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6 mars 1429 : Jeanne d'Arc rencontre pour la deuxième fois le roi Charles VII à Chinon

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6 mars 1429 : Jeanne d’Arc
rencontre pour la deuxième fois
le roi Charles VII à Chinon
Publié / Mis à jour le lundi 6 mars 2023, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 2 mn
 

Les Chroniques d’Enguerrand de Monstrelet nous rapportent ainsi la première entrevue, qui avait eu lieu le 25 février 1429 : « Eux doncques estant arrivés en ladite ville de Chinon [deux jours plus tôt, le 23 février, cependant que Jeanne avait quitté Vaucouleurs le 11 février], le roy manda ces gentilshommes qui estoient venus en sa compagnie, et les fist interroger en sa présence ; lesquels ne sceurent que dire, sinon ce qui est récité ci-dessus : si eut le roy, et ceux de son conseil, grand doute si ladite Jehanne parlerait au roy ou non, et s’il la ferait venir devers lui ; sur quoi il y eut diverses opinions et imaginations et fut conclu qu’elle verrait le roi...

« Jehanne fut donc présentée audit seigneur, et sistot qu’elle fut entrée en la chambre où il étoit, elle fit les inclinations et révérences accoutumées à faire aux rois, comme si toute sa vie eust été nourrie en cour. Après lesquelles inclinations et révérences, elle adressa la parole au roi, lequel elle n’avoit jamais vu, et lui dit : Dieu vous donne bonne vie, très noble roi ! Et pour ce que en la compagnie y avoit plusieurs seigneurs vêtus aussi richement ou plus que lui, dit : Se ne sais-je pas que suis roi, Jeanne. Et en lui montrant quelqu’un des seigneurs qui étaient là présents, lui dit : Voilà qui est roi ; et elle répondit : C’est vous qui êtes roi, et non autre, je vous connois bien.

Première entrevue de Jeanne d'Arc et Charles VII à Chinon, le 25 février 1429

Première entrevue de Jeanne d’Arc et Charles VII à Chinon, le 25 février 1429
(Miniature des Vigiles de Charles VII par Martial d’Auvergne, 1484)

« Après lesquelles paroles, le roi lui fit demander qui la mouvoit de venir devers lui ; à quoi elle répondit qu’elle venoit pour lever le siège d’Orléans, et pour lui aider à recouvrer son royaume, et que Dieu le vouloit ainsi ; et si lui dit qu’après qu’elle auroit levé ledit siège, qu’elle le meneroit oindre et sacrer à Reims, et que c’estoit le plaisir de Dieu que ses ennemis les Anglois s’en allassent en leur pays, que le royaume lui devoit demeurer ; et que s’ils ne s’en alloient, il leur mescherroit.

« Après ces choses ainsi faites et dites, on la fit remener en son logis, et le roy assembla son conseil pour sçavoir ce qu’il avoit à faire. Auquel conseil estoit l’archevêque de Reims, son chancelier, et plusieurs prélats, gens d’église, et laïcs. Si fut advisé que certains docteurs en théologie parleroient à elle, et l’examineraient, et aussi avec eux des canonistes et légistes ; et ainsi fut fait.

« Elle fut donc examinée et interrogée par diverses fois, et par diverses personnes : c’estoit chose merveilleuse comme elle se comportait et conduisoit en son faict, avec ce qu’elle disoit et rapportoit lui estre enchargé de la part de Dieu, comme elle parloit grandement et notablement, veu que en autres choses elle estoit la plus simple bergère que on veit oncques...

Le même Enguerrand de Monstrelet nous décrit les conditions de la deuxième entrevue, celle du 6 mars 1429, lors de laquelle Jeanne fournit au roi une « preuve » permettant à ce dernier d’ajouter foi aux paroles de la jeune fille de Domremy :

« Un jour elle voulut parler au roy en particulier, et lui dit : Gentil dauphin, pourquoi ne me croyez-vous ? Je vous dis que Dieu a pitié de vous, de vostre royaume, et de vostre peuple ; car sainct Louis et Charlemagne sont à genoux devant luy, en faisant prières pour vous ; et je vous dirai, s’il vous plaist, telle chose, qu’elle vous donnera à cognoistre que vous me devez croire.

« Toutefois elle fut contente que quelque peu de ses gens y fussent, et en la présence du duc d’Alençon, du seigneur de Trêves, de Christofle de Harcourt, et de maistre Gérard Machet, son confesseur, lesquels il fit jurer, à la requeste de ladite Jehanne, qu’ils n’en révéleroient ni diroient rien, elle dit au roy une chose de grand, qu’il avoit faite bien secrète, dont il fut fort esbahy ; car il n’y avoit personne qui le peust sçavoir, que Dieu et lui. »

 
 
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