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23 janvier 1806 : mort de Pitt

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23 janvier 1806 : mort de Pitt
Publié / Mis à jour le lundi 23 novembre 2009, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

William Pitt, le plus étonnant, sinon le plus grand homme d’état de son pays et de son siècle, naquit à Hayes, dans le comté de Kent, le 28 mai 1759. Second fils du comte de Chathani, il fut élevé par son illustre père avec des soins qui tenaient de l’idolâtrie, mais que justifiaient ses talents précoces. Ce fut pour le jeune Pitt un inappréciable avantage que de recevoir de la bouche paternelle les leçons d’un art qu’il exerça toute sa vie. Parvenu à l’âge de dix-neuf ans, il perdit ce maître si habile et si cher (voy. 12 Mai 1778) ; quelques succès obtenus au barreau l’annoncèrent à une carrière plus haute : il n’avait pas encore atteint sa vingt-deuxième année, lorsque l’élection du bourg d’Appleby lui ouvrit la Chambre des communes. Le 26 février 1781, il y débuta en appuyant une motion de Burke sur des retranchements à faire à la liste civile.

Les souvenirs qu’avait laissés le grand député des Communes attirèrent naturellement tous les regards sur son fils ; bientôt le jeune orateur ne dut qu’à lui-même l’attention extraordinaire que la Chambre lui prêta. Sans se montrer effrayé ni surpris de sa position nouvelle, Pitt s’exprima avec tant d’aisance et de vigueur, mit dans ses arguments une logique si pressante, dans son langage une si élégante pureté, qu’il surpassa l’attente générale, et que des murmures d’approbation se firent entendre de toutes parts. A la Ai de la session ouverte sous ces heureux auspices, un ami de Fox ayant dit que Pitt promettait d’être un des premiers orateurs de la Chambre des communes : « II l’est déjà, » répondit son rival.

Fox, qui devait briller si longtemps à la tête de l’opposition, débuta dans les rangs du ministère, et Pitt, qui devait si longtemps occuper le ministère, commença par être de l’opposition. La fortune lui préparait ainsi quelques-unes de ces contradictions que le changement de situation rend inévitables, et qui, bien que faciles à prévoir, n’en produisent pas moins d’irritation et de scandale. Par exemple, il s’était d’abord prononcé avec chaleur pour la reforme parlementaire, dont ensuite il se montra l’ennemi constant, au risque de passer pour apostat de ses doctrines.

Pitt satisfit une haine de famille en contribuant à la chute du ministère dirigé par lord North ; cependant il ne fut pas compris dans le cabinet qui se forma sur ses ruines. Cette combinaison nouvelle ayant été détruite trois mois après par la mort du marquis de Rockingham, lord Shelburne fut nommé premier lord de là trésorerie, et Pitt chancelier de l’échiquier (1er juillet 1782). Telle est la date de son admission aux affaires publiques. Il en sortit le 31 mars 1788, pour y rentrer le 18 décembre de la même année, vainqueur du fameux ministère de coalition, et réunissant au titre de chancelier de l’échiquier celui de premier lord de la trésorerie. Pitt, premier ministre à vingt-quatre ans, se maintint dans ce poste jusqu’au mois de mars 1801 ; alors il se retira pour ne pas signer le traité d’Amiens, contraire aux principes de sa politique. La reprise des hostilités le ramena au ministère (mai 1804 ), il y resta jusqu’à sa mort. Depuis Robert Walpole, l’Angleterre n’avait pas vu de ministre en si longue possession du pouvoir.

Plusieurs époques se distinguent dans ces vingt-six années toutes consacrées aux soins du pays et à la surveillance de l’Europe. La première, et la plus brillante peut-être, est celle où Pitt triompha des plans et de l’éloquence de Fox, en combattant le bill sur les affaires de l’Inde (18 novembre 1788) ; la seconde est celle où, suivant l’expression d’un de ses adversaires, il vainquit la Chambre des communes en prononçant sa dissolution (25 mars 1784). Ce fut à propos de cette mesure hardie que lord North dit qu’il était né ministre. La maladie qui vint frapper le roi vers l’automne de 1788, et qui, contre toute probabilité, accrut l’influence de son ministre, forme une troisième période dans la vie politique de Pitt ; la révolution française en forme une dernière, dont l’importance remplit tout le reste de ses jours.

Le point de vue opposé sous lequel Pitt et Fox envisagèrent cet événement immense, marque la différence essentielle de leurs systèmes. Fox soutint toujours que le devoir de l’Angleterre, par rapport à la France, consistait à s’abstenir de toute intervention. Il pensait que si les divers états de l’Europe se fussent bornés à se garantir de l’invasion, au lieu de chercher à envahir, ils n’eussent pas fourni à nos armes le prétexte des conquêtes qui ont ébranlé tous les trônes.

Pitt professa et pratiqua l’opinion contraire ; il vit dans le prosélytisme anarchique des démagogues français un danger qu’il fallait absolument étouffer par la force. Tel fut, à partir de 1793, le motif réel ou apparent des coalitions qu’il ne cessa d’ameuter contre la France. Mais si l’on peut accuser sa politique extérieure, toujours condamnée d’ailleurs par les faits, d’avoir manqué, de prévision et de justesse, d’avoir pris pour guides des sentiments étroits d’un égoïsme national plutôt que les grands principes1 de la sociabilité européenne, la politique intérieure qu’il mit en usage à l’égard de son pays le réhabilite dans l’estime des hommes d’état.

Le jacobinisme s’était propagé sur le sol britannique ; des clubs s’y élevaient à l’imitation de ceux qui dominaient la France, et leur ambition publiquement avouée était d’imposer la loi au Parlement. Pitt sentit que dans cette circonstance délicate, où le salut de la constitution se trouvait compromis, une mesure violente prise par le gouvernement pouvait le compromettre encore davantage ; il eut recours à un autre moyen plus conforme à la dignité d’un état libre, et d’un effet plus sûr. Il convoqua secrètement tous les propriétaires, tous les notables de la classe la plus intéressée au maintien de l’ordre et des lois ; il leur parla raison, leur fit toucher au doigt leurs dangers et leurs ressources, mais en leur déclarant que c’était à eux à se défendre, qu’il s’agissait de leur propre affaire, et que l’autorité ne s’en mêlerait nullement. Le conseil de Pitt fut entendu et suivi ; en Angleterre, la garde nationale s’organisa dans l’intérêt du trône, tandis qu’elle s’était formée en France dans l’intérêt de la révolution. Ainsi, par une combinaison également sage et forte, Pitt n’opposa aux attaques de la licence que le boulevard de la liberté.

Dans l’administration des finances son génie se signala par des vues larges, des conceptions profondes ; c’est lui qui institua la caisse d’amortissement, et il regardait avec raison cette mesure comme le plus glorieux de tous ses titres. On lui en a contesté l’idée première, mais on ne peut lui refuser l’honneur d’en avoir tracé le plan, dont les moindres détails, disent ses adversaires eux- mêmes, approchent de la perfection. Cette création grande et utile, les bills pour l’organisation de l’Inde, l’acte d’union de l’Irlande, le renversement de Tippoo-Saeb, la conquête de l’île de Ceylan, d’une partie des Moluques, du cap de Bonne-Espérance, le monopole du commerce de l’univers, tels sont les avantages que la puissance anglaise dut au long ministère du fils de Chatham.

Cependant comme homme d’état, comme financier, la renommée de Pitt est encore l’objet d’une vive controverse. Gomme chef de parti (Leading man), comme tacticien consommé dans les manœuvres parlementaires, sa supériorité est incontestable. Celle de son éloquence ne l’est pas moins ; nous pouvons en juger par les monuments qui nous en restent. Mais une qualité dont les Anglais sont seuls juges compétents, et à laquelle Pitt dut une partie de son ascendant sur des hommes infiniment sensibles à ce mérite, c’est l’extrême perfection avec laquelle il parlait la langue de son pays. La conscience de son propre talent ne l’empêchait pas de rendre justice à celui des autres. Dans le seul voyage que Pitt fit sur le continent, M. Suard eut occasion de le voir et de causer avec lui ; il lui disait que la lecture des discours de Fox ne répondait pas à l’idée qu’il en avait conçue, d’après l’enthousiasme général : « Ah ! lui répondit Pitt, vous n’avez jamais été dans le cercle de l’enchanteur ! »

La mort vint frapper le diplomate anglais à l’époque où les événements semblaient réprouver le plus énergiquement son système ; la victoire d’Austerlitz, la paix de Presbourg portèrent le dernier coup à ce corps déjà faible et malade, et l’entraînèrent au tombeau.

Pitt avait aimé le pouvoir, mais pour le pouvoir même, et sans se soucier jamais des vains accessoires qui l’environnent. Aussi ne laissa-t-il après lui d’autres dignités que son nom, d’autre fortune que ses dettes : le Parlement vota quarante mille livres pour les acquitter, comme il en avait voté vingt mille pour payer celles de son noble père. Il vota en outre des honneurs funèbres, et un monument dans l’abbaye de Westminster, pour perpétuer la mémoire de ce grand et ’excellent homme d’état. Fox s’opposa seul à cet hommage public ; en rendant justice au caractère et au désintéressement du ministre, il déclara ne pouvoir reconnaître l’excellence d’un système dont il n’avait cessé de prédire les funestes résultats.

Pitt ne s’était point marié ; les sentiments tendres et religieux trouvèrent peu de place dans cette âme exclusivement occupée de l’exercice du pouvoir. Vers la fin de sa vie, un de ses amis, le célèbre Wilbelforce, l’engagea à jeter les yeux sur quelques livres de théologie ; ensuite, comme il voulut savoir l’impression qu’ils lui avaient faite : « Je n’ai trouvé là, dit Pitt, que des raisons de douter, auxquelles je n’avais pas songé. »

La goutte, maladie héréditaire, fortifiée par les travaux continuels et l’usage immodéré du vin, terminèrent son existence à l’âge de quarante-sept ans. On assure que la médecine, d’accord sur ce point avec les habitudes anglaises, lui avait prescrit l’intempérance comme régime ; un distique célèbre atteste qu’il y demeura fidèle — Édouard Monnais.

 
 
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