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Catastrophe industrielle en 1930 : un nuage du fumées toxiques s'abat sur la vallée de la Meuse. Troubles respiratoires

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Événements marquants
Evénements ayant marqué le passé et la petite ou la grande Histoire de France. Faits marquants d’autrefois.
Nuage de fumées industrielles mortelles
aux portes de la France en 1930
(D’après « Lectures pour tous », paru en 1933)
Publié / Mis à jour le mercredi 28 novembre 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 
 
 
L’année 1930 assista à une catastrophe industrielle survenant aux portes de la France, au sein de la vallée de la Meuse et à quelques kilomètres de Liège en Belgique, un nuage de fumées acides s’échappant des usines à zinc de la région causant des pertes animales et humaines en raison de conditions climatiques favorisant son action nocive : l’occasion, pour les autorités d’afficher leur volonté de mettre un terme à l’exposition de la population à de tels dangers...

Le chroniqueur Jacques Pilpoul revient en 1933 dans le journal Lectures pour tous sur ce drame. Dans les premiers jours de décembre 1930, une étrange épidémie s’abattait dans la vallée de la Meuse, à Engis en particulier, à 17 kilomètres de Liège, en même temps qu’un brouillard épais obscurcissait la région. Plus de 60 décès et 200 malades, et une véritable hécatombe de bétail... Aussitôt les suppositions de s’échafauder. On voulut incriminer les émanations des usines à zinc proches d’Engis, mais elles chômaient depuis plusieurs jours. On supposa ensuite que des usines avaient laissé échapper accidentellement des gaz asphyxiants. Un savant américain aux audacieuses hypothèses attribua le caractère meurtrier du brouillard, à des particules de sable venues du Sud-Algérien ! Ce fut ensuite la « peste noire »...

En réalité, la catastrophe était due à des causes complexes. Les premiers jours de décembre, un régime anticyclonique – pression atmosphérique élevée et faible vent – favorisait la production du brouillard et sa persistance au-dessus de la vallée de la Meuse ; cette production était d’autre part facilitée par les poussières des fumées des innombrables usines, poussières qui formaient noyau de condensation pour la vapeur saturante de l’atmosphère. Un brouillard très dense se forma et persista quelques jours, d’où une première action nocive sur les voies respiratoires supérieures de nombreux habitants. D’autre part, les fumées se refroidirent et, au lieu de s’élever verticalement, s’étalèrent en nappes qui, en l’absence de vent, transformèrent la vallée de la Meuse en une sorte de vase clos qu’allaient remplir de plus en plus des fumées provenant aussi bien des usines que des foyers domestiques.

Or dans ces fumées se trouvait de l’acide sulfureux produit par la combustion de la houille qui contient du soufre. En présence des gouttelettes d’eau du brouillard et de l’oxygène de l’air, cet acide sulfureux se transforma en acide sulfurique, dont tout le monde connaît l’action irritante et caustique. Sous l’action simultanée de ces différents facteurs, les personnes les moins robustes succombèrent. Le vent dispersa ensuite le brouillard et l’air contaminé. Certes, des circonstances atmosphériques exceptionnelles, et en particulier l’absence de tout vent, ont permis ce drame. Mais, ont conclu les experts commis par le Parquet belge, « si les mêmes conditions météorologiques se représentaient, au moins pendant la même durée et sous les mêmes conditions d’activité des usines, il est à prévoir que les mêmes accidents se reproduiraient dans la vallée de la Meuse ». Voilà qui est peu réconfortant. Il est vrai que des recommandations ont été faites après les travaux de la commission gouvernementale nommée à la suite de la catastrophe. Il a été décidé, en particulier, que les bourgmestres feraient ralentir les usines les jours dé brouillard et que les stations météorologiques avertiraient les gens âgés ou délicats de rester chez eux quand les conditions météorologiques seraient trop défavorables.

Mais Jacques Pilpoul s’interroge : la véritable solution n’est-elle pas d’empêcher les émissions de fumées, en moins en partie ? On s’achemine d’ailleurs partout vers cette solution : suppression des fumées, nocives pour l’homme et les végétaux, et nuisibles aux bâtiments et pièces métalliques. On a inventé des foyers et appareils fumivores, ainsi que divers procédés de dépoussiérage industriel, à sec, humides, ou électriques : un très intéressant ouvrage de M. René Humery vient de paraître sur cette question, qui a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs communications au dernier « Congrès de chauffage et de ventilation des bâtiments » (Paris, juin 1933), ajoute-t-il.

Mais le problème technique de la suppression des fumées industrielles n’est pas simple, et c’est ce qui explique pourquoi en France la loi Morizet sur la suppression des fumée industrielles, promulguée le 20 avril 1932, n’est pas encore entrée en vigueur, bien qu’en principe elle eût dû l’être déjà au moins pour les établissements de l’État, des départements et des communes. « Les collectivités qui réclament des particuliers l’obéissance, déclarait pourtant M. Morizet, doivent se soumettre les premières à la loi commune. » Il est vrai, a-t-on objecté, que les amendes encourues par les établissements de l’État seront payées par le même État. Quoi qu’il en soit, la loi Morizet sera tôt ou tard appliquée, avec les restrictions qu’imposent certaines conditions industrielles, mais en revanche élargie, espérons-nous, par son application aux fumées domestiques. L’hygiène publique et l’esthétique urbaine l’exigent.

 
 
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