24 janvier 1559 : mort de Christian ou Christiern II, roi de Dancmark et de Suède

Captif depuis douze ans clans le château de Soënderbourg, renfermé dans un donjon dont la porte était murée, et qui ne recevait de jour que par une lucarne, avec un nain pour toute compagnie, Christian avait dû se reprocher amèrement les forfaits qui souillèrent son règne, lorsqu’en 1543 sa captivité, sans cesser entièrement, devint moins rigoureuse. Conduit à Callundborg par les ordres du nouveau roi, Christian III, il y fut traité honorablement, et y mourut oublié des uns, haï de tous les autres, justement flétri, par l’histoire, du titre de Néron du Nord.

Appelé par sa naissance au trône de Danemark, Christian II, fils de Jean Ier, s’était annoncé par de fougueux excès et des passions basses. En 1517, la mort d’une maîtresse qu’il aimait avant de régner, et dont la mère avait tenu une hôtellerie en Hollande, lui fit verser des torrents de sang : il soupçonnait, sans aucune preuve, que le poison avait tranché ses jours. Mais si l’amour développa son naturel féroce, l’ambition lui donna bien un autre essor. Le récit de la conquête de Suède et des scènes d’horreur qui la suivirent en fourniront les preuves. (voy. 8 Novembre 1520.) Enfin Gustave Vasa, brisant les fers dont Christian l’avait chargé, délivra sa patrie ; les États de Wadsténa déclarèrent le tyran déchu de la couronne. Les Jutlandais imitèrent cet exemple. Christian effrayé trahit lui-même sa cause, et quitta le Danemark le 14 avril 1553. (voy. cette date.) Ses efforts pour y rentrer le conduisirent au donjon, d’où il ne put sortir qu’en renonçant à toute idée de grandeur et de rétablissement.

Christian publia deux codes, dont l’un concernant le clergé réprimait son luxe, mettait des bornes à ses libéralités envers les couvents, à la juridiction épiscopale, et dont l’autre abolissait l’usage de vendre et d’échanger les paysans, leur ouvrait un recours contre la barbarie de leurs seigneurs. D’autres dispositions sages et humaines prohibaient le pillage des naufrages, réglaient le commerce, la pêche, l’agriculture : l’altération des monnaies et ses tristes conséquences détruisirent l’effet de toutes ces mesures, dictées par une saine politique et par l’amour du peuple.

Le féroce Christian a trouvé un apologiste : dans un livre publié en 1788, Riégels, auteur danois, compare ce prince à Joseph II. C’est ainsi que Linguet a fait le panégyrique de Tibère.