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12 février 1690 : mort de Charles Le Brun

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12 février 1690 : mort de Charles Le Brun,
premier peintre de Louis XIV
Publié / Mis à jour le samedi 9 février 2013, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 4 mn
 

Si la France, moins heureuse que l’Italie sous les Médicis, n’a pas vu, dans le XVIIe siècle, la peinture et la sculpture rivaliser d’éclat avec l’éloquence et la poésie, il faut reconnaître cependant que ce siècle où s’éleva la colonnade du Louvre, où fleurirent Pujet et Girardon, Poussin, Eustache Lesueur et Claude le Lorrain, fut loin d’être déshérité du génie des arts. La gloire du célèbre auteur des Batailles d’Alexandre est d’appartenir par des titres incontestables, par les liens du sang, si l’on peut s’exprimer ainsi, à cette famille de rares talents.

Charles Le Brun

Charles Le Brun

Né à Paris en 1619, Charles Le Brun fut, dès l’âge de onze ans, placé dans l’école de Vouet, grâce à l’intérêt que ses dispositions naissantes avaient inspiré au chancelier Seguier. De rapides progrès justifièrent une si noble bienveillance. A vingt-trois ans, il partit pour l’Italie, où les bienfaits de son protecteur le suivirent encore. Par un bonheur dont il sut sentir tout le prix, à Rome, le jeune artiste fut l’hôte du Poussin. Ce grand maître, charmé de sa pénétration d’esprit, l’admit à son amitié, lui dévoila ces mystères savants qui sont le fruit d’une longue expérience et le complément nécessaire des dons les plus brillants de la nature. En 1648, Le Brun était de retour dans sa patrie.

Déjà plusieurs productions du pinceau de Le Brun avaient établi solidement sa réputation, lorsque le surintendant Fouquet le chargea d’exécuter les peintures de son château de Vaux, et se l’attacha par une pension de douze mille livres, avec promesse de lui payer séparément le prix de ses tableaux. Le cardinal Mazarin, qui aimait à venir le voir travailler, eut occasion d’apprécier tout son mérite, et le présenta à Louis XIV.

Dès lors la fortune de Le Brun ne connut plus de bornes. Il fut nommé premier peintre du roi et reçut des lettres de noblesse. A la recommandation de Colbert, il obtint la direction générale de tous les ouvrages d’ornements destinés pour la couronne, ainsi que de la manufacture des Gobelins, avec un traitement considérable. Après avoir contribué de tout son pouvoir à l’établissement de l’académie de peinture, il en devint successivement recteur, chancelier, directeur ; enfin, quoique absent, et malgré sa qualité d’étranger, il fut élu prince de l’académie de Saint-Luc à Rome.

Le crédit dont Le Brun jouissait à la cour le fit bien mériter des arts, en provoquant la création de l’académie de France à Rome. Cette belle institution date de 1666. Là, les élèves qui ont remporté les grands prix sont entretenus aux frais du gouvernement, et, dans un commerce intime et de tous les instants avec les merveilles du ciseau grec et des écoles d’Italie, puisent la science du peintre ou du statuaire aux sources les plus pures ; là, ils trouvent l’inspiration de ce ciel qui a vu naître tant de génies immortels, qui prêté encore à leurs chefs-d’œuvre la lumière de son brillant soleil ; là, nourris de souvenirs imposants, de la contemplation de monuments sublimes, et comme dans une perpétuelle émotion de gloire, les jeunes successeurs de Raphaël, de Michel-Ange, sentent en eux-mêmes le goût et l’enthousiasme des arts se développer avec une nouvelle puissance.

Les ouvrages qui ont signalé la carrière de Le Brun forment une suite considérable par leur nombre et leur importance. Il employa quatorze années à peindre la grande galerie de Versailles, où se trouvent représentés, sous d’ingénieuses allégories, les principaux événements du règne de Louis XIV jusqu’à la paix de Nimègue. Il exécuta, en concurrence avec Lesueur, les peintures de l’hôtel Lambert ; Colbert lui confia aussi celles de la chapelle et du pavillon de l’Aurore, dans son château de Sceaux, parmi les vingt-trois morceaux de Le Brun exposés aujourd’hui au Musée du Louvre, on distingue le Portrait de l’artiste, la Famille de Darius, qui est regardée comme son chef-d’œuvre ; Madeleine pénitente, la Vierge apprêtant le repas de l’enfant Jésus, et le Crucifix aux anges. Mais ce sont les Batailles d’Alexandre qui ont le plus servi à étendre la renommée de Le Brun. On sait que ces batailles ont été gravées par le célèbre Gérard Audran avec un talent qui a associé leur auteur au triomphe du peintre. Le Brun lui-même professait une admiration sentie pour ces estampes, et disait à Audran : « Mes tableaux ont gagné entre vos mains. »

Le Brun a joui pendant sa vie d’une réputation immense, d’une faveur sans limites ; mais le jugement des contemporains n’a pas été complètement ratifié. Sans doute cet artiste était doué d’une brillante imagination, d’une fécondité rare ; il s’est montré peintre vraiment savant, et d’une exactitude scrupuleuse à observer le costume. Ses Batailles d’Alexandre décèlent une grande force de conception. Il embrassait une multitude d’objets différents et joignait à ce mérite une facilité, une promptitude étonnante.

On raconte que lors de l’exécution de la Brinvilliers, il demanda au bourreau d’arrêter un moment la fatale charrette, sous prétexte d’une roue cassée : ce faible espace de temps suffit à Le Brun pour achever en quelques coups de crayon le portrait de la marquise, avec la première des qualités d’un pareil travail, une ressemblance parfaite. Cependant les ouvrages de Le Brun, trop empreints du style théâtral, laissent à désirer cette simplicité, ce naturel dont on déplore aussi l’absence dans beaucoup de chefs-d’œuvre littéraires du siècle où il a vécu.

On lui doit deux Traités, l’un sur la physionomie, l’autre sur l’expression des différents caractères des passions ; et toutefois, même sous le rapport de cette partie de l’art, ses tableaux n’échappent pas à la critique. Le plus grave des reproches qu’on adresse à cet artiste tombe sur son coloris, dont la faiblesse et l’uniformité ont fait regretter avec raison qu’il n’eût pas étudié, pendant son séjour en Italie, les grands maîtres de l’école vénitienne.

« Il était très bon dessinateur, dit le Dictionnaire de Watelet ; mais son dessin, loin d’être aussi élégant que celui de Raphael, aussi pur que celui du Dominiquin, est plus pesant et moins spirituel que celui d’Annibal Carrache, qu’il avait pris pour modèle Il n’eut pas la finesse, la profondeur, l’extrême justesse d’expression de Raphaël ; il ne peut même dans cette partie être comparé à Lesueur Il se plaisait aux grandes compositions ; il y mettait de la vie, du mouvement, de la variété, mais sans avoir la fougue, l’inspiration de Rubens. Ses compositions sont bien raisonnées ; mais celles de Rubens sont créées. Le Brun pensait bien ; Raphaël, Le Poussin, Lesueur pensaient plus profondément. Lebrun avait de l’élévation ; mais il ne s’est pas élevé comme Raphaël jusqu’au sublime. »

Lorsque Louvois succéda à Colbert, les ennemis de Le Brun, forts de la haine dans laquelle le nouveau surintendant des bâtiments royaux enveloppait tous les protégés de son prédécesseur, firent éprouver de cruelles mortifications au premier peintre du roi. Il est permis de croire que le chagrin qu’il en ressentit, et les désagréments qu’il essuyait toutes les fois qu’il reparaissait à la cour, l’ont conduit au tombeau. Mignard, qui refusa constamment de plier sous le joug de Le Brun, qui ne consentit à entrer à l’académie de peinture qu’après la mort de son antagoniste, se montra l’un des plus ardents à le poursuivre.

Malheureusement Le Brun n’avait que trop donné le droit de le traiter lui-même avec injustice et dureté. Il supportait impatiemment les succès de ses rivaux. Il se laissa aller contre Lesueur à tous les sentiments d’une jalousie condamnable. Mais si Lesueur, d’un caractère candide et simple comme La Fontaine, n’eut pas plus de part que le fabuliste aux bienfaits de Louis XIV ; s’il n’obtint pas de son temps les suffrages qui lui étaient dus, la postérité, plus équitable, et sans cesser de mettre Le Brun au nombre des premiers peintres français, accorde néanmoins la supériorité au sublime auteur de la Galerie des Chartreux.

 
 
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