Histoire de France, Patrimoine, Tourisme, Gastronomie, Librairie
LE 27 mars DANS L'HISTOIRE [VOIR]  /  NOTRE LIBRAIRIE [VOIR]  /  NOUS SOUTENIR [VOIR]
 
« Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du
peuple avant qu'il ne les ait oubliées » (C. Nodier, 1840)
 

 
NOUS REJOINDRE SUR...
Nous rejoindre sur FacebookNous rejoindre sur XNous rejoindre sur LinkedInNous rejoindre sur VKNous rejoindre sur InstragramNous rejoindre sur YouTubeNous rejoindre sur Second Life

17 février 1524 : Saint-Vallier, père de Diane de Poitiers, reçoit sa grâce sur l'échafaud. Jean de Poitiers

Vous êtes ici : Accueil > Éphéméride, événements > Février > 17 février > 17 février 1524 : Saint-Vallier, (...)
Éphéméride, événements
Les événements du 17 février. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
17 février 1524 : Saint-Vallier,
père de Diane de Poitiers,
reçoit sa grâce sur l’échafaud
Publié / Mis à jour le vendredi 15 octobre 2010, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, chevalier des ordres du roi, capitaine des cent hommes d’armes, est le père de la célèbre Diane de Poitiers. Il fut impliqué dans l’affaire du connétable de Bourbon. Il avait eu le plus de part à la confiance de ce prince ; il était son parent et son ami ; d’ailleurs, il était mécontent du gouvernement. Il raconte, dans son interrogatoire, qu’étant allé voir le connétable à Montbrison, ce prince, en s’enfermant avec lui dans son cabinet, lui donna quelques bagues ; puis réclamant tous les droits de l’amitié, comme prêt à verser un grand secret dans son sein, il lui présenta un reliquaire où il y avait du bois de la vraie Croix :

« Mon cousin, lui dit-il, mon cœur ne peut avoir de secrets pour toi : jure-moi sur cette croix de ne jamais révéler ce que tu vas apprendre. » Son cœur se décharge alors : il éclate en plaintes contre le roi, en reproches contre la duchesse d’Angoulême. « Monsieur, lui dit Saint-Vallier, que ne parlez-vous au roi ? — Le roi, répliqua le connétable, n’entend plus rien lorsqu’il s’agit de sa mère ; mais mon destin m’offre d’autres ressources, et tous les princes ne sont pas aussi aveugles que lui. » Il confie alors à Saint-Vallier les intelligences qu’il entretenait avec Charles-Quint, et les propositions que lui faisait ce prince.

Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier

Jean de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier

« Mais, Monsieur, lui répondit Saint-Vallier, comptez-vous sur toutes ces magnifiques promesses ? — Beaurein, chambellan de l’empereur, doit venir ce soir chez moi, répliqua le connétable : tu l’entendras ; tu jugeras toi-même du prix que l’empereur attache à mon alliance ; tu verras que ton ami n’est pas encore le rebut du monde entier. »

Le comte de Saint-Vallier fut présent en effet à l’entrevue du connétable avec le comte de Beaurein, et étant ensuite resté seul avec le connétable, il le conjura au nom de l’amitié, au nom de la patrie, au nom d’un frère mort à ses côtés, en combattant pour cette même patrie à la bataille de Marignan, au nom de sa gloire enfin, de ne point flétrir sec lauriers, de ne point chercher une coupable renommée dans la révolte et l’infidélité. « Ah ! s’écria douloureusement Bourbon, que veux-tu donc que je devienne ? Ils m’ont tout pris : je n’ai plus rien, je ne suis plus rien ; ils veulent que j’expire dans l’opprobre et dans la misère. »

Alors, il répandit un torrent de larmes dans le sein de son ami. Saint-Vallier pleurait aussi entre ses bras ; et l’attendrissement, animant son éloquence, il crut avoir ébranlé Bourbon, et se flatta de l’avoir fait changer de résolution. « Mon cousin, lui dit le connétable avec un transport qui paraissait sincère, n’en parlons plus ; je renonce à mon projet. Jure-moi de nouveau de n’en jamais parler, et reçois le serment que je te fais de n’y plus songer. » Le lendemain, Saint-Vallier prenant congé du connétable, lui dit : « Monsieur, je vous quitte content de vous et de moi, rassuré sur votre sort et sur celui de la France. — Oui, cousin, lui répondit le connétable ; tiens ta parole et compte sur la mienne. »

Environ un mois après, le connétable lui envoya réitérer les mêmes assurances et les mêmes exhortations. Saint-Vallier le crut véritablement changé, et ne fut désabusé que par la suite : telle est la déposition de Saint-Vallier. Il ne consentit à la faire qu’après s’être assuré que tout le secret de la conspiration était découvert : jusque-là il avait toujours nié qu’il en eût la moindre connaissance. Il persista dans sa déposition jusqu’à l’échafaud : cependant il n’est nullement certain qu’elle eût été sincère dans tous les points. Par exemple, Hector d’Angerai, seigneur de Saint-Bonnet, attaché au service du connétable, avait été chargé d’aller négocier en Espagne, le mariage de ce prince avec la reine de Portugal sœur de l’empereur. Il était parti pour l’Espagne avec le comte de Beaurein. Dans la route, Beaurein avait appris à Saint-Bonnet qu’il s’agissait d’une conspiration contre la France. A cette nouvelle, Saint-Bonnet avait quitté Beaurein, et s’était retiré du service du connétable.

Ce fut le motif des lettres de rémission qui furent accordées à Saint-Bonnet. Saint-Vallier, pendant tout le cours du procès et jusqu’à la confrontation avec Saint-Bonnet, avait toujours déclaré n’avoir aucune connaissance de la négociation pour le mariage, ni de la commission donnée à cet égard à Saint-Bonnet ; il alla même jusqu’à remettre entre les mains des juges un cartel de défi à tous ceux qui oseraient lui soutenir qu’il eût eu connaissance de ces faits et de tous les autres projets imputés au connétable. Saint-Bonnet fut confronté à Saint-Vallier, et soutint que ce dernier était présent lorsque le connétable avait ordonné à lui Saint-Bonnet de partir pour l’Espagne avec le comte de Beaurein. On voit encore dans les interrogatoires de Saint-Vallier que, pressé par les questions de ses juges, il prenait souvent le parti de ne plus répondre. Pourquoi, d’ailleurs, les juges qui se montrèrent plus indulgents que François Ier ne l’aurait voulu envers tous les autres complices, auraient-ils été plus rigoureux envers le seul Saint-Vallier, si les charges du procès ne les y eussent forcés ?

Quoi qu’il en soit, à toutes les instances qu’on lui fit pour obtenir d’autres aveux, il répondit qu’il permettait à son confesseur de révéler sa confession, si l’on croyait qu’elle contînt quelque chose de plus que sa déposition et que ses réponses aux interrogatoires ; il soutint toujours, avant et après l’arrêt, qu’il n’avait mérité aucune peine ; qu’il n’avait rien à se reprocher ; qu’il n’avait jamais rien fait que de bon et d’honnête. J’ai toujours servi le roi à mes dépens, dit-il. Il se plaignit de l’abandon où on le laissait. Mes amis, dit-il, me manquent bien au besoin. Les interrogations qu’on lui faisait sur de prétendus attentats contre la personne du roi, le mettaient surtout en fureur, et lui arrachaient les serments les plus terribles.

Sa santé s’altéra sensiblement. Un arrêt du 16 janvier 1524 le déclara criminel de lèse-majesté, le dégrada de tous ses honneurs, et le condamna à perdre la tête. Le même arrêt portait qu’avant d’être conduit à la Grève, Saint-Vallier serait mis à la question. Sa maladie obligea d’en différer l’exécution. Le roi parut mécontent de ce délai ; et le 15 février suivant, le chancelier alla de sa part au parlement presser l’exécution de l’arrêt. Le 17 on fit venir le médecin du parlement, qui déclara que le malade ne soutiendrait pas la question.

Le chancelier Duprat voulait qu’on la lui donnât, dût-il y périr. Le parlement, plus humain, fut d’un autre avis : Saint-Vallier ne fut que présenté à la question, et ne la subit pas. On lui en étala l’épouvantable appareil, pour le faire parler : il protesta qu’il n’avait rien à dire. Il se soumit à tous ces tourments avec une grande résignation ; mais il parut très sensible à la cérémonie humiliante dans laquelle on lui arracha le cordon de Saint-Michel : Le roi, s’écria-t-il, n’est pas en droit de me l’ôter sans le consentement de tous les chevaliers assemblés, et je n’ai pas mérité d’en être dépouillé. Il n’avait point son collier : Le roi, dit-il, sait que je l’ai perdu à son service.

On lui en présenta un pour l’exécution de la sentence ; il refusa de le prendre. Le président l’avertit qu’il fallait obéir au roi. J’obéis donc, dit Saint-Vallier. Il se tut, et se laissa attacher et arracher le collier. Il demanda la permission de faire quelques legs à ses domestiques, sous le bon plaisir du roi : elle lui fut accordée. On le conduisit à la Grève, tout malade qu’il était : il monta sur l’échafaud ; et dans l’instant où il se baissait pour recevoir le coup de hache, sa grâce arriva. Mais quelle grâce ! Les lettres portent qu’il sera enfermé pour toute sa vie entre quatre murailles, où il ne recevra le jour et la nourriture que par une petite fenêtre. On le laissa quelques jours, à la Conciergerie : il fut transféré ensuite dans une autre prison.

Quelques auteurs assurent qu’il s’échappa et se retira en Allemagne. Ils ne marquent point l’année de sa mort. Le traité de Madrid prouve incontestablement qu’il était encore prisonnier en 1526 : car ce traité porte qu’il sera promptement délivré. Le roi déclare, par des lettres du mois de juillet de la même année, que Saint-Vallier est sorti de prison, qu’il est absent du royaume, qu’il peut y revenir quand il voudra, et que ses biens lui seront rendus.

La maladie de Saint-Vallier, et l’espèce de grâce qui lui fut accordée, ont donné lieu à beaucoup de fables. On a dit qu’en entendant la lecture de son arrêt, il fut saisi d’une si forte frayeur, que ses cheveux blanchirent dans la nuit, et que le lendemain, ses gardes ne le reconnaissaient pas. Il avait alors environ quarante-huit ans. De Thou dit que, lorsqu’on le menait au supplice, la frayeur lui donna une fièvre qui, depuis, est passée en proverbe sous le nom de fièvre de Saint-Vallier. Il est bien vrai que la fièvre de Saint-Vallier est passée en proverbe ; mais les actes du procès, et le rapport du médecin du parlement, prouvent que c’était une fièvre invétérée qui, même, avait fait retarder son supplice, et qui lui avait épargné les tourments de la question.

Enfin, d’autres historiens prétendent que la célèbre Diane de Poitiers sa fille, acheta la grâce de son père au prix de son honneur, et qu’ainsi elle fut maîtresse de François Ier avant de devenir celle de Henri II. Ce n’est vraisemblablement là qu’une fable accréditée par quelques auteurs protestants qui, en général, ne sont pas favorables à Diane de Poitiers. Il est beaucoup plus simple et plus raisonnable de penser que le comte de Maulevrier-Brézé, grand sénéchal de Normandie, et mari de Diane de Poitiers, obtint la grâce de son beau-père. C’était le comte de Brézé qui avait donné au roi les premiers avis de la conspiration.

 
 
Même section >

Suggérer la lecture de cette page
Abonnement à la lettre d'information La France pittoresque

Saisissez votre mail, et appuyez sur OK
pour vous abonner gratuitement
Éphéméride : l'Histoire au jour le jour. Insertion des événements historiques sur votre site

Vos réactions

Prolongez votre voyage dans le temps avec notre
encyclopédie consacrée à l'Histoire de France
 
Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne !