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Histoire du costume, costumes anciens : Paniers, ces jupons cerclés de fer

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Mode, Costumes
Variations des costumes depuis les Gaulois jusqu’au XIXe siècle. Histoire du costume, vêtement, coiffures, chaussures. Mode vestimentaire
Emballez, c’est « panier » !
(D’après « Petites ignorances de la conversation », paru en 1856)
Publié / Mis à jour le dimanche 7 juillet 2013, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 
 
 
Les paniers, on le sait, sont des jupons auxquels étaient fixés plusieurs étages de cercles en fer d’abord (c’était l’enfance de l’art), puis en bois et enfin en baleine. — Destinés à suppléer à l’insuffisance bien constatée des jupons ordinaires, les paniers avaient le double mérite de donner aux dames du XVIIIe siècle de fortes hanches, et, par opposition, des tailles extrêmement fines.

Dans ce bienheureux temps des paniers, c’était comme aujourd’hui : toutes les femmes étaient bien faites, car toutes étaient dans le cas des femmes qui écrivent leurs mémoires, et qui, comme Mlle de Launay, ne se montrent qu’en buste.

Nous avons dit bien faites pour parler avec les mots de tout le monde, mais nous ferons nos réserves. On a beaucoup exagéré le mérite des tailles de guêpes ; avoir quelques centimètres de circonférence à la taille et plusieurs mètres un peu plus bas, c’est une beauté que nous apprécions peu. Une femme dont le buste ne tient que par un fil au reste du corps, nous inspire un sentiment pénible, et elle s’éloigne trop de la nature pour être à nos yeux une femme bien faite.

Mais « Pourquoi Mlle de***, qui est jeune et belle, s’environne-t-elle d’ombre comme une vieille coquette fanée ? — Pour vous paraître toujours blonde. — Elle n’est donc pas blonde ? — Non elle est rousse. — Mais il y a des cheveux. roux d’une teinte superbe que les peintres estiment beaucoup. — Les peintres, mais pas les coiffeurs, et vous savez bien qu’en fait de beauté ce ne sont pas les artistes qui donnent la mode, ce sont les couturières et les coiffeurs. » Cette vérité était du temps de Louis XV comme elle l’est du notre, et Mlle Clairon a dû paraître singulièrement hardie quand elle a osé, en pleine vogue de paniers, se montrer sur la scène avec les simples hanches que Dieu lui avait données. — Supposez que Mlle Doche fasse brusquement, au Vaudeville, son entrée sans crinoline !

La crinoline, qui occupe une place si importante dans notre société, sur les trottoirs et dans les voitures publiques, n’est autre chose que le panier en progrès. Le besoin de s’élargir qui s’est emparé des femmes depuis le jour où elles ont échappé aux fourreaux de parapluie du premier empire, les aurait inévitablement ramenées aux paniers du dernier siècle si les progrès de l’industrie n’avaient permis de substituer le crin à la baleine. Avec les grâces naturelles à son sexe, Mlle Crinoline devait, sans rien perdre de son ampleur, être moins lourde, moins empruntée, plus souple que M. Panier, son père ; mais elle devait conserver aussi cet air de famille et cet esprit d’envahissement auxquels nous l’avons tout d’abord reconnue.

Si les dames, qui vivent presque toutes aujourd’hui dans l’intimité de cette ample demoiselle, désirent connaître ses nobles ancêtres, nous leur citerons, d’après un critique célèbre, un dialogue entre un auteur et une modiste de 1724.

L’auteur. Vous plairait-il, mademoiselle, de me dire exactement ce que vous autres, jolies femmes, qui en portez et qui eu faites, vous entendez par ce mot les paniers ?

La Dame. Monsieur l’auteur, ce sont des cloches de toile soutenues par des cercles de baleine que les femmes portent sous leurs jupes et dont les pieds semblent être les battants.

L’auteur. Quelle est l’origine des paniers ?

La Dame. Cette origine se perd dans les ténèbres de la soie et du velours. Les premiers paniers furent d’abord, il y a longtemps..., il y a huit jours, des cercles en fer, en bois et en baleine, garnis d’étoffes, qui servaient à relever les robes ; ils s’appelaient en ce temps-là des vertugadins. La première dame qui en a porté, c’est dame Radegonde, la femme légitime de Polichinelle ; cette dame avait beaucoup d’enfants, et pour les cacher dans son giron, elle imagina cette espère de cage à poulets.

L’auteur. Madame, pourriez-vous me dire tout bas à quoi peuvent servir ces sortes de paniers ?

La Dame. Je vous dirai en confidence que rien n’est plus incommode. Dans nos logis, les appartements sont trop petits, les sofas suffisent à peine à asseoir une femme en paniers ; il faut élargir les portes des maisons et couper les bras aux fauteuils. Deux paniers remplissent la rue, deux paniers remplissent un carrosse à deux fonds ; à l’Opéra, pour chaque panier il faut une loge ; à l’église, vingt paniers remplissent le chœur ; la dame en paniers ne peut ni entrer, ni sortir, ni monter, ni descendre ; petite, elle rappelle un tonneau ; de grande taille, on dirait un cône en équilibre sur sa pointe ; a-t-elle un genou cagneux, le pied vilain, la jambe tordue, le panier, dans son indécent va-et-vient, laisse entrevoir ces difformités détestables ; mais qu’y faire, monsieur ? c’est la mode, et l’instant n’est pas venu d’en changer.

L’auteur. Madame, pourriez-vous me dire combien il y a de sortes de paniers ? Je n’ignore pas que vous avez la gourgandine, le boute-en-train, le tâtez-y, la culbute, les bêtises, le laisse-tout-faire et les mensonges de Paris ; cependant, depuis qu’on invente, on a dû trouver quelque chose de nouveau, ne fussent-ce que les paniers percés ?

La Dame. Vous avez raison, monsieur, nous avons la gondole, espèce de panier plus large par le bas que par le haut ; avec la gondole une femme a l’air d’un porteur d’eau dans son tonneau ; nous avons les cadets, ainsi nommés parce qu’ils s’arrêtent deux doigts au-dessous des genoux ; les paniers bourrelets, ces bourrelets servent à faire évaser la jupe ; les paniers fourrés sur les hanches et autre part ; enfin mille sorte de paniers selon la taille et l’âge des femmes à la mode, qui rougiraient d’une taille mince et mignonne ; hier tout était svelte, aujourd’hui tout est gros ; un gros équipage, un gros bien, une grosse table, une grosse femme, et même les gens grossiers pourvu qu’ils aient un gros argent. Quant au laisse-tout-faire, permettez-moi, monsieur, de vous dire que vous êtes dans une grosse erreur, le laisse-tout-faire n’est pas un panier :
L’homme le plus grossier et l’esprit le plus lourd
Sait qu’un laisse-tout-faire est un tablier court.

L’auteur. Je vous remercie, madame, de ces renseignements, je vais me hâter de faire ma comédie, et je vous prierai d’y venir en petite loge avec moi, et en petits paniers.

 
 
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