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Reine Audovère (Neustrie), mérovingienne. Naissance, mort, mariage, règne. Mérovingiennes

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Reines, Impératrices
Biographie des reines et impératrices françaises. Vie des souveraines, faits essentiels, dates-clés. Histoire des règnes
Audovère
(née en 533, morte en 580)
(Épouse Chilpéric Ier (pas encore roi de Neustrie) vers 549)
Publié / Mis à jour le mercredi 13 octobre 2010, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

La triste et touchante Audovère commande l’intérêt par ses malheurs et sa résignation. Elle avait épousé Chilpéric Ier, roi de Soissons, et en semblait aimée, car, bien qu’elle fût d’un esprit simple et crédule, elle était aussi belle que jeune. Mais depuis quelque temps le roi avait remarqué parmi les femmes de la reine une servante d’une rare beauté, dont l’esprit vif et les saillies enjouées avaient séduit la reine qui se laissait en tout dominer par elle. Frédégonde, c’était le nom de cette servante, combina, pour faire répudier Audovère, un plan qu’elle sut exécuter d’une façon hardie.

La reine était déjà mère de trois fils, Théodebert, Clovis, Mérovée, et se trouvait enceinte lorsque Chilpéric partit avec son frère Sigebert pour faire la guerre aux Saxons. Avant le retour du roi, elle mit au monde une fille, Childeswinthe. Frédégonde avait entouré la reine de soins attentifs ; Audovère ne savait si elle devait attendre ou non le retour du roi pour faire baptiser sa fille ; elle consulta sa suivante. « Madame, lui dit Frédégonde, lorsque le roi mon seigneur reviendra victorieux, pensez-vous qu’il pût voir sa fille avec plaisir, si elle n’était baptisée ? »

Cette réponse détermine la reine ; le jour pris, elle se rend, accompagnée de Frédégonde, à l’église de Soissons ; mais l’évêque prévenu, le baptistaire orné, les cierges allumés, la marraine n’arriva pas : « Qu’est-il besoin d’attendre ? dit Frédégonde à la reine. Tenez vous-même votre fille sur les fonts de baptême. Quelle personne vous vaut pour être marraine ? » La simple Audovère tint l’enfant, et le baptême s’accomplit.

Quand le roi revint, et que, selon l’usage, les filles du domaine allèrent au devant de lui en portant des fleurs, Frédégonde se joignit à elles. « Dieu soit loué, dit-elle, de ce que Dieu t’a donné la victoire, et de ce qu’une fille t’est née heureusement ! », et on lit dans la Chronique de Saint-Denis : « Comme est ores le roi Hilpéric glorieux qui retourne à victoire à ses ennemis, à qui une fille nouvelle est née, Childhinde, qui tant sera noble de fourme et de beauté ! ». Affectant un air de tristesse, Frédégonde ajouta : « Mais mon seigneur sait-il le malheur qui est advenu ? La reine ma maîtresse est aujourd’hui sa commère et ne saurait plus être sa femme, puisqu’elle est la marraine de sa fille Childeswinthe. ».

Chilpéric répondit : « S’il en est ainsi, et qu’elle ne soit plus ma femme, je te prendrai pour compagne ». La reine vint à lui, son enfant dans les bras. « Femme, tu t’es perdue par ta simplicité, lui dit-il ; ne sais-tu pas qu’étant devenue ma commère, tu ne peux être mon épouse ? »

Pour bien apprécier cette histoire, il faut d’abord se remémorer les prescriptions du droit canonique de cette époque en matière d’empêchements de mariage. A partir d’une certaine date, on vit prévaloir dans l’Église cette idée que la parenté spirituelle contractée dans le baptême était un empêchement au même degré que la parenté selon la chair, et qu’elle avait même un caractère plus sacré. Or, il y avait du chef du baptême diverses catégories de parenté.

D’abord venait la parenté spirituelle qui rattachait le parrain et la marraine d’une part à leur filleule de l’autre : cet empêchement était le plus ancien et le plus grand de tous, et, dès 530, Justinien l’inscrivait dans le code civil. En second lieu, il y avait l’empêchement qui existait entre les parents selon la chair d’une part et les parents selon le baptême de l’autre : ainsi le parrain ne pouvait épouser la mère de son filleul, ni la marraine le père de celui-ci, en vertu du canon 53 du concile in Trullo, tenu en 692. En troisième lieu, le parrain et la marraine, en leur qualité de père et mère spirituels du filleul, étaient conçus comme des époux selon le baptême, et ne pouvaient, par conséquent, devenir époux selon la chair. Ce dernier empêchement fut promulgué pour la première fois dans un concile romain de 721.

Le cas d’Audovère appartient à la seconde catégorie d’empêchements de mariage : celui qui s’oppose à l’union de la marraine et du père de l’enfant. Mais, si l’interdiction a été formulée pour la première fois en 692, l’histoire, qui est censée se passer vers 565, perd toute vraisemblance, et trahit par là même sa provenance récente. D’ailleurs, à supposer qu’un empêchement eût existé dès cette date, il est d’autres motifs pour faire rejeter l’anecdote. Audovère n’étant qu’une des nombreuses compagnes de Chilpéric, il est difficile de décider si elle était considérée comme sa femme légitime ou comme sa concubine.

Dans le premier cas, une simple bévue commise par ignorance n’avait pas le pouvoir de dissoudre un mariage, qui était de sa nature indissoluble. Dans le second cas, au contraire, les rapports entre Chilpéric et Audovère n’étaient d’aucune manière détruits aux yeux du roi, puisqu’ils n’avaient pas le caractère d’une union conjugale. Par ailleurs, comment accréditer le moyen de nous faire croire que Chilpéric, qui était habitué à violer tous les commandements de l’Église, eût été homme à renoncer à l’objet de sa passion pour une raison d’ordre théologique ? Chilpéric n’était pas assez scrupuleux pour chercher des prétextes lorsqu’il voulait satisfaire ses passions. Il le prouva par la suite en faisant périr sa seconde femme Galswinthe, sœur de la célèbre Brunehaut. Enfin, comment l’évêque, auquel les lois canoniques devaient être connues, ne se serait-il pas opposé au dessein de la reine ?

L’épisode est, de plus, en contradiction formelle avec l’histoire. Il est faux que jamais Chilpéric ait fait une expédition en Saxe avec Sigebert. Sigebert a combattu seul contre ce peuple qui, de même que les Thuringiens, semble avoir troublé par ses révoltes la première année de son règne, et qu’il força de se soumettre. Il paraît bien que cette révolte fut déterminée par une invasion des Avares, rapportée par Grégoire de Tours, et que les tribus germaniques soulevées firent cause commune avec les envahisseurs, dont elles partagèrent la défaite.

Dans tous les cas, loin d’assister son frère dans ces difficultés, Chilpéric en profita pour lui enlever Reims et quelques autres villes, si bien qu’après son retour, Sigebert dut tourner ses arrhes contre lui et le mettre à la raison. Ceci se passait en 562. Une seconde fois les Avares reviennent, sans que l’on puisse savoir s’ils ont eu les Saxons et les Thuringiens pour alliés. Sigebert, cette fois, fut vaincu, et se vit obligé de traiter avec eux. Est-il besoin de dire que Chilpéric se garda bien de lui porter secours ? Par la suite, Sigebert eut encore à s’occuper des Saxons revenus d’Italie, qu’il rétablit dans leur ancienne patrie : mais ce ne fut pas une expédition qu’il fit contre eux et d’aucune manière Chilpéric ne l’assista : il ne cessa de se comporter comme son ennemi, et la guerre entre les deux frères fut presque permanente.

Quoi qu’il en soit, Chilpéric répudia la malheureuse Audovère (565) qui fut envoyée au monastère d’Étampes où elle languit quinze ans, avant que Frédégonde ne la fît étrangler en 580. Mais le triomphe de Frédégonde fut loin d’être complet avec la répudiation d’Audovère, car le roi ne lui donna aucun titre à la cour, pour le moment du moins, car elle arriva à ses fins quelque temps plus tard.

Audovère eut cinq enfants avec Chilpéric : Théodebert (né en 550 et mort en 575) ; Mérovée (né en 552 et mort en 577) qui se maria en 576 avec Brunehaut, fille d’Athanagild roi des Visigoths d’Espagne, et veuve de Sigebert Ier (demi-frère du père de Mérovée) ; Clovis (né en 555 et tué en 580) ; deux filles, Childeswinthe et Basine.

 
 
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