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1er mars 1808 : création de la noblesse impériale

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1er mars 1808 : création de la noblesse impériale
Publié / Mis à jour le jeudi 1er avril 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Un jour Sieyès répondit au premier consul, qui lui demandait quand il croirait que tout serait fini : « Quand je verrai dans votre antichambre les anciens ducs et les anciens marquis. » S’il eût pu lire dans l’avenir, il aurait ajouté : « Mais tout recommencera, quand, peu content d’avoir soumis l’ancienne noblesse, vous aurez la fantaisie d’en créer une nouvelle. »

Deux décrets rendus le même jour organisèrent cette conception folle et fatale. Le premier, concernant les titres, accordait aux grands dignitaires de l’empire ceux de prince, d’altesse-sérénissime ; à leurs fils aînés, celui de duc de l’empire, et rétablissait en outre la hiérarchie des comtes, des barons, des chevaliers : le titre de marquis manquait à cette résurrection aristocratique, sans doute à cause du ridicule dont l’avait flétri la vieille comédie. Le second décret, concernant les majorats, déterminait les formes à suivre pour s’ennoblir soi et sa race. Sous l’ancien régime, en achetant une charge de secrétaire du roi, on se purgeait du vice originel de la roture (Ces charges étaient vulgairement appelées « savonnettes à vilain »). Comme si l’héritier de la Révolution française eût voulu réintégrer tous les abus qu’elle avait détruits, à côté des majorats de propre mouvement, il institua les majorats sur demande, c’est-à-dire qu’en présentant une requête, et en justifiant de quinze mille francs de rente, dont le tiers seulement restait affecté à la dotation du titre, le premier venu pouvait se faire délivrer des lettres de noblesse. Les lois de l’Empire sont toujours en vigueur ; aussi voyons-nous encore de temps en temps éclore des nobles sur requête.

C’est Cambacérès qui porta au Sénat la loi concernant les titres ; il l’appuya surtout de cet argument, que la nouvelle noblesse n’élevait pas de barrière entre elle et la nation, l’accès des rangs n’étant interdit à personne. Alors, était-ce réellement une noblesse ? Pouvait-on y voir autre chose que la puérile parodie d’une institution, dont la base a besoin de se perdre dans la nuit des siècles ? L’architrésorier Lebrun disait en sortant du Sénat : « On » ne fait pas des nobles comme on sème des champignons : c’est sur d’éclatants services rendus à son prince et à l’État que se fonde la vraie noblesse, et sur la succession de ces mêmes principes qu’elle se perpétue. »

Malgré cet exemple d’opposition, l’adresse que le Sénat vint déposer aux pieds du maître offre un modèle d’illusion volontaire et de servile flatterie : on y remarque les phrases suivantes : « La splendeur des familles, devenue la réflexion de quelques-uns des rayons émanés de votre couronne ; l’origine de leur illustration devenue contemporaine de votre gloire ; le passé, le présent et l’avenir, se rattachant à votre puissance, de même que dans les conceptions sublimes du plus grand poète de l’antiquité, le premier anneau des chaînes de la destinée était dans la main du plus puissant des dieux : tels sont, Sire, les résultats de l’institution à laquelle Votre Majesté vient de donner le mouvement ».

L’auteur des Considérations sur la Révolution française a bien jugé cet acte de la puissance impériale. Après avoir rappelé que le principe de la Révolution française était l’amour de l’égalité ; mais que, profitant des petitesses de l’amour propre, Napoléon rallia autour de lui les hommes de la révolution, en leur promettant les titres et les rangs dont ils avaient dépouillé les nobles : « Quelle bizarre idée ! s’écrie madame de Staël, et n’aurait-on pas cru qu’une nation, si propre à saisir les inconvenances, se serait livrée au rire inextinguible des dieux d’Homère, en voyant tous ces républicains masqués en ducs, en comtes, en barons, et s’essayant à l’étude des manières des grands seigneurs, comme on répète un rôle de comédie ? On faisait bien quelques chansons sur ces parvenus de toute espèce, rois et valets ; mais l’éclat des victoires, et la force du despotisme, ont tout fait passer, au moins pendant quelques années. Ces républicains, qu’on avait vus dédaigner les récompenses données par les monarques, n’avaient plus assez d’espace pour y placer les larges plaques allemandes, russes, italiennes dont on les avait affublés. Un ordre militaire, la Couronne-de-Fer ou la Légion-d’Honneur, pouvait être accepté par des guerriers, dont ces signes rappelaient les blessures et les exploits ; mais les rubans et les clefs de chambellan, mais tout cet appareil des cours convenait-il à des hommes qui avaient remué ciel et terre pour l’abolir ? Une caricature anglaise représente Bonaparte découpant le bonnet rouge pour en faire un grand cordon de la Légion-d’Honneur. Quelle parfaite image dé cette noblesse inventée par Bonaparte, et qui n’avait à se glorifier que de la faveur de son maître ! Les militaires français ne se sont plus considérés que comme des soldats d’un homme, après avoir été les défenseurs de la nation. Ah ! qu’ils étaient plus grands alors ! »

Après la chute du régime impérial, la noblesse qui en était issue trouva une garantie dans la Charte, dont l’article 71 s’exprime en ces termes : « La noblesse ancienne reprend ses titres : la noblesse nouvelle conserve les siens. Le roi fait des nobles à volonté : mais il ne leur accorde que des rangs et des honneurs, sans aucune exception des charges et devoirs de la société. »

 
 
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