’écrire l’Evangile de la secte et se donna douze apôtres, parmi lesquels on distingue Jean Bockold, ou Jean de Leyde, qui passa sur le trône pour aller au supplice.

Fils d’un bailli de La Haye, mais orphelin dès l’enfance, Jean Bockold fut réduit à manier l’aiguille et les ciseaux. Le métier de tailleur l’ennuyait, il essaya de faire le commerce. Il voyagea, puis revint à Leyde, où il épousa la veuve d’un batelier et ouvrit une auberge. C’est là que, toujours entraîné par son goût et par ses talents naturels vers une destinée plus haute, il faisait des vers, composait des comédies qu’il jouait lui-même, et disputait sur la Bible avec une facilité merveilleuse.

A cette époque la secte des Anabaptistes excitait l’enthousiasme en Hollande ; Bockold ne put résister au désir d’entendre ses orateurs : il quitta sa femme et son auberge, et se rendit à Munster en 1533. II y arriva comme étranger : deux ans plus tard il en fut élu roi. Echauffé par l’étude et par les leçons des docteurs anabaptistes, secondé par le prestige d’un costume bizarre et d’une déclamation théâtrale, Bockold frappa vivement les esprits. Ses cris lugubres, ses prédications violentes multiplièrent les inspirations, les visions, et ébranlèrent l’autorité du prince évêques de Munster. Une véritable frénésie s’empara de toute la ville, et le prince de Waldeck se résolut à l’assiéger.

Les détails de ce siège, qui sont extrêmement curieux, se trouveront à la date du 24 juin 1535, jour où la trahison enleva Munster aux Anabaptistes. C’est pendant sa durée, qu’un prophète annonça que Dieu avait nommé Jean Bockold roi du nouvel Israël. Jean reçut en cette qualité l’onction sainte, se composa une garde, une cour, un harem, car la doctrine du nouveau roi permettait la polygamie : on dit même qu’il fit périr un téméraire qui osait l’en blâmer, et l’une de ses femmes, qui se refusait à ses plaisirs.

La prise de la ville mit fin à cette immorale et sanglante folie. Jean de Leyde fut saisi et jeté en prison avec deux de ses complices. Ils y languirent pendant six mois : au bout de ce temps, ils en furent tirés et conduits sur la place publique. Après les avoir tenaillés pendant plus d’une heure avec des tenailles ardentes, on leur plongea un poignard dans le cœur, et on suspendit leurs corps dans des cages de fer, au clocher de l’église de Saint-Lambert. Ces cages s’y voient encore, et les autres instruments du supplice sont attachés aux murs de Thôtel-de-ville.

Cette exécution terrible ne détruisit pas les Anabaptistes ; mais ce qui est plus extraordinaire, elle les corrigea : le fer et la flamme ont souvent produit l’effet contraire. Dès ce moment, ils abjurèrent leur morale licencieuse et leurs principes anti-sociaux.

La secte des Anabaptistes s’est conservée jusqu’à nos jours, et s’est subdivisée en une multitude de sectes différentes : Ottius, leur historien, en compte soixante-dix-sept. Elles se recommandent en général par des mœurs douces, une piété solide, des lumières étendues ; elles comptent dans leur sein des écrivains distingués et des hommes utiles. Elles occupent en Hollande près de deux cents églises ^ et sont répandues dans la Prusse, dans l’Alsace, les Vosges, l’évêché de Baie et la principauté de Salm.

Ce qui prouve que les Anabaptistes modernes méritent les égards du gouvernement qui les régit, c’est que Napoléon, par respect pour leurs scrupules religieux, exempta ceux qui habitaient son empire de l’obéissance à la plus chère de ses lois, la loi de la conscription. Une telle faveur, de la part d’un homme qui ne prodiguait pas les siennes, vaut mieux qu’un panégyrique. - Edouard Monnais.

 
 
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