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6 février 1806 : mort de la marquise de Montesson (Charlotte-Jeanne Béraud de La Haye de Riou)

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6 février 1806 : mort de la
marquise de Montesson (Charlotte-Jeanne
Béraud de La Haye de Riou)
Publié / Mis à jour le lundi 4 février 2013, par LA RÉDACTION
 
 
Temps de lecture estimé : 3 mn
 

Née en 1737 d’une famille distinguée, douée d’une figure charmante, mariée à seize ans au marquis de Montesson, dont l’âge n’avait aucun rapport avec le sien, veuve en 1769, cette femme, célèbre par des talents agréables et surtout par sa position sociale, était destinée à rappeler, dans le rang le plus voisin du trône, la fortune de madame de Maintenon.

Le petit-fils du Régent, prince qui jusqu’alors avait suivi les traces de son aïeul beaucoup plus que celles de son père, s’éprit pour madame de Montesson d’un sentiment très vif, auquel la marquise résista longtemps, même après son veuvage. En 1772, le duc d’Orléans lui offrit sa main, et le roi consentit à cette union (23 avril 1778), sous la condition qu’elle resterait secrète, autant que faire se pourrait ; c’est-à-dire tant que la naissance d’un enfant n’en rendrait pas la publicité officielle.

La marquise de Montesson

La marquise de Montesson

A compter de ce moment, madame de Montesson se trouva placée dans une de ces conditions toutes factices, dont la société semble créer exprès les difficultés, pour se donner le plaisir de les voir résoudre avec plus ou moins d’adresse. L’habileté avec laquelle madame de Montesson surmonta celles qui l’environnaient ne recueillit que des suffrages. Comme aucune circonstance ne vint la relever de son incognito de duchesse, elle fut obligée de renfermer jusqu’au bout un secret parfaitement connu de tout le monde.

Au surplus, le rare talent qu’elle déploya dans cette sorte de comédie, postérieure au mariage, ne doit pas étonner ceux qui l’ont vue, dans les Mémoires de madame de Genlis, en jouer une autre auparavant. Avec quelque réserve que l’on doive écouter les dépositions d’une nièce peu disposée à l’indulgence, cependant il est des faits que l’on peut croire, parce qu’il en est qu’on ne peut inventer : tel nous semble celui de la rôtie au vin, que nous rapporterons ici, d’après l’auteur d’Adèle et Théodore et du Théâtre d’éducation.

Pendant sa longue résistance aux vœux d’un prince du sang, madame de Montesson ne cherchait réellement qu’à en exciter l’ardeur : « Elle persuadait à M. le duc d’Orléans que son sentiment malheureux la privait également de sommeil et d’appétit ; elle ne dormait plus, ne mangeait plus. Il est certain qu’en présence de M. le duc d’Orléans elle faisait une diète rigoureuse ; mais elle s’en dédommageait en son absence. Il est vrai que chez elle, elle ne se mettait plus à table ; mais, sans lui servir des repas en règle, on lui apportait à manger cinq ou six fois par jour.

« Un soir que j’étais chez elle, et que nous n’attendions pas M. le duc d’Orléans, mademoiselle Legrand, sa femme de chambre, entra en tenant une grande écuelle de vermeil qui contenait une copieuse rôtie au vin. Ma tante, négligemment et d’un air dégoûté, prit l’écuelle sur ses genoux, et par un effort de raison, elle se mit à manger la rôtie, dont il ne restait plus que le tiers, lorsqu’on entendit un carrosse entrer dans la cour. Je me précipite à la fenêtre et j’annonce M. le duc d’Orléans. Aussitôt ma tante sonne avec précipitation. Mademoiselle Legrand se fait un peu attendre ; enfin elle arrive en disant que M. le duc d’Orléans la suit.

« Ma tante ne songe qu’à se débarrasser promptement des débris de la rôtie au vin ; elle ordonne avec vivacité de l’emporter ; ensuite, pensant qu’on va rencontrer M. le duc d’Orléans, elle rappelle mademoiselle Legrand, et lui dit avec véhémence de mettre la fatale écuelle avec son couvercle sous son lit. On obéit. Au même instant les deux battants de la porte s’ouvrent et M. le duc d’Orléans paraît. Il sentit l’odeur du vin, et ma tante convint qu’elle en avait pris une petite cuillerée. Son air exténué et languissant, durant cette visite, me donna plusieurs fois des envies de rire que j’eus de la peine à réprimer. Voilà à quel excès d’abaissement et de puérilité des desseins ambitieux peuvent conduire une personne d’esprit, lorsqu’elle croit que de tels moyens sont utiles à ses projets. »

Les mêmes mémoires racontent une foule d’autres scènes non moins piquantes : dans le nombre on distingue celle de la forêt de Villers-Cotterêts, où pour la première fois madame de Montesson inspira de l’amour au duc en l’appelant gros père, et celle de la lecture de Marianne, mauvais drame que l’auteur fit passer pour un chef-d’œuvre en engageant le duc à le prendre sous son nom. L’impression qui reste du livre de madame de Genlis, c’est que madame de Montesson était hypocrite, et qu’il n’y avait pas moins de charlatanisme dans ses talents que dans ses affections. Il faut en convenir, les biographies nous la représentent sous un tout autre aspect : peut-être n’est-ce qu’une preuve de plus à l’appui des révélations de sa nièce.

Tant que vécut le duc d’Orléans, les fêtes, les spectacles, dans lesquels madame de Montesson jouait presque toujours le double rôle d’auteur et d’actrice, les amusements de tout genre, se succédèrent à propos pour varier une existence trop heureuse. Ce prince mourut en 1785, et sa veuve eut beaucoup de peine à obtenir le paiement de son douaire, qui ne lui fut solde+ que par Napoléon. La révolution française n’eut point de danger pour elle : quelques souvenirs de bienfaisance la protégèrent. On se rappelait que dans le rude hiver de 1788 à 1789, madame de Montesson avait converti l’orangerie et les serres de son hôtel en ateliers de travail pour les indigents. Une phrase échappée par hasard ou mise à dessein dans une lettre à madame de Beauharnais lui assura la faveur du vainqueur de l’Italie et de l’Egypte : Vous ne devez jamais oublier, disait madame de Montesson à son amie, que vous êtes la femme d’un grand homme. Le premier consul et l’empereur n’oublièrent jamais celle qui avait si bien jugé le général.

Il n’aurait tenu qu’à nous de placer madame de Montesson dans la classe des gens de lettres ; car ses œuvres ont été imprimées en huit volumes in-8° : l’une des quatorze pièces qu’ils contiennent a été représentée au Théâtre-Français sous le titre de la Comtesse de Chazelles : mais la triste destinée de cet ouvrage a prouvé que l’auteur devait s’en tenir aux succès de société, qui du moins offrent en certitude ce qu’ils ne peuvent donner en éclat.

Madame de Montesson ne s’était pas bornée à la culture des lettres ; elle chantait et jouait de la harpe ; elle avait pris des leçons de peinture de Van Spaëndonck, des leçons de physique et de chimie de Berthollet et de Laplace. Dans l’arrangement assez ingénieux de sa vie entière, elle semble n’avoir omis qu’une chose essentielle ; c’est de gagner le cœur d’une nièce dont les indiscrétions devaient beaucoup lui nuire, en déclarant une guerre posthume à presque toutes ses prétentions.

 
 
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