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9 février 1450 : mort d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII

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9 février 1450 : mort d’Agnès Sorel,
favorite de Charles VII
Publié / Mis à jour le jeudi 18 mars 2010, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Les vers de François Ier à son sujet sont dans toutes les mémoires, et il était bien séant à ce roi, qui eut tant de maîtresses, de légitimer pour ainsi dire celle qui la première porta publiquement le titre de maîtresse d’un roi de France :

Gentille Agnès, plus d’honneur tu mérite,
La cause étant de France recouvrer,
Que ce que peut dedans un cloître ouvrer
Close nonnain, ou bien dévot ermite.

Agnès, née à Fromenteau (Touraine) ou à Coudun (Picardie) au milieu des années 1420, quoique fille d’un simple gentilhomme, reçut une éducation brillante pour cette époque d’ignorance et de grossièreté, et un heureux naturel perfectionnant ou corrigeant les enseignements de ses maîtres, orna son esprit de tant de grâces, que sa conversation la faisait regarder comme un prodige. Elle était fille d’honneur de la duchesse d’Anjou, et parut à la cour de France en 1431, dans toute la fleur de la jeunesse et de la beauté ; la duchesse était venue réclamer un mari ; la fille d’honneur trouva un amant

Agnès Sorel. Portrait datant du XVe siècle

Agnès Sorel. Portrait datant du XVe siècle

Charles VII, à qui La Hire reconnaissait le mérite de savoir perdre le plus gaiement du monde un royaume, prodigua les faveurs, l’argent et son temps, plus précieux que tout le reste, à la belle damoiselle de Fromenteau ; c’est à cette époque même que les Anglais instruisaient le procès de Jeanne d’Arc, et la brûlaient à Rouen. Aussi, lorsqu’on 1437 Agnès vint à Paris à la suite de la reine, elle fut accueillie par des murmures qui blessèrent son orgueil. « Les Parisiens, dit-elle, ne sont que vilains, et si j’avais su qu’ils ne m’eussent pas fait plus d’honneurs, je n’aurais jamais mis le pied dans leur ville. »

Nous voilà bien loin de ces illusions poétiques de François Ier, qui semble nous montrer Agnès Sorel faisant, pour sauver la France, au moins autant avec un sourire et une caresse, que la Pucelle avec sa lance et son épée. Les voluptés de Loches et de Chinon, au sein desquelles Charles VII oubliait que la moitié du royaume était encore aux mains des Anglais, les fêtes galantes dont Agnès était l’héroïne dans ces lieux de délices, n’ont rien de commun avec ces mâles exhortations, qui, en réveillant l’honneur de son amant efféminé, l’auraient rendue la libératrice du sol national. Sur quoi donc repose cette tradition si glorieuse pour sa mémoire ? Sur une anecdote, au moins douteuse, rapportée par Brantôme, qui, comme on sait, ne se piquait pas toujours d’un grand scrupule pour la fidélité de ses récits.

On prétend qu’Agnès ayant un jour, en présence du roi, consulté un astrologue sur sa destinée, le devin lui prédit qu’elle devait fixer longtemps le cœur d’un grand roi ; qu’aussitôt Agnès fait à Charles une profonde révérence, et lui demande la permission de se retirer à la cour du roi d’Angleterre, pour y remplir sa vocation : « Sire, aurait-elle dit, c’est lui sans doute que regarde la prédiction, puisque vous allez perdre votre couronne, et que bientôt Henri va la réunir à la sienne. Ces paroles, ajoute Brantôme, piquèrent si fort le cœur du roi, qu’il se mit à pleurer, et de là, prenant courage, quittant la chasse et ses jardins, il fit si bien par son bonheur et sa vaillance, qu’il chassa les Anglais de son royaume. »

Quelques solides raisons qu’on puisse alléguer contre la vérité de cette anecdote, il est possible cependant qu’Agnès, mue par les conseils des Dunois et des La Hire, et surtout par le désir de se rendre agréable à la reine, ait employé quelquefois son influence sur l’esprit de Charles VII pour le pousser à quelques résolutions nécessaires. Ce qui le ferait croire, c’est la bienveillance que la reine lui montra souvent au point de l’engager à revenir à la cour, dont elle s’était retirée en 1445.

En tout cas, si Agnès servait les intérêts de la France, elle ne négligeait pas les siens. Rarement une maîtresse de roi fut plus richement payée de ses services, dût-on les croire égaux à ceux des premiers capitaines. Le roi lui donna un château à Loches, le comté de Penthièvre en Bretagne, les seigneuries de La Roche-Servière et d’Issoudun en Berri, et le château de Beauté, situé sur les bords de la Marne, d’où elle prit le nom de dame de Beauté. C’est beaucoup ; mais pouvait-on faire moins pour elle, quand la famille de Jeanne d’Arc avait été exemptée de la taille ? Le dauphin (depuis Louis XI), jaloux sans doute du crédit d’Agnès sur l’esprit du roi, étendait jusqu’à elle la haine qu’il portait à son père. Il s’emportait, pour l’humilier, à des brutalités que de naïfs historiens (les frères Sainte-Marthe) appellent des promptitudes. Une de ces promptitudes fut un soufflet qu’il lui donna dans le château de Chinon.

Agnès mourut au Mesnil-sous-Jumièges (Normandie), où elle s’était rendue pour avertir le roi d’une conspiration tramée contre sa personne ; elle y fut attaquée d’une dysenterie qui l’enleva en six heures. On attribua cette mort subite au poison. Les soupçons publics se partagèrent entre Jacques Cœur, argentier (trésorier) du roi — Jacques Coeur fut lavé de tout soupçon — et le dauphin.

Un mot de Louis XI devenu roi, pourrait justifier cette hypothèse. Le corps d’Agnès Sorel avait été déposé au milieu du chœur de l’église collégiale du château de Loches, qu’elle avait enrichie de ses bienfaits. Les chanoines de cette ville, pour faire leur cour à Louis XI, joignant l’hypocrisie à l’ingratitude, supplièrent ce prince de faire enlever de leur église ce tombeau qui était à leurs yeux un objet de scandale. « J’y consens, répondit le malicieux Louis XI ; mais il faut rendre auparavant ce que vous avez reçu d’Agnès. »

 
 
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