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Coutumes et traditions. Origine football, histoire. Sphérisitique des Grecs, ancêtre du football. Exercices avec balle, sphère, globe. Aporrhaxis, ourania, harpaston, corycus, follis, trigonalis, pila paganica, harpastum

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Coutumes, Traditions
Origine, histoire des coutumes, traditions populaires et régionales, fêtes locales, jeux d’antan, moeurs, art de vivre de nos ancêtres
Sphéristique (La) : ancêtre du football
(D’après « Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Tome 31 » paru en 1778)
Publié / Mis à jour le lundi 7 mai 2012, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 8 mn
 
 
 
Chez les Anciens, la sphéristique comprenait tous les exercices où l’on se sert d’une balle ; elle faisait une partie considérable de l’orchestique. On a fait honneur de son invention à Pithus, à Nausicaa, aux Sicyoniens, aux Lacédémoniens, et aux Lydiens. Il paraît que dès le temps d’Homère cet exercice était fort en usage, puisque ce poète en fait un amusement de ses héros. Il était fort simple de son temps, mais il se fit de grands progrès dans les siècles suivants chez les Grecs.

Ces peuples s’appliquant à le perfectionner, y introduisirent mille variétés qui contribuaient à le rendre plus divertissant et d’un plus grand commerce. Ils ne se contentèrent pas d’admettre la sphéristique dans leurs gymnases où ils eurent soin de faire construire des lieux particuliers, destinés à recevoir tous ceux qui voulaient s’instruire de cet exercice, ou donner des preuves de l’habileté qu’ils y avaient acquise : ils proposèrent encore des prix pour ceux qui se distingueraient en ce genre dans les jeux publics ; ainsi qu’on peut le conjecturer de quelques médailles grecques rapportées par Mercurial, et sur lesquelles on voit trois athlètes nus s’exerçant à la balle au devant d’une espèce de table qui soutient deux vases, de l’un des quels sortent trois palmes. Les Athéniens, entre autres, donnèrent un témoignage signalé de l’estime qu’ils faisaient de la sphéristique, en accordant le droit de bourgeoisie, et en érigeant des statues à un certain Aristonique Carystien, joueur de paume d’Alexandre le Grand, et qui excellait dans cet exercice.

Les balles à jouer, désignées par un mot grec signifiant sphères, globes, et s’appelant en latin pilae, étaient constituées de plusieurs pièces de peau souple et corroyée, ou d’autre étoffe, cousues ensemble en manière de sac que l’on remplissait tantôt de plume ou de laine, tantôt de farine, de graine de figuier, ou de sable. Ces diverses matières plus ou moins pressées et condensées, composaient des balles plus ou moins dures. Les molles étaient d’un usage d’autant plus fréquent, qu’elles étaient moins capables de blesser et de fatiguer les joueurs, qui les poussaient ordinairement avec le poing, ou la paume de la main. On donnait à ces balles différentes grosseurs ; il y en avait de petites, de moyennes, et de très grosses ; les unes étaient plus pesantes, les autres plus légères ; et ces différences dans la pesanteur et dans le volume de ces balles, ainsi que dans la manière de les pousser, établissaient diverses sortes de sphéristiques. Il ne paraît pas que les Anciens aient employé de balles de bois, ni qu’ils aient connu l’usage que nous en faisons pour jouer à la boule et au mail ; mais signalons qu’ils ont connu les balles de verre.

Harpaston

Harpaston

À l’égard des instruments qui servaient à pousser les balles, outre le poing et la paume de la main, on employait les pieds dans certains jeux ; quelquefois on se garnissait les poings de courroies qui faisaient plusieurs tours, et qui formaient une espèce de gantelet ou de brassard, surtout lorsqu’il était question de pousser des balles d’une grosseur ou d’une dureté extraordinaire. On trouve une preuve convaincante de cette coutume sur le revers d’une médaille de l’empereur Gordien III, rapportée par Mercurial, où l’on voit trois athlètes nus, ceints d’une espèce d’écharpe, lesquels soutiennent de leur main gauche une balle ou un ballon, qui paraît une fois plus gros que leur tête, et qu’ils semblent se mettre en devoir de frapper du poing de leur main droite armée d’une espèce de gantelet. Ces sortes de gantelets ou de brassards, tenaient lieu aux Anciens de raquettes et de battoirs qui, selon toute apparence, leur ont été absolument inconnus.

Les exercices de la sphéristique, qui étaient en grand nombre chez les Grecs, peuvent se rapporter à quatre principales espèces, dont les différences se tiraient de la grosseur et du poids des balles que l’on y employait. Il y avait donc l’exercice de la petite balle, celui de la grosse, celui du ballon et celui du corycus.

De ces quatre espèces de sphéristiques, celui de la petite balle était chez les Grecs le plus en usage, et celui qui avait le plus mérité l’approbation des médecins. Antyllus, dont Oribase nous a conservé des fragments considérables, et qui est l’auteur dont nous pouvons tirer plus d’éclaircissements sur cette matière, reconnaît trois différences dans cet exercice de la petite balle, non seulement par rapport à la diverse grosseur des balles dont on jouait ; mais aussi par rapport à la diverse manière de s’en servir.

Dans la première, où l’on employait les plus petites balles, les joueurs se tenaient assez près les uns des autres. Ils avaient le corps ferme et droit, et sans branler de leur place, ils s’envoyaient réciproquement les balles de main en main avec beaucoup de vitesse et de dextérité. Dans la seconde espèce, où l’on jouait avec des balles un peu plus grosses, les joueurs, quoique assez voisins les uns des autres, déployaient davantage les mouvements de leurs bras, qui se croisaient et se rencontraient souvent ; et ils s’élançaient çà et là pour attraper les balles, selon qu’elles bondissaient ou bricolaient différemment. Dans la troisième espèce, où l’on se servait de balles encore plus grosses, on jouait à une distance considérable, et les joueurs se partageaient en deux bandes, dont l’une se tenait ferme en son poste, et envoyait avec force et coup sur coup les balles de l’autre côté, où l’on se donnait tous les mouvements nécessaires pour les recevoir et les renvoyer.

On doit rapporter à l’exercice de la petite balle, dont on vient de décrire les trois espèces alléguées par Antyllus, trois autres sortes de jeux : aporrhaxis, ourania et harpaston. Le jeu nommé aporrhaxis, abrumpo, frango, et dont Pollux nous a conservé la description, consistait à jeter obliquement une balle contre terre, lui donnait occasion de rebondir une seconde fois vers l’autre côté d’où elle était renvoyée de la même manière et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un des joueurs manquât son coup, et l’on avait soin de compter les divers bonds de la balle.

Dans le jeu appelé ourania, l’un des joueurs se courbant en arrière, jetait en l’air une balle qu’un autre tâchait d’attraper en sautant avant qu’elle retombât à terre, et avant que lui-même se trouvât sur ses pieds ; ce qui demandait une grande justesse de la part de celui qui recevait cette balle, et qui devait pour sauter prendre précisément l’instant que la balle qui retombait pût être à la portée de sa main.

Pila paganica

Pila paganica

Quant à l’harpaston, son nom dérive de rapio, parce qu’on s’y arrachait la balle les uns aux autres. Pour y jouer, on se divisait en deux troupes, qui s’éloignaient également d’une ligne qui marquait de part et d’autre les limites du jeu. Ensuite, les joueurs de chaque côté, couraient vers la ligne du milieu, et chacun tâchait de se saisir de la balle, et de la jeter au delà de l’une des deux lignes qui marquaient le but, pendant que ceux du parti contraire faisaient tous leurs efforts pour défendre leur terrain, et pour envoyer la balle vers l’autre ligne. Cela causait une espèce de combat fort échauffé entre les joueurs qui s’arrachaient la balle, qui la chassaient du pied et de la main, en faisant diverses feintes, qui se poussaient les uns les autres, se donnaient des coups de poing, et se renversaient par terre. Enfin le gain de la partie était pour la troupe qui avait envoyé la balle au delà de cette ligne qui bornait le terrain des antagonistes. On voit par là que cet exercice tenait en quelque façon de la course, du saut, de la lutte et du pancrace.

L’exercice de la grosse balle était différent des précédents, non seulement à raison du volume des balles que l’on y employait, mais aussi par rapport à la situation des bras ; car dans les trois principales espèces de petite sphéristique, dont nous venons de parler, les joueurs tenaient toujours leurs mains plus basses que leurs épaule ; tandis que dans celle-ci, ces mêmes joueurs élevaient leurs mains au-dessus de leur tête, se dressant même sur la pointe du pied, et faisant divers sauts pour attraper les balles qui leur passaient par-dessus la tête. Cet exercice, comme l’on voit, devait être d’un fort grand mouvement, et d’autant plus pénible, qu’outre qu’on y mettait en œuvre toute la force des bras pour pousser des balles d’une grosseur considérable à une grande distance, les courses, les sauts, et les violentes contorsions que l’on s’y donnait, contribuaient encore à en augmenter la fatigue.

La troisième espèce de sphéristique connue des Grecs était l’exercice du ballon, ces ballons étaient vraisemblablement faits comme les nôtres, leur grosseur étant énorme, le jeu en étant difficile et fatigant.

L’exercice du corycus, qui constituait la quatrième espèce de sphéristique grecque, la seule dont Hippocrate ait parlé, consistait à suspendre au plancher d’une salle, par le moyen d’une corde, une espèce de sac que l’on remplissait de farine ou de graine de figuier pour les gens faibles, et de sable pour les robustes, et qui descendait jusqu’à la hauteur de la ceinture de ceux qui s’exerçaient. Ceux-ci pressant ce sac à deux mains, le portaient aussi loin que la corde pouvait s’étendre, après quoi lâchant ce sac ils le suivaient, et lorsqu’il revenait vers eux, ils se reculaient pour céder à la violence du choc ; ensuite, le reprenant à deux mains, ils le poussaient en avant de toutes leurs forces, et tâchaient malgré l’impétuosité qui le ramenait, de l’arrêter, soit en opposant les mains, soit en présentant la poitrine leurs mains étendues derrière le dos ; en sorte que pour peu qu’ils négligeassent de se tenir fermes, l’effort du sac qui revenait leur faisait quelquefois lâcher le pied, et les contraignait de reculer.

Il résultait selon les médecins, de ces différentes espèces de sphéristiques, divers avantages pour la santé. Ils croyaient que l’exercice de la grosse et de la petite balle était très propre à fortifier les bras, aussi bien que les muscles du dos et de la poitrine, à débarrasser la tête, à rendre l’épine du dos plus souple par les fréquentes inflexions, à affermir les jambes et les cuisses. Ils n’estimaient pas que le jeu de ballon fût d’une grande utilité, à cause de sa difficulté et des mouvements violents qu’il exigeait ; mais en général ils déconseillaient tous ces exercices à ceux qui étaient sujets aux vertiges, parce que les fréquents tournoiements de la tête et des yeux, nécessaires dans le sphéristique, ne pouvaient manquer d’irriter cette indisposition. Pour ce qui concerne l’exercice du corycus, ou de la balle suspendue, ils le jugeaient très convenable à la diminution du trop d’embonpoint, et à l’affermissement de tous les muscles du corps : se persuadant aussi que les secousses réitérées que la poitrine et le ventre recevaient du choc de cette balle, n’étaient pas inutiles pour maintenir la bonne constitution des viscères qui y sont renfermés. Arétée en conseillait l’usage aux lépreux ; mais on le défendait à ceux qui avaient la poitrine délicate.

Examinons maintenant ce que les Romains empruntèrent des Grecs par rapport à cet exercice, et ce qu’ils y ajoutèrent. On ne trouve dans l’antiquité romaine que quatre sortes de sphéristiques ; à savoir le ballon, appelé follis ; la balle, surnommée trigonalis ; la balle villageoise, pila paganica ; l’harpastum. Cœlius Aurélianus les désigne toutes par l’expression générale de sphaera italica, c’est-à-dire paume italienne. Le ballon était de deux espèces, de la grande et de la petite. On poussait les grands ballons avec le bras garni comme nous l’avons dit en parlant de celui des Grec. La petite espèce qui était le plus en usage, se poussait avec le poing, d’où elle recevait le nom de follis pugillaris ou pugilatorius. La légèreté de ce ballon le mettait le plus à la portée des personnes les moins robustes, tels que sont les enfants, les vieillards et les convalescents.

Harpastum

Harpastum

La paume appelée trigonalis, se jouait avec une petite balle nommée trigon, non pas de la figure qui était ronde et nullement triangulaire, mais du nombre des joueurs qui étaient ordinairement trois disposés en triangle, et qui se renvoyaient la balle, tantôt de la main droite, tantôt de la gauche, et celui qui manquait à la recevoir, la laissait tomber, perdait la partie. Il y a trois expressions latines qui ont rapport à ce jeu, et méritent d’être remarquées. On appelait raptim ludere, lorsque les joueurs faisaient en sorte de prendre la balle au premier bond. Datatim ludere se disait d’un joueur qui envoyait la balle à un autre, et qui accompagnait ce mouvement de diverses feintes pour tromper les joueurs. Enfin, expulsum ludere s’appliquait à l’action des joueurs qui se repoussaient les uns les autres pour attraper la balle, et la renvoyer.

La paume de village, appelée pila paganica, n’était pas tellement abandonnée aux paysans, qu’elle ne fût aussi reçue dans les gymnases et dans les thermes. Les balles qu’on employait dans cette sorte de paume étaient faites d’une peau remplie de plume bien foulée et bien entassée, ce qui donnait une dureté considérable à ces balles. Elles surpassaient en grosseur les balles trigones et les ballons romains. La dureté de ces balles jointe à leur volume en rendait le jeu plus difficile et plus fatigant.

La dernière espèce de sphéristique en usage chez les Romains et nommée harpastum, n’était en rien différente de l’harpaston des Grecs, de qui les Romains l’avaient empruntée ; ainsi, sans répéter ce qui a été dit, on remarquera seulement que l’on s’exerçait à ce jeu sur un terrain sablé, que la balle qui y servait était de la petite espèce, et que l’on y employait plutôt les mains que les pieds.

L’antiquité grecque et romaine ne nous fournit rien de plus, touchant les différentes espèces de sphéristiques ; mais on en découvre une tout à fait singulière qui est le jeu de balles de verre dans une ancienne inscription trouvée à Rome en 1591, sous le pontificat d’Innocent XI, et que l’on voit encore aujourd’hui attachée aux murs du Vatican : elle est le seul monument dont nous ayons connaissance, qui fasse mention du jeu de la balle de verre inconnu jusqu’au temps d’un Ursus Togatus mentionné dans l’inscription, lequel s’en dit l’inventeur. Il est difficile de deviner précisément en quoi consistait ce jeu, et il faut nécessairement, au défaut d’autorités sur ce point, hasarder quelques conjectures. Burette, dans une dissertation sur la sphéristique, insérée dans le recueil des mémoires de l’académie des Inscriptions, a de la peine à se persuader que les balles de verre qu’on employait fussent solides : car, dit-il, si l’on veut leur attribuer une grosseur proportionnée à celle de nos balles ordinaires, elles eussent été d’une pesanteur incommode et dangereuse pour les joueurs ; si on contraire on les suppose très petites, elles eussent donné trop peu de prise aux mains, et eussent échappé aux yeux.

Il y aurait donc lieu de croire que ces balles étaient autant de petites ballons de verre que les joueurs s’envoyaient les uns aux autres ; et l’adresse dans ce jeu consistait sans doute à faire en sorte que ces ballons fussent toujours soutenus en l’air par les diverses impulsions qu’ils recevaient des joueurs qui les frappaient de la paume de la main, et à empêcher qu’ils ne heurtassent contre les murs, ou qu’ils ne tombassent par terre, auquel cas ils ne manquaient guère de se briser. Ce qui achève de déterminer à cette opinion est un passage de Pline le naturaliste, qui emploie l’expression de pila vitrea dans une occasion où ce ne peut être qu’une boule de verre creuse et dont la traduction est la suivante : « Les boules de verre pleines d’eau, et exposées aux rayons du soleil, s’échauffent jusqu’au point de brûler les habits ».

 
 
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