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28 janvier 814 : mort de Charles, dit Charlemagne, roi de France et empereur d'Occident

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28 janvier 814 : mort de Charles, dit Charlemagne, roi de France et empereur d’Occident
Publié / Mis à jour le lundi 23 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 9 mn
 

Ce prince naquit l’an 742, le 26 février : il était le fils aîné de Pépin, dit le Bref, qui, d’abord maire du palais, devint en l’an 747 le premier roi de la seconde race ; sa mère se nommait Berte ou Bertrade au grand pied. Le nom de ce prince, dans les diplômes, est écrit Karles, Karolus, dont on a fait Carolus en latin, et Charles en français.

Charles n’avait que douze ans lorsqu’il fut nommé patrice de Rome, et en cette qualité sacré dans l’abbaye de Saint-Denis par le pape Etienne II. Cette dignité était simplement honorifique.

Pépin étant mort en 768, ses deux fils, Charles et Carloman, partagèrent ses états ; Charles eut pour sa part la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Il crut nécessaire de se faire sacrer une seconde fois, en qualité de roi des Francs, et cette cérémonie eut lieu le 29 octobre de la même année, dans la ville de Noyon.

L’immense renommée de Charles se compose d’exploits guerriers et d’actes législatifs, dont les uns peignent sa barbarie et les autres son grand caractère. Dès qu’il fut roi, il porta les armes contre l’Aquitaine. Pépin son père avait déjà conquis, dévasté cette province, et fait périr son duc Waifre. Mais Hunald, père de ce duc, voulant réparer les malheurs de sa famille, venait de sortir du cloître où il s’était retiré, et avait pris les armes.

Charles, en 769, marche contre lui, et le fait prisonnier. Hunald échappe à ses gardiens, se retire en Italie, et meurt lapidé à Pavie. Charles règne sur les villes ruinées de l’Aquitaine conquise.

En 771, Charles, par la mort de son frère Carloman, devint seul roi de toute la monarchie française : voici le premier usage qu’il fit de cet accroissement de puissance. En 772 il marcha contre les Saxons, commandés par leur duc Witikind. Ces Saxons n’étaient point chrétiens ; Charles voulait les forcera le devenir. Il prit le château d’Héresbourg en Westphàlie, détruisit le temple et l’idole d’Irmensul, divinité saxonne, et contraignit les habitants à demander la paix.

En 778 une autre guerre l’attire en Italie. Le pape Adrien I voulait se débarrasser de Didier, roi de Lombardie. Charles s’y rend, assiège Pavie pendant neuf mois sans succès, laisse cette place bloquée, marche contre Vérone, que défendait Adalgise, fils de Didier. A son approche, ce jeune prince prend secrètement la fuite, et se réfugie à Constantinople. De Vérone Charles se rend à Rome, où le pape le reçut si magnifiquement, le combla de tant de caresses que ce roi, par reconnaissance, lui fit la concession de plusieurs villes et contrées, en s’en réservant la souveraineté.

De Rome il revint au siège de Pavie, parvint à s’en rendre maître, fit prisonnier le roi Didier, sa femme et ses filles, et les conduisit en France, où ils moururent. Après cette conquête, Charles fut proclamé roi d’Italie.

Pendant ces exploits, les Saxons se ré voilèrent. En l’an 775, Charles, après les avoir vaincus, reçut leur serment de fidélité ; mais en 776, pendant que Charles en Italie déjouait une conspiration ourdie par le fils du ci-devant roi des Lombards, et qu’il faisait décapiter le duc de Frioul, son complice, les Saxons, toujours irrités contre le destructeur de leur culte, se soulèvent pour la troisième fois. Charles part pour Worms, et, à la tête d’une armée formidable, épouvante les Saxons : alors plusieurs de leurs chefs firent leur soumission, et promirent d’embrasser le christianisme. En 777, plusieurs autres chefs saxons, intimidés par des menaces, se rendent à Paderborne, et s’y laissent baptiser. Le fier Witikind refusa de se soumettre, et se retira loin de sa patrie et de l’oppression.

Charles se flattait d’avoir, par la force, triomphé des Saxons et ’ de leur conscience : il se trompait. Ce n’est pas à coups de lance, ni à coups de hache, que l’on change les opinions, que l’on fait passer les esprits d’une religion ancienne à une religion nouvelle. La prétendue conversion des Saxons, fruit de la terreur et non de la persuasion, n’était que simulée. Ils paraissaient chrétiens en présence des armées françaises ; ils redevenaient païens aussitôt qu’elles s’éloignaient de leur territoire.

Charles montra beaucoup de zèle pour la propagation du christianisme dans la Saxe ; cependant il ne répugna point à porter ses armes en Espagne, pour secourir un parti musulman menacé par un autre. Comme à son ordinaire, il fui heureux dans cette expédition, il conquit la Navarre et une partie de l’Aragon ; mais son armée victorieuse rentrant en France, l’arrière-garde, attaquée par les Gascons à Roncevaux, dans les Pyrénées, fut taillée en pièces. Dans ce combat, après une résistance opiniâtre, périt le neveu de Charles, le fameux Rolland, ce héros tant célébré par les romanciers du moyen âge.

Les Saxons profitèrent de l’éloignement de Charles pour secouer un joug qui leur était insupportable. En 780, ce roi marcha contre eux, les battit, et reçut leur soumission ; mais les Saxons ne se croyaient pas engagés par des serments qu’arrachait la violence. Aussi, lorsqu’en 782 Charles se rendit en Italie pour y faire sacrer ses deux fils, Carlomait connue roi d’Italie, et Louis comme roi d’Aquitaine, les Saxons, pour la cinquième fois, se soulevèrent et chassèrent les Français de leur pays. Charles revient subitement d’Italie à la tète d’une armée formidable ; le duc Witikind, effrayé, se retire en Danemark. Charles se montra inique et sanguinaire contre des hommes qui n’étaient coupables que de persistance dans la religion de leurs pères : il fit décapiter quatre mille cinq cents Saxons.

Ce massacre excita contre celui qui l’avait ordonné l’indignation, la plus vive. En 782, pour la sixième ibis, les Saxons se soulèvent en très grand nombre, et battent les Français. Charles, à la tête de forces considérables, accourt, leur livre deux batailles, et parvient à les réduire. En l’an 785 Witikind, et son compagnon d’armes Albion, après avoir longtemps et malheureusement bataillé contre Charles, résolurent de déposer les armes. Us vinrent se soumettre au vainqueur, et consentirent à se laisser baptiser. Cette guerre paraissait terminée, elle n’était que suspendue. Les Saxons, sans doute opprimés, tourmentés par les émissaires de Charles, tentèrent encore une insurrection, qui fut réprimée.

En 787 Charles était en Italie, où il déjoua une conspiration tramée par le fils du ci-devant roi des Lombards : il en ramena plusieurs savants, chantres, grammairiens, calculateurs, et les établit en France. Il écrivit aux évêques et aux nobles pour les inviter à établir des écoles dans leurs églises, dans les monastères. L’instruction alors était nulle en France. Cette conquête sur l’ignorance honore plus Charles que celles qu’il remportait sur ses voisins par la force des armes.

Il lui fallut bientôt les reprendre contre Tassillon, duc de Bavière. Ce duc, voisin de la Saxe, fut accusé, en 788, de conspiration ; bientôt il fut vaincu et condamné à mort. Le vainqueur lui fit grâce de la vie, le relégua dans un monastère, et s’empara de ses états.

Eu 788 persistant à convertir au christianisme les Saxons qui persistaient à suivre la religion de leurs aïeux, Charles fit encore une incursion dans la Saxe, battit les habitants, dévasta les campagnes, construisit deux ponts sur l’Elbe, et obtint des succès plus brillants que durables. Cependant Charles commença à s’apercevoir, et un peu tard, que ce n’était pas avec des armes que l’on convertissait les nations : il envoya en Saxe des prêtres et des évêques. En l’an 789, il fit des lois contre ceux qui se montraient attachés à leur religion antique. Le baptême ou la mort était le sens de ces lois, dignes de Mahomet ou de Drascon. Si quelqu’un se cache pour échapper au baptême, qu’il meure, porte une de ces lois. (Baluzii, Capital., tom. I, col. 262. ) Dans le même Capitulaire est aussi prononcée la peine de mort contre les Saxons qui se permettent de faire gras dans le carême. (Idem, tom. I, col. 252.) Ces lois tyranniques jusqu’à l’absurdité irritèrent fortement les Saxons. Le joug imposé n’était plus supportable. Pour la septième fois, en 792, ils se révoltèrent ; le ressort, plus comprimé, se détendit avec plus de violence. Les Saxons firent main basse sur les Français, en tuèrent un grand nombre, chassèrent leurs missionnaires, brûlèrent leurs églises, et retournèrent enfin à la religion de leurs pères : exemple notable de la force des opinions !

L’histoire ne dit point comment cette révolte fut réprimée : peut-être que les grandes affaires qui occupèrent alors le souverain ne lui permirent pas de porter ses armes en Saxe. L’hérésie de Félix, les incursions des Sarrasins dans le midi de la France, la continuation d’un pont sur le Danube, la découverte de la conspiration tramée contre ses jours par Pépin le Bossu, son fils, purent suspendre sa vengeance. Il est cependant très vraisemblable que les Saxons furent punis. Pour la huitième fois, en 794 ils étaient campés et disposés à combattre ; mais à l’approche de l’armée française ils promirent de se soumettre et d’embrasser le christianisme. Charles n’y consentit qu’à condition que les familles les plus considérables d’entre eux seraient enlevées et déportées dans diverses provinces de ses états.

Pour la neuvième fois, les Saxons se soulevèrent. Charles, furieux, fond sur la Saxe, détruit, dévaste les châteaux et les campagnes, se porte sur le Veser, et, pour s’assurer le fruit de son expédition, jette sur cette rivière les fondements d’une nouvelle ville, aujourd’hui nommée Héristal-Saxon. Il reçoit des soumissions, des otages, et se retire après avoir terminé ses affaires avec le roi des Huns et avec des chefs sarrasins, gouvernant de très- vastes états.

Charles, en 799, était à Héristal en Saxe, y organisait des évêchés et des abbayes, lorsque le pape Léon se rendit auprès de lui : c’était le pape que Pascal, son primicier, et Campule, son trésorier, avaient mis en prison, après lui avoir arraché les yeux et coupé la langue. Léon s’en échappa, et vint implorer le secours de Charles. Celui-ci ordonne sa réinstallation, se rend lui-même en Italie, et, le 24 novembre 800, arrivé à Rome, il examine les crimes imputés à Léon, qui se disculpe entièrement. Alors le pape, reconnaissant, détermine le peuple romain à proclamer Charles empereur. L’acclamation était ainsi conçue : A Charles-Auguste, couronné de Dieu, grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire. Après cette acclamation, le souverain pontife l’adora et l’oignit d’une huile sainte depuis la tête jusqu’aux pieds. Ainsi l’éminente dignité d’empereur romain, évanouie sous Augustule, après un intervalle de trois cent vingt-quatre ans, fut reproduite par un pape, en faveur du sicambre Charles et de ses successeurs, qui ne surent pas la soutenir.

Charles, quelques jours après ce glorieux avènement, fit condamner à mort les auteurs de la déposition et des mutilations du pape. Celui-ci eut la générosité de demander que la peine capitale qu’ils devaient subir fût commuée en un exil ; Charles y consentit.

En 802, le nouvel empereur fit rédiger des lois pour les différents peuples qu’il avait soumis, ajouta quelques articles à la loi salique, à celle des ripuaires, et institua les missi dominici, ou commissaires chargés de parcourir les provinces pour surveiller l’administration de la justice, rechercher les abus et les faire cesser.

En 8o3, les Saxons, accablés sous un joug trop pesant, cherchèrent encore à s’en délivrer, et, pour la dixième fois, ils levèrent l’étendard de la révolte. L’empereur, à cette nouvelle, prend un parti violent, fait sortir de la Saxe dix mille familles, environ soixante mille individus, les transplante dans la Flandre, et distribue leurs biens à un peuple vandale du Mecklenbourg.

Charles prit une autre mesure pour contenir dans l’obéissance les Saxons indociles ; il institua en Westphalie ce tribunal terrible et secret, connu sous les noms de Cour véhénique, ou francs juges, qui, à la fois dénonciateurs, juges et bourreaux, condamnaient toujours et tuaient l’accusé sans entendre sa justification. Cet accusé n’avait connaissance de son jugement que lorsque l’exécuteur venait le frapper mortellement. Ce tribunal inique et atroce a subsisté jusqu’au règne de Charles-Quint.

Charles, au commencement de janvier 806, fit le partage de ses états entre ses trois fils. En 808 s’opéra la première descente des Normands sur les côtes de la Neustrie, et Charles ne négligea rien pour mettre les côtes de son empire en état de défense. Il est présumable que, s’il eût vécu encore quelque temps, les barbares du Nord n’auraient point dévasté l’Europe, ni envahi la Neustrie, aujourd’hui la Normandie ; mais cet empereur, âgé de soixante-douze ans, attaqué d’une pleurésie, mourut à Aix-la-Chapelle le 28 janvier 814, dans la quarante-sixième année de son règne en France, et la quatorzième année de son empire. Charles, surnommé le grand (magnus), qualification qui ne lui fut donnée qu’après sa mort, la mérita par son activité et par l’énergie de son caractère. Ses constants succès dans ses expéditions militaires l’ont fait considérer comme un héros. Il était certainement l’homme le plus extraordinaire de son époque. Il scellait quelquefois ses diplômes avec le pommeau de son épée, et disait, dans sa fierté sauvage : Je les soutiendrai avec la pointe.

Son acharnement à persécuter les Saxons, à vouloir les convertir au christianisme par la force des armes, les massacres, les enlèvements qu’il exécuta contre eux, souilleront éternellement sa mémoire et le rabaisseront au niveau des rois barbares. Charles et ceux de sa famille étaient en effet fortement entachés de barbarie, comme le prouve le capitulaire suivant que cet empereur adresse à ses fils : « II me plaît d’ordonner que, dans quelqu’occasion que ce soit, et de quelques crimes que vos enfants soient accusés, ils ne soient point, sans les entendre et sans forme de procès, privés, malgré eux, de leur chevelure, qu’on ne leur arrache point les yeux, qu’on ne les égorge point. » (Baluzii, Capit., col. 445. ) Il est évident qu’ici un barbare parle à des barbares. Cependant, du milieu des nuages obscurs qui offusquaient sa raison, on voyait quelquefois jaillir des étincelles de génie. Il sentait son ignorance et celle de ses sujets. En 787, il amena d’Italie en France des savans et des artistes ; il fonda des écoles et s’y instruisit lui-même ; il apprit la grammaire et parvint à parler aussi facilement la langue latine que la tudesque, son langage maternel ; il entendait le grec, mais il le prononçait très mal. Il fit plusieurs tentatives pour apprendre à écrire ; il plaçait, sous son chevet, des tablettes, pour s’exercer dans cet art, à temps perdu ; « Mais, dit Eginhard, son secrétaire, ses tentatives eurent peu de succès ; il avait commencé trop tard. » (Eginhard, cap. 25.) Des modernes, qui se prétendent sur cette matière mieux instruits que le secrétaire de Charlemagne, se sont tourmentés pour expliquer favorablement ce passage d’Eginhard, et assurent que ; cet empereur a écrit plusieurs ouvrages.

Charles conçut un vaste et utile projet, lorsqu’il entreprit de joindre l’Océan germanique au Pont-Euxin, par un canal qui fut commencé et non achevé. Cette entreprise, qui décèle le génie de son auteur, ne put être exécutée dans un siècle où l’ignorance dominait. Quoique très religieux, ami et bienfaiteur des, papes, fondateur de plusieurs églises et monastères, Charles se. montra ouvertement l’ennemi des abus du culte, des erreurs et des désordres du clergé.

Alcuin composa, par l’ordre de Charles, un ouvrage connu sous le titre de Livres garolins. Dans cet ouvrage, dont l’authenticité fut quelque temps contestée, et depuis généralement reconnue, le culte des images et le second concile de Nicée sont condamnés. Malgré cette condamnation on a continué à rendre un culte aux images.

En l’an 789 il condamna les fausses relations, et surtout, dit-il, « cette misérable et très fausse lettre que des vagabonds, pour tromper le publie, disent être tombée du ciel. On ne doit point lire, on ne doit pas croire, mais on doit jeter au feu cette fausse lettre. (Capital., Baluzii, t. I, col. 239.) Néanmoins il est de temps en temps, et même très récemment, tombé du ciel de pareilles lettres modelées sur celle que Charlemagne condamna aux flammes.

Ses Capitulaires offrent plusieurs preuves de l’incontinence des évêques. Ce prince, en 769,leur défendit, sous peine d’être privés de leur siège, d’aller à la chasse avec chiens et oiseaux, de répandre le sang des hommes et de vivre avec plusieurs épouses. Un de ses Capitulaires de 801 défend aux évêques de porter les armes des guerriers, de vivre avec des femmes étrangères, et de fréquenter les tavernes. Enfin, en 811, le même prince reproche aux évêques de contracter des mariages secrets, de s’occuper d’affaires séculières, d’employer la violence pour obliger les laïques à se faire prêtres, chanoines ou moines. « A-t-il abandonné le siècle, dit-il, celui qui emploie toutes sortes de voies et artifices pour accroître ses richesses, qui flatte les uns de l’espoir d’obtenir les béatitudes célestes, épouvante les autres par la perspective du supplice éternel de l’enfer, et abuse de la simplicité du riche et de celle du pauvre, de leur ignorance et de leur crédulité pour les dépouiller de leurs biens. »

Charlemagne fait aux évêques bien d’autres reproches qu’on peut lire dans les Capitulaires (Baluzii, t. Ier, col. 479). Ce prince imputait aux évêques des torts dont lui-même n’était pas toujours exempt. Il versait le sang des hommes, s’emparait et disposait de leurs propriétés, ce qui n’est pas du tout conforme aux préceptes de l’Evangile. Il fut, comme beaucoup d’autres, attaché à la religion chrétienne tant qu’elle ne contrariait pas ses passions, auxquelles il se livrait sans frein ; il était ambitieux, cruel, et fort enclin à la débauche ; ses mœurs furent peu exemplaires. Sa conduite militaire, les nations qu’il a subjuguées, les rois qu’il a détrônés, les condamnations, les supplices qu’il leur a infligés prouvent suffisamment qu’il avait les vices des conquérants. Il s’occupait trop minutieusement des détails du culte, et reprenait rudement, même avec cruauté, les prêtres délinquans ; le moine de Saint-Gall raconte à cet égard quelques anecdotes qui rapetissent beaucoup le grand empereur.

Charlemagne eut au moins cinq épouses et autant de concubines ; Fastrade, sa troisième épouse, le dominait, était orgueilleuse et méchante jusqu’à la cruauté. Himiltrude, l’une de ses concubines, fut mère de Pépin le Bossu, qui conspira contre la vie de son père. Ses autres épouses et concubines sont peu remarquables. Les prêtres, qui étaient ses obligés ou qui en avaient peur, ne se permirent jamais la moindre réprimande sur les désordres du maître. Les vices, les faiblesses, les habitudes barbares de Charlemagne n’empêchèrent pas qu’il ne fût, pour son temps, un homme extraordinaire ; ses actes inhumains et ses dissolutions n’empêchèrent pas non plus l’Eglise reconnaissante de le placer au rang des saints, parmi lesquels son nom figure, sinon dans le ciel, au moins dans le calendrier.

L’empire français mal organisé, mais soutenu par la seule énergie de Charlemagne, après sa mort, tomba en décadence, et offrit bientôt les plus grands désordres, les scènes les plus scandaleuses, qui amenèrent sa ruine totale. — J.-A. Dulaure.

 
 
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